4 ème lettre de SOLEJA en 2011 :
Antigua / Açores : Horta
sur l’île Faial.
Bonjour à
tous,
Un grand remerciement pour tous vos mails qui me
parviennent…Merci encore pour le plaisir que vous me procurez de vous lire !
Petit complément à la dernière lettre :
En une
centaine de jours, de Trinidad, au Sud, à Anguilla, au Nord, et retour vers
Antigua via Barbuda, mes derniers équipiers, Sol et Philoudemer ont parcouru
1500 milles et visité une trentaine d’îles de l’arc
antillais.
Dimanche 1er mai :
Antigua, Jolly Harbour.
Que le ciel
est sombre ce matin, un orage se précipite déjà, je vais le laisser passer avant
de lâcher la bouée. J’en profite pour téléphoner à la famille pour leur annoncer
mon départ.
Vers 7 H 30 je largue, je suis le chenal et à 8 H j’envoie la toile, G V à 1 ris et génois. Je passe les « Five Islands », avec 12 à 15 nds d’Est Soléja s’ébroue et file à plus de 6 nds. Par vent de travers, en passant la rade de St John, je largue le ris et Soléja prend les 7 nds.
8 H 30, je mets le cap à 35° sur « Diamond Channel » entre
« Diamond Bank et Salt Fish Tail », je veux passer par l’Est de Barbuda. Le vent
passe les 20 nds, je cherche un peu le passage, je ne vois pas les brisants
malgré la forte houle.
Là-bas,
un voilier semble en difficulté dans le Nord de Salt Fish, il ne semble pas se
déplacer. En ayant dépassé le Channel, je me rends compte qu’il établit ou
modifie
sa voilure, c’est une goélette grée en jonque, elle arrive
du
Nord Est d’Antigua et semble aller sur Barbuda. Le temps reste couvert, très
sombre.
Je suis au près serré à 35° du vent d’Est qui monte à 25, 30 nds, je prends un
ris dans la GV. Soléja passe bien, entre 7,5 et 8 nds, mais ça mouille, la vague
monte sur le pont jusqu’au roof, dur, dur. Je réduis le génois de quelques
tours. Je dois tenir encore trois, quatre heures comme ça, passer
la pointe Sud Est de Barbuda,
puis je pourrai abattre au près bon plein à 60° du vent pour une allure moins
dure.
11 H, je rentre pour voir la carte et je me rends compte
que de l’eau passe par les hublots avant, la soute et le cabinet de toilette.
Je serre les fermetures mais les
fuites
persistent, je dois me mettre au portant pour réparer, je ne peux plus garder ce
cap et prends la direction de la côte Ouest de Barbuda. Qu’il fait bon naviguer
à 120° du vent, tout devient si calme, le pont reste sec. Je renvois le
génois.
(17°20’80N-61°47’O).
A 11 H 30 je suis abrité de la houle derrière Barbuda, je
peux envisager une réparation de fortune, scotcher les hublots par l’extérieur
avec un
gros ruban imperméable, mais le ruban n’adhère pas sur
l’aluminium et le pont salé, même en lavant et séchant, je les colle avec un
mastic silicone et Sikaflex, ça tient, apparemment.…
Puis je tends une bâche par dessus en la liant par des bouts sur les taquets.
A 13 H je double notre mouillage de la
semaine précédente devant
l’hôtel, (17°38’N-61°54’O), le vent souffle à 25 nds et je file les 8 nds. 13 H
30 je passe la pointe N, je mets le cap à 10° au près. 15H 30, je prends un 2ème
ris, le vent monte entre 25 et 30 nds et la vitesse reste entre 7.5 et 8 nds.
Le temps maussade m’accompagne jusqu’au
soir, je n’ai pas de coucher de
soleil aujourd’hui. Le vent vient sur le Nord Est et mon cap est désormais plein
Nord
pour la nuit.
Lundi 2 mai :
La première nuit s’est bien passée, je ne me suis levé que 5
ou 6 fois, au petit matin je peux larguer un ris, Soléja file entre 6 et 7 nds.
A 8 H au point : (19°50’N-61°40’O), j’ai parcouru 170 milles
pour les premières 24 H.
Dans la matinée je lâche un peu de
génois, le vent revient autour de 20 nds. Le ciel reste couvert mais il n’y a
pas de menace de grain. Vers midi j’envoie toute la toile, le vent est à 15, 18
nds et je file à 6, 7nds au cap 15°. Dans l’après midi le vent de Nord Est
baisse sensiblement à 10, 20 nds, cap à 5°, la vitesse n’est plus que de 5 à 6
nds. 20 H 30 le vent vient au Nord, je vire bâbord amure, cap à l’Est. Cela dure 2 H il revient N E et je vire à nouveau, cap au 350°,
je dois appuyer avec Yan à 1200 tours.
Mardi 3 mai :
A 5 H même topo que la veille, je vire
de bord cap au 65°, vitesse réduite 4 à 5 nds, le vent est tombé. Le temps
persiste dans le gris foncé, je ne vois toujours pas le soleil. Midi, un grain
arrive et le vent monte à 15, 18 nds, cela anime un peu la journée. En soirée vers 18 H un second grain vient nous
arroser, le vent de N N-E monte à 25 nds puis redescend à 15. En fin de journée
il s’établit autour de 15, 18 nds et je prends un ris pour la nuit.
A partir de 20 H le vent monte
progressivement, 20, 22, à 23 H il est à 25 nds. J’ai un courant contraire d’au
moins 2 nds, ma vitesse n’est que de 5 à 6nds.
Mercredi 4 mai :
A 8 H j’ai
parcouru 444 milles dont 136 les dernières 24 H, je largue le ris de G V.
11 H, toc, toc, contre la coque ! Entrez ! Je vois une bouée
surmontée d’une antenne s’éloigner sur l’arrière, c’est elle qui a toqué à la
coque, probablement une bouée dérivante qui transmet des renseignements sur les
courants. Je prends la météo, et surprise, je reçois 12 mails en réponse à ma
brève de mer : merci les amis !
Je lâche le génois, le vent faiblit lentement. Et
pourtant, il reste 1700 milles. Le
soleil
est là, le ciel bleu, les nuages d’alizés,
je
ne les avais pas vus depuis la veille de mon départ, ça fait du bien au moral.
22 H le vent tombe complètement puis revient ½ H après, monte
à 30 nds , je dois réduire rapidement, je me mets au portant à 120° pour réduire
le génois puis la grand voile, je prends un ris.
23 H 45,
bip, bip, bip….,
un cargo, me signale l’AIS !
Le
« Sanko King », il va en Finlande, il va passer à quelques milles. Je retourne
me coucher.
Jeudi 5 mai :
8 H, j’ai parcouru 604 milles, il en
reste 1600. Le soleil brille, le ciel s’est peint d’un beau bleu azur, pour la
journée j’espère. Il fait bon. 9 H, les nuages arrivent par le Nord et la
température baisse à 26°, brrrr qu’il fait frais !
Le soleil revient vers midi, la mer devient un peu plus
agitée, le vent de N W monte à 16 nds et me permet de faire route à 50°, direct
sur les Açores, WOUAHOU !!!
Journée calme. A 19 H un super Tanker passe à 3 milles.
Vendredi 6 mai :
La nuit a été calme aussi, j’ai bien dormi, je ne me suis
levé que 4 fois, pas de navires de commerce. 160 milles parcourus ces dernières
24 H, 764 depuis Antigua,
il reste 1430 pour Flores ou 1587 pour Horta, j’aimerai bien aller à Flores,
mais cela dépendra des conditions météo, le port est orienté N E, donc si le vent persiste
dans cette direction, ce ne sera pas
possible.
Super beau temps ce matin, le soleil
brille de plus belle, la mer peu agitée ondule régulièrement sous la grande
houle de N E, le vent reste constant entre 12 et 18 nds, je peux tenir le cap
60°
sur les Açores : la vie est belle !!!
20 H le « Frio Olympie » passe à 2 milles. Dame lune montre
son premier quartier naissant, dans cette première partie de nuit, la mer brille
de ses reflets d’argent. Voilà bien longtemps que je n’avais vu ce spectacle
ravissant !
Samedi 7 mai :
Encore 160
milles abattus ces 24 H. Un vent de travers, N NW de 15, 20 nds, une mer très
agitée, la houle du vent se croisant avec celle de N E secoue Soléja qui file à
7,5 nds. Vers midi je dois prendre un ris, le vent monte à 20, 25 nds et je
croise un porte-container. Les conditions persistent jusqu’au soir et j’assiste
à un beau coucher de soleil aux couleurs pastel un peu froides. Je roule 3 tours
de génois pour la nuit et je vais me préparer un plat de Farfalles à la
carbonara.…
Dimanche 8 mai :
J’ai passé une bonne nuit, je me suis levé toute les trois
heures. Il fait 23° à l’intérieur ce matin. Le vent vient par le travers à 15
nds, je lâche le génois, toujours en route directe, à 6 nds. Et bientôt je
largue le ris de G V.
11 H 30, un
grain arrive, le vent monte à plus de 20 nds, je dois prendre un ris. Le grain
passe, je largue le ris et lâche le génois.
L’après midi le vent reste stable et le ciel partiellement couvert. Deux cargos
me dépassent à 10 et 12 milles. Dame lune me rend visite dès 19 H, il fait frais
et je sors la veste polaire et le bermuda.…
Au
lit, je mets la couette ce soir, car hier j’ai eu froid. Humm, qu’on est bien
là-dessous !…
Lundi 9 mai :
La première chose en me levant, je
téléphone à ma cousine pour lui souhaiter son anniversaire.
30°20’N-47°32’O : encore 145 milles ces 24 H, 1340
accumulés, il reste 1060 milles devant. J’ai encore reçu 10 mails, cela
encourage, comment vous dire ma gratitude mes amis ? MERCI !!!
Le vent de N N-E 10, 12 nds me met au
cap 70° à 5 nds par belle mer. A mi- matinée, il tombe, je dois rouler le génois
et appeler Yan à la rescousse à 1400 tours pour une vitesse d’à peine 5 nds. La
mer est belle, pas une vague sinon cette grande houle souple du N E. A 20 H Dame
Lune m’offre à nouveau son
spectacle
argenté sur une mer lisse jusqu’à 23 H où j’assiste à son coucher. Puis le
« Zarechenk » passe à proximité et je vais me coucher aussi.
Mardi 10 mai :
30°56’74
N-46°01’40W : 2H10, le moteur cale d’un coup ! J’ai du prendre un bout dans
l’hélice, pense-je. Je me lève et vais m’enquérir de l’événement muni de ma
lampe torche. Je vois une belle traînée verte sur l’arrière de Soléja. Un filet
de pêche ! J’ai pris un filet de pêche d’une quinzaine de mètres dans l’hélice !
J’en remonte un pan sur le pont avec la gaffe, le fils qui tresse les mailles
fait la taille de mon annulaire, le coupe orin de l’arbre d’hélice ne risque pas
de le trancher !…
Le pilote ne peut tenir le cap, je l’arrête et j’affale la
G V, je me laisse dériver et retourne me coucher jusque petit jour. 5 H 30 je
déjeune copieusement. A 6 H, le
cargo
« Zarechenk » passe pour San Cristobal, et moi je suis paré pour plonger. J’ai
préparé les couteaux sur la jupe, mais avant je descends voir les choses. J’ai
laissé une bouée sur l’arrière au bout d’une dizaine de mètres de filin et je
m’attache un bout assuré sur un taquet autour de la taille. Les dégâts ne
semblent pas trop graves, le moteur étant à bas régime, le filet n’est pas trop
tourné autour de l’arbre
d’hélice,
je n’aurai
peut-être pas besoin de trancher…
En quelques apnées, je réussi à libérer mon hélice de ce filet. Je pensais le
mettre sur le pont pour que d’autres
ne le prennent pas à leur tour, mais il est vraiment trop lourd et encombrant. Je suis contraint de le laisser partir à la
dérive…
Soléja a dérivé sur 3 milles vers le S S-E. Il est 7 H 30, je
peux à nouveau solliciter Yan et repartir.
8
H, seulement 100 milles parcourus ces dernières 24 H sur une mer parfaitement
lisse. J’en
profite pour transvaser 70 litres de fuel. Deux cargos se croisent au loin, un
voilier me rattrape à 8 nds, ce doit être un gros, je vois tout cela sur mon
AIS, je ne vois personne alentour pour l’instant.
16 H, Yan tourne à 1500 T, j’ai
le voilier « Koluka » par le travers, il me joint à la V H F, ils sont 4 à bord
et convoient le voilier en Méditerranée en passant par Horta, il me demande
combien nous sommes…,
ils sont étonnés de la composition de mon équipage…
Nous nous souhaitons mutuellement bonne route.
Vers 19 H,
un E S-E de 12 nds me permet d’envoyer
le génois, je laisse Yan à 1200 T pour la nuit.
Mercredi 11 mai :
1 H bip,
bip, bip…
Le cargo « Exploreur » file sur Brindisi, bonne route !
3/4 H plus
tard, c’est
le tanker « Cap Diamond » qui va à St John au Canada…
A 8
H j’ai
fait 130 milles de plus, j’en
suis à 1370, il reste 840 en ligne droite.
Beau temps, mer belle, le soleil brille, mais Eole ne
répond plus, il s’est
inscrit aux abonnés absents…
16
H, le cargo « Panonia » vient égayer ma journée, il poursuit vers Gibraltar. Le
soir je prends les fichiers grib de météo.
Jeudi 12 mai :
2 H, bip,
bip, bip, un cargo passe, je fais un tour d’horizon
et je me recouche…
7 H,
deux oiseaux me réveillent en piaillant pour me donner le bonjour. Ca sent l’approche
de la terre, depuis le départ je n’ai
rien vu, ni dauphin, ni oiseau, ce sont les premiers : soyez les bienvenus !
Le tanker « San Antonio » va à Rotterdam, il passe à 2
milles sur tribord. La route des
Antilles aux Açores se trouve sur celle de Gibraltar et sur celle du Nord de l’Europe,
c’est
le carrefour de l’Atlantique
Nord comme Ste Hélène l’est
pour l’Atlantique
Sud. 8 H, j’ai
encore fait 145 milles ces 24 H, soit un total de 1715 en 11 jours, il en reste
700. Le vent tombe, je roule le génois à mi matinée. Midi, 6 nds de N, j’envoie
le génois plus Yan à 1400 tours. Le « Nicolaos » passe pour Cienfuegos de Cuba
et Eole démissionne, je roule à nouveau le génois…
Calme plat, la mer devient un miroir, un troupeau de dauphins vient jouer autour
de Soléja, 5 restent plus d’une
heure devant l’étrave.
Le soleil plonge lentement dans l’onde
en un flamboiement de couleurs qui embrase le ciel et la mer. Ces couleurs de
feu vont perdurer bien après que l’astre
ait sombré dans les flots. Puis Dame Lune prend le relais pour une partie de la
nuit, c’est
à elle désormais de nous envoyer
sa lumière blafarde et ses mille reflets.
Vendredi 13 mai :
4
H je suis réveillé par le crissement des voiles, le génois est à contre, il a
fait lofer Soléja face au vent. Le vent a refusé et nous sommes en panne : G V
bordée et génois à contre, vitesse 1,5 nds…
Yan à 2000 T. et nous revenons sur la bonne amure pour repartir. Je règle le cap
en permanence entre 40 et 60°, le vent est très instable, il adonne, refuse,
faiblit, se renforce. 8 H il reste un peu plus de 550 milles avant Horta, vent d’Est
15 nds, cap à 30°, puis il tourne au N E, cap à 15°…
Les
atermoiements d’Eole
me font virer toutes les ½ pour chercher le meilleur cap, cela me réchauffe sous
ce ciel gris et un soleil à peine visible. Eole se réveille en début d’après
midi, d’E
S-E, monte à 20 nds, la mer s’agite
rapidement. Je prends 1 ris dans la G V. En début de soirée je roule trois tours
de génois dans un vent E S-E venant sur l’Est,
Soléja file à 6 nds au près serré en gîtant beaucoup, ça mouille…
Samedi 14mai :
Vers 3 H le
vent monte et passe les 25 nds avec surventes à 30. Le soleil me fait un timide
clin d’œil
puis se cache de nouveau. Encore 145 milles parcourus, mais je fais du Nord et
la distance restante diminue peu, il reste 420 milles pour Horta et je fais
route sur Flores plus au Nord…
Je
ne vois plus le soleil de la journée, il fait froid maintenant, je dois m’habiller
même la journée, sous vêtements techniques et 2 polaires, jeans et chaussettes.
Dame Lune n’arrive
pas à percer la couverture nuageuse, il fait sombre.
Dimanche 15 mai :
Cette nuit,
j’ai
mis une seconde couette et j’ai
mieux dormi. Ce matin il fait 16° à l’intérieur.
J’ai perdu 1° de température chaque jour et j’en
ai gagné un en latitude.
Le cargo « Northlander » passe, il va à Horta. J’ai
parcouru 2155 milles et je suis à 278 milles du but, mais je fais un cap à 45°
au près serré avec 23 à 25 nds de vent d’Est.
Durant la journée je vais suivre le vent pour serrer mon cap au plus juste pour
gagner sur Horta, le cap va varier de 15 à 60° dans une mer très agitée avec des vagues courtes qui font taper la
coque.
Lundi 16 mai :
A minuit
les voiles me réveillent, le génois s’est
mis à contre à nouveau, il faut manœuvrer
et virer pour reprendre le cap et la nouvelle amure. Je laisse Yan à 1300 T pour
suppléer au vent faible. Une heure plus tard j’entends
la mélodie de Yan faiblir, vite je me lève, Yan cale…
J’ouvre
le capot moteur, la poire d’amorçage
de carburant est toute plate : le fuel n’arrive
plus au moteur. Alors docteur ?
Les filtres
sont colmatés, je m’attendais
un peu à ce scénario lorsque j’ai
vu la couleur brune du carburant que j’ai
pris à Trinidad. Au travail, il faut purger le filtre décanteur. Je retire ¼ de
litre d’eau et je force le passage du fuel avec la poire d’amorçage
pour nettoyer le corps du filtre. Ca marche, je remonte le tout, je réamorce la
pompe…
Yan redémarre ! HOURRA !
Je peux
nettoyer, laver et me recoucher…
Non
pas encore, le vent tombe, revient au Nord Est et me met le cap au Nord, il
tourne à l’Est,
j’adapte
le cap…
3 H,
le paquebot « Maine of State » me passe pour Malte, trois dauphins viennent me
saluer et m’accompagnent
quelques dizaines de minutes. Le vent monte, je réduis le génois. Il faiblit, je
renvoie…
Je passe le reste de la nuit à manœuvrer
sans arrêt : les voiles, modifier le cap…
Le vent
change sans cesse en force de 12 à 23 et en direction. Je garde un ris dans la G
V, 2/3 de génois et Yan appuie à 1200 T pour tenir les 6 nds. L’AIS
détecte deux navires à 60 et 86 milles. Je fais un cap trop Nord, je suis à la
hauteur de Flores (39°21’N-32°13’W),
je vire cap sur l’île
Faial à 125°, au près serré, il est près de 10H. Dès la nuit je vois les
lumières de Flores dans le Nord. J’avance
face à la houle et la vague tape dur sur l’étrave.
Mardi 17 mai :
La nuit a été très pénible, face à la houle courte, bang,
et bang et bang, Soléja pioche
et pioche et pioche dans chaque vague, le bruit, les chocs ne m’ont
guère laissé de repos. L’AIS
a bipé trois fois cette nuit pour des cargos, à 3 H il fait déjà jour, à l’heure
d’Antigua.
A 6 H je suis le cap 110° avec 12 à 20 nds de vent.
A 8 H j’ai
parcouru 145 milles ces 24 H et je suis désormais à 50 milles du but !
Lorsque je suis sous le vent de l’île,
je peux serrer un peu plus le cap au 100° puis au 90°, la mer s’apaise
lentement, ça fait vraiment du bien un peu de calme.
A midi Bob le pilote se met lui aussi à biper, il ne veut
plus travailler, il en a marre, ça fait 15 jours qu’il
ne s’est
pas reposé. Un petit problème de connectique assez vite résolu et tout rentre
dans l’ordre.
J’accoste
au quai d’accueil
de la marina de Horta entre deux grosses unités, deux mariniers viennent me
prendre les amarres : c’est
sympa !
Il est 17 H 30 à ma montre, soit 20 H 30 heure locale. Je
mange un morceau puis
je vais prendre une bonne douche bien chaude dans les sanitaires de la marina.
Là je rencontre deux français qui sont venus acheter un voilier et le ramènent à
Argelès. Nous discutons un bon moment et il est déjà 1 H lorsque je me couche…
Je dors
jusqu’à
10 H sans rien entendre, ni le clapot contre le quai et la coque, ni les voisins
qui ont fait la fête jusqu’au
jour.
Position :
Horta sur l’île
Faial, archipel des Açores : 38°31’93
N
–
28°37’50W,
2500 milles parcourus en 16 jours et 9 H.
Ciao, ciao.
Jacques § Soléja
Position
actuelle à Ponta Delgada sur l’île
Sao Miguel : 37°44’32N
–
25°39’78
W