Vendredi 27 octobre :
Le ciel reste partiellement voilé, mais Dame Lune perce cependant de temps à
autre et nous apercevons quelques étoiles.
5 H 55, le ciel se dégage entièrement, la lune éclaire comme en plein jour et
ses compagnes les étoiles nous feront un festival toute la nuit. Les noctiluques
(phytoplancton devenant phosphorescent au passage de bateau ou de poissons
rapides) ne seront pas en reste et borderont le sillage de SOLEGA d'un feu
d'artifice de gerbes d'étincelles vert fluo.
Au petit matin nous découvrirons sur le pont, une petite sèche et un exocet
(poisson volant) un peu desséchés. 12 h 30, le vent de N. E. baisse, il n'est
plus qu'à 10, 15 nouds, nous avons parcouru 191 miles en 24 h, mais la moyenne
tombe vertigineusement.
En fin d'après midi de 16 h30 à 18 h 30, par vent de travers nous ressortirons «
BOUDU », notre spi asymétrique sauvé des eaux.
23 h 55 : 14° 43' 59 N - 21° 47' 99 O, ces dernières 12 H, nous sommes
redescendu à 68 miles parcourus.
Pas un nuage, sous la lune et les étoiles, la mer scintille de mille reflets
d'argent et les étoiles filantes s'en donnent à cour joie pour étourdir nos
vœux.
Samedi 28 octobre :
3 h : la vitesse tombe entre 4 et 6 nouds, nous croisons un cargo, la nuit
s'écoule lentement. 7 h 15, nous mettons les lignes à l'eau, un globicéphale
fait route
inverse en passant sur bâbord, une demie heure plus tard, c'est un pétrolier qui
le suit. Un nouvel exocet est venu atterrir en catastrophe sur le pont de Soleja.
Pierric nous le prépare pour le midi en amuse gueule, et sommes très
agréablement surpris du met.
10 H nous ressortons « BOUDU » jusqu'à midi, il va nous aider à aligner les 160
miles pour les dernières 24 h : 14° 47' 49 N - 23° 13' 46 O.
L'après midi le vent tombe définitivement et nous avons recours à notre fidèle
YAN.MAR.
Dimanche 29 octobre :
De nuit, nous approchons de l'île de FOGO, nous n'apercevons aucun des deux
phares, pourtant, nous sommes largement dans les limites et dans leur secteur,
mais rien. Nous devons nous rendre à l'évidence, ils ne fonctionnent pas.
L'équipage est au complet sur le pont, essayant de repérer le mouillage à l'aide de trois bonnes paires d'yeux.
Nous continuons de chercher le petit port, mais nous ne trouvons pas de feux.
Puis en approchant, lentement nous distinguons un petit cargo illuminé au
mouillage. Derrière lui, un peu plus loin, nous évitons la jetée non éclairée.
Le port sort peu à peu de la nuit, quelques maigres lueurs tentent d'éclairer le
quai, et au fond près de la plage, des campeurs font un feu. Celui-ci nous sera
fort utile pour apprécier les distances et mouiller à propos. Il ne nous faudra
pas moins de trois mouillages un peu « hard », l'espace est exigu, pour que
notre « BRAKE » croche dans un maigre filon de sable noir.
Nous restons un bon moment sur le pont, savourant cet instant privilégié de
l'arrivée, sirotant une dernière bière. La nuit sera particulièrement calme et
le réveil un peu échelonné
![]() Fogo Album photos |
A 10 h (heure
locale, nous venons de perdre une heure), après un petit déjeuner à bord
de Soleja, nous débarquons sur la plage pour explorer l'île. Pour ce
faire nous devons monter à la ville voisine de 4 km et ensuite prendre
un « aluger » ou un taxi afin de rejoindre le volcan à 36 km de là. Un jeune homme nous accompagne et nous explique tout cela, bénévolement bien sur ! La visite de la ville sera particulièrement rapide, nous sommes dimanche, donc tout est fermé ou presque. Il nous faut un peu d'escudos pour payer nos déplacements et quelques achats indispensables, donc trouver du change. La promenade dans la montagne se révélera magnifique, nous gravissons la route pavée, étroite et escarpée, notre chauffeur s'arrêtant lorsque nous voulons prendre des photos. Enfin nous voilà dans les coulées de lave, en arrière plan, l'énorme et majestueux dôme du dernier cratère ? |
La dernière éruption a eu lieux en 1995, fort
heureusement elle n'a pas fait de victime mais a détruit plus de la moitié du
vignoble et des cultures vivrières.
Sur cette route du bout du monde, traversant les coulées, nous croisons de temps
à autre un paysan conduisant son âne chargé de paille de maïs, ou des jeunes
filles portant leur énormes bassines de fruits ou légumes sur la tête. Mais ou
vont-ils dans ce « No man's land » ???
L'excursion se poursuit, nous traversons ces champs de lave sur plusieurs km
pour déboucher sur un groupe de maisons constituant le village de « la Caldera
», au centre de cet immense cratère. Nous traversons ce village à pied, notre
guide nous conduit vers une échoppe, tout au bout de la rue. Bien sur nous
allons déguster le vin élaboré sur les pentes du cratère, le fromage de chèvre
que nous rapporterons au bateau ainsi qu'un peu de café local plus une confiture
de goyave sur l'insistance de Pierric, qui se révèlera aussi banale que chère,
ah les jeunes !!! sic Patrick.
La visite terminée, nous décidons de rentrer déjeuner sur SOLEJA, il est 16h 45
lorsque nous relevons l'ancre. Nous mettons le cap sur l'île de São Vicente au
moteur et Grand voile, le temps du repas, puis envoyons le génois au près bon
plein.
Nous garderons le moteur presque toute la traversée à 1400 tours afin de
conserver une vitesse de 5 à 6 nouds.
Lundi 30 et mardi 31 octobre:
Nous apercevrons deux bateaux durant cette traversée de 130 miles et nous
arriverons à 14 h dans la baie de Mindelo : 16° 53' 39 N - 25° 01' 59 O
Surprise, une cinquantaine de voiliers sont au mouillage, tous ou presque
arborent un pavillon bleu sur leur mat. C'est la croisière des « îles du soleil
» qui fait escale une semaine à Mindelo. Ils font la transat par étapes, les
Canaries, le Cap-Vert, Salvador de Bahia, Belem, l'Amazonie, les Antilles.
Dur, dur pour trouver un emplacement ou planter notre pioche. L'après midi du
lundi et le lendemain seront mis à profit pour effectuer les derniers petits
travaux indispensables et la fin de l'avitaillement. Au programme : débouchage
très agréable des toilettes avant, changement de rivets de hale bas de bôme,
mise en place d'Aries, le régulateur d'allure et rangement du voilier. Il faut
également refaire les pleins de liquides en tout genres, eau, gasoil et bien
sure un peu de Rhum local, malheureusement les aubergines étaient trop chères
!!! 4 ? le kg!!! Eurk !!!
Nous profiterons de nos soirées pour aller dîner et déguster quelques bières au
Club Nautical de Mindelo, en front de mer devant le mouillage.
Mercredi 1er novembre :
Nous effectuons un dernier tour à terre, dépenser nos derniers escudos. Mais
aujourd'hui c'est la fête de la Toussaint et tout ou presque est fermé. Où
avions nous la tête ??? Certainement dans, l'éternité, les étoiles !!! Nous
trouvons tout de même quelques légumes et fruits, des piles et une
dernière bouteille de Grog... Plus rien à faire ici, l'océan nous appelle, une
petite brise souffle, 12 à 15 nouds.
12 h 30, nous remontons l'ancre et mettons le cap au 270° en direction d'un
nouveau continent : les AMERIQUES !!!