Lundi 26 février :
Départ de la marina à 6 H 30, avant l'ouverture des bureaux, nous devions partir
dans la nuit. Les esprits ne sont pas très clairs, fort heureusement, la baie
est tranquille et nous pouvons prendre le petit déjeuner en naviguant.
Matinée au moteur, avec un vent de face, faible tout d'abord, puis se renforçant
peu à peu, nous doublons le cap « South Négril Point », pointe ouest de la
Jamaïque vers midi, le vent tourne autour de l'île, il reste de face. Nous
mettons alors le cap au 210°, le vent de sud est de 18 à 20 nds nous met au
près. Nous marchons bien, 6,5 à 7 nds. En nous écartant de la côte, nous pouvons
serrer un peu plus le vent et revenir à 190°, puis 180°.
Le vent restant sud est nous contraint à garder l'option de notre route plein
sud, nous passerons donc au milieu des bancs d'écueils. Il y a de la place, 20
miles entre chacun d'eux, j'abandonne l'option du passage nord du grand Banco
Pedro.
A 18 H, le vent se renforce, ESE 20, 22 nds, nous prenons un ris et 3 tours dans
le génois, nous restons au près bon plein, 50, 60° du vent pour que l'allure
reste confortable, nous restons au dessus de 7 nds. 22 H, 23, 25 nds de vent,
je roule trois tours de génois.
Mardi 27 février : 0 H 30, je suis de quart avec Louis, la mer s'est encore un peu durcie, le pont avant est constamment sous l'eau et nous recevons pas mal d'embruns par les côtés de la capote. Dans la matinée, le vent faiblit un peu et je relâche quelques tours de génois, nous filons entre 7,5 et 8 nds. 14 h, 15° 32' 50 N - 79° W, la pression est descendue à 1014 HPS, nous sommes en pleine dépression, mais le moral reste au beau fixe. Je mets le cap au 240° pour contourner les hauts fonds Banco Pedro qui risque de nous lever une mer plus dure encore. 20 H, nous reprenons notre route sud, à 210°, le vent est remonté au dessus de 25 nds, il faut reprendre du génois pour la nuit, nous filons à plus de 8 nds. Mercredi 28 février : Jeudi 1er Mars : |
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Le fait de barrer demande une attention constante, surtout à la personne qui n'a
pas l'habitude, nous allons donc dévier de notre cap à plusieurs reprises et
nous retarder de quelques heures. Nous n'arriverons pas aujourd'hui aux San Blas,
il nous faudra passer la nuit au ralentit et attendre loin des côtes. Nous
mettrons à la cape, GV arrisée à 2 bandes, voile bordée à plat et barre à
contre. Nous progressons de 1,5, à 2 nds contre le vent d'est plus clément : 18
nds. Je demande à Guy de reprendre la route pendant son quart, vers 23 H pour
arriver aux lever du soleil vers l'est des premières îles de Cayos Hollandes.
Lorsque je reprends mon quart, nous sommes toujours à la cape. (Guy, le pire
rate des Caraïbes) note du webmestre.
J'envoie la GV et
le génois et nous voilà repartis. Nous entrons dans la passe est vers 10 H, nous
allons longer cet archipel par le sud : 9° 33' 80 N - 78° 39' W. Nous
mouillerons à Cayos Hollandes : 9° 35' 74 N 78° 46' 40 W, par 7 m sur fond de
sable.
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Aussitôt mouillé, nous avons la visite d'une pirogue cunnat, (c'est le nom du
peuple amérindien qui vit ici) elle arrive lentement, la mère pagaye, à
l'arrière ses trois filles l'accompagnent. Elles viennent nous proposer des «
mollas », ce sont des carrées de tissus brodés à la main, ils représentent des
motifs de leur vie : des poissons et des figurines simples. Le travail est bien
fait, elles ont aussi des perles tissées en bracelets, colliers. Emma discutent avec elles en espagnol, nous leur offrons un gros barracuda que nous avons pris au large, elles semblent contentes. Nous prenons le 1er bain depuis un mois, l'eau limpide nous revivifie, Louis et Emma partent jusqu'à la plage de sable blanc à la nage, ils veulent marcher un peu sur l'île. Plus tard, nous auront une autre visite de pirogue cunnat, des hommes cette fois-ci, ils nous demanderont si nous voulons des gambas. Deux heures après ils nous apporterons des langoustes, trois petites pour 5 $. Dans la soirée, un cata américain viendra mouiller à côté de nous. La nuit sera douce et réparatrice. |
Vendredi 2 mars :
Ce matin, au lever, Guy m' annoncé qu'il nous quitterait à Panama, cette
nouvelle ne m'a pas surpris du tout. Nous relevons l'ancre vers 10 H et nous
partons au sud ouest pour contourner Cayos Icacos par le sud et emprunter
l'étroit canal Eden. Je veux passer près de l'île Porvenir pour me rendre
compte, c'est un village dans lequel il est possible de faire les formalités
d'entrée à Panama.
Vers midi nous contournons l'île de Porvenir et sans nous arrêter, nous
slalomons entre les cayes vers le NW, le passage est très étroit, un équipier
reste à l'étrave et surveille les écueils, Louis vérifie le cap sur
l'ordinateur, toute l'équipe reste sur la qui-vive jusqu'à ce que nous soyons
sorti du passage. Ensuite nous partons sur l'ouest en direction de la anse de
Pedro Pelada ou nous avons décidé de passer la nuit. Nous longeons une côte
rocheuse et escarpée sur 20 miles, des massifs montagneux constituent l'arrière
pays.
Album photos: Cuba--> San Blas
Nous arrivons vers 17 H, un petit village de pêcheur se niche au fond de la
baie, des maisons aux couleurs vives s'alignent au bord de l'eau. Nous mouillons
auprès s'autres voiliers, derrière l'île qui protège l'entrée de la anse et nous
partons à la découverte du village. Il fait déjà nuit lorsque nous attachons
l'annexe au ponton du club nautique local. Le village se trouve à ½ Km de là,
nous marchons sur une route peu éclairée, heureusement, les véhicules sont peu
nombreux à cette heure.
Le soir, tous le monde joue ou discute dans les ruelles du village et la «
cantina » regorge de monde. Il faut dire qu'elle possède un billard, alors,
c'est vraiment l'attraction.
Après notre tour, nous revenons à la « cantina »
pour boire un pot, la cerveja est à ½ $, pourquoi se priver ???
Finalement nous décidons de manger sur place, poulet ou porc grillé et patatas
fritas pour 3 $.
Nous rentrons à bord vers minuit, satisfaits de notre journée.
Samedi 3 mars : Ce matin, Guy me demande de rejoindre la ville de Colon le plus vite possible, il désire quitter le bord au plus tôt. Ceci contrarie très fortement mon projet, je voulait passer l'après midi et la soirée dans le merveilleux port chargé d'histoire de Porto Bello. Nous nous contenterons de virer au fond de la baie et nous repartons pour la ville de Colon à l'entrée du canal. Nous trouvons une place à couple à la marina, le voilier Aspara nous accepte à ses côtés. Nous faisons connaissance d'Adrien et de Claire qui sont partis depuis 6 ans et font le même parcours que moi, vers la Polynésie, ils sont hauts savoyards et habitent Evian. Notre précipitation n'aura servi à rein, ici, tout est fermé à partir du vendredi 16 H, il faut attendre lundi pour faire les formalités d'entrée au pays. Nous en profitons pour faire connaissance avec nos voisins. |
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Dimanche 4 mars :
Attente.
Le voilier Cheeca Bey arrive et se met sur notre bâbord, Jean Jacques et Kathy
sont connus de tous, ils sont dans les Antilles depuis un an, ont fait escale
avec Aspara à Cartagena en Colombie et nous les avons rencontré à deux reprises
: dans les cayes Breton à Cuba, puis au port de Cienfuegos.
Le pavillon tricolore flotte sur plusieurs bateaux français dans la marina et à
la terrasse du bar une table sur trois parle le français.
Lundi 5 mars :
La journée va être consacrée aux formalités. Guy est de plus en plus pressé, il
voudrait que tout soit fait tout de suite, nous allons donc immédiatement à
l'immigration du port, nous y sommes à l'ouverture, à 8 H, avant les
fonctionnaires. La première étape franchie, nous devons aller au bureau de
l'immigration de la ville de Colon, ici, ils ne peuvent encaisser la redevance.
Taxi, nous partons tous les 4 cette fois-ci, et nous rentrerons à 3 vers midi,
Guy nous a quitté dès qu'il a pu pour l'aéroport de Panama. Dans l'après midi,
Aspara s'en va, il passe le canal ce soir, un autre voilier prend sa place,
Carpe Diem un cata « privilège 42 ». A son bord, Gino et Aline, lui est sicilien
la quarantaine bien mure, elle rémoise, la petite trentaine, aussi sympathique
que mignonne. Cette fois, nous avons tous nos papiers et nous devons aller payer
le passage à la City banque. Nous nous mettons en marche tous les trois pour
effectuer cette démarche. Nous arrivons à la city banque à 15 h 35, pas de
chance, les banques ferment à 15 H 30 à Colon city. Il faudra revenir demain
matin.
Mardi 6 mars :
BANQUE en tout premier lieu, avant quoi que se soit. Après le paiement du
passage, il faut téléphoner le soir après 18 H pour connaître le jour de notre
passage, puis à nouveau rappeler la veille pour avoir confirmation de la date et
de l'heure.
Courses, lessives, bière au bar, nous trouvons plein d'activités très ludiques
pour nous occuper. A 18 H, nous sommes devant l'appareil, c'est Emma qui va
appeler, elle fera aussi pour Cheeca Bey et pour Jean Michel qui manie l'anglais
un peu comme moi.
Ce soir, au bar, Emma et Louis me présente un jeune belge israélien qui veut
s'embarquer pour le passage du canal et traverser jusqu'aux Galápagos, je lui
donnerai ma réponse définitive demain. Notre passage se ferait lundi et mardi,
l'attente ne sera pas trop longue.
Mercredi 7 mars :
A peu près le même emploi du temps très surchargé. En début d'après midi,
Salvatore vient me voir, il sait que je serais seul pour traverser sur les
Marquises et Tahiti, (radio ponton fonctionne à merveille), le parcours
l'intéresse, c'est à peu près le seul qu'il n'ait pas fait. Il est skipper
professionnel en Italie en été et il voyage tout le reste de l'année en bateau
stop. Il a un parcours très impressionnant, il a rencontré la plus part des
coureurs océanique.
Nous discutons longtemps, il voudrait embarquer le plus vite possible, il sera
donc à bord dès demain.
Jeudi 8 mars : Aujourd'hui, j'accompagne Tara Mea pour son passage du canal, J'ai fait la connaissance de Xavier et de Sylvie lorsqu'ils venaient faire leurs courses et passaient tout près de nous avec leur annexe. Toute l'équipe aide Adrien à préparer Tara Mea pour la grande aventure. Il faut 4 équipiers pour tenir les 4 amarres de 40 m chacune, un à chaque taquet, plus le capitaine qui ne quitte pas la barre. Le pilote du port, un par bateau, lui donnera ses consignes à chacun d'entre nous. L'équipe se trouve à bord dès 15 H, nous plaçons les 10 pneus emballés dans des sacs plastique sur le pourtour du liston et nous ajoutons les défenses du bord. Ainsi paré, Tara Mea et son équipage attend l'arrivée du pilote prévue pour 18 H. A 17 H 30, Xavier, un ancien militaire piaffe d'impatience, il démarre son moteur, relève son ancre et nous commençons à faire des ronds dans l'eau. Chacun guette l'arrivée éventuelle de la pilotine salvatrice. |
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L'attente se prolonge, 18 h 30, 19 h, 19 h 30, nous sommes 4 bateaux à tourner
en rond dans l'entrée du canal en surveillant le passage incessant des énormes
cargos et autres pétroliers.
Il est environ 20 H 30 lorsqu'une pilotine se dirige droit sur nous en nous
braquant son énorme projecteur en pleine face. L'embarcation manœuvre, elle
reste à un bon mètre de notre bord et le pilote saute sur notre pont. Nous
l'accueillons avec soulagement, il faut dire que quelques fois il leur arrive
d'oublier un bateau, il faut donc attendre quelques jours de plus. Nous voilà
paris en direction de l'entrée des écluses, nous avançons au ralenti, nous avons
¾ d'H pour faire 2 miles. Nous allons passer à 3 voiliers à couple, avant
d'entrer dans l'écluse, il faut que les 3embarcations s'amarrent ensemble. Deux
traversiers et
deux gardes sont nécessaires et nous protégeons les flancs au maximum. Pendant
notre amarrage, un cargo et remorqueur passent tout près de nous et mettent
notre voisin en travers. L'abordage est évité de justesse, que d'émotions ma
brave dame.
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Nous avançons maintenant tous les trois comme un seul bateau, nous entrons dans la première chambre. Les lanceurs nous envoient leur touline, nous attrapons le mince filin et chacun lui lie son amarre. Celle-ci sera capelée sur une énorme bite, tout au sommet du quai à une douzaine de mètres. Chacun de nous devra raidir ou mollir la tension en fonction de la position des embarcations dans l'écluse. L'eau commence à pénétrer dans la chambre, d'énormes tourbillons poussent, tirent les trois bateaux comme de vulgaires feuilles mortes dans un torrent en crue. Chaque pilote donne ses consignes au capitaine du bateau sur lequel il se trouve, et l'un des trois supervise l'ensemble. A mesure que l'eau monte, nous devons reprendre les amarres, cela dure une petite ½ heure, puis une sonnerie de gare retentit et les portes de l'écluse s'ouvrent, le cargo devant nous met en avant au ralenti, heureusement pour nous car il nous envoie un courant qui nous met quasiment en travers. Nous sortons de cette première écluse et pénétrons dans la seconde, nous effectuerons les mêmes manouvres, ainsi que dans la troisième. |
Vers minuit, nous sommes sur le lac
artificiel du milieu du canal. Nous allons nous amarrer sur une grosse tonne
prévue à cet effet. Nous sommes trois voiliers sur la même tonne. Nous pouvons
maintenant prendre un petit punch avant de passer à table. Après la quiche de
début de soirée, Sylvie nous a préparé un bourguignon
accompagné de tagliatelles et une brioche en dessert. Il fait très doux sur le
lac et je vais dormir dans le cockpit avec une petite couverture polaire.
Vendredi 9 mars :
Lever 6 H, s'est très dur, il me faut deux cafés bien tassés pour me remettre en
forme. Notre nouveau pilote arrive à 7 H. Nous partons sur le lac, 5 H de
moteur pour rejoindre la 1ère écluse de descente. Cette fois ci, le travail aux
amarres sera inverse, au lieu de reprendre, il faudra relâcher du bout.
Aujourd'hui, dans l'écluse, pas de cargo, mais un petit remorqueur, une vedette
privée, un bateau mouche et ses touristes, plus deux séries de voiliers.
Vers midi nous sommes du côté pacifique et nous rejoignons la marina de Panama
pour débarquer.
Le bus nous ramène vers Colon en 2 H 30.