Escale aux Seychelles
Mardi 14 avril :
Hier en fin d'après midi, je suis venu faire connaissance avec
le yacht club de
Victoria. J'ai rencontré Cathy, Thierry et leurs deux enfants, ils m'ont
très vite informé des dernières nouvelles et us et coutumes des lieux.
Aujourd'hui je termine mes formalités et je dois préparer Soléja pour la visite
des îles : Mon frère Hubert et ma sour Michèle arrivent demain matin par le vol
Air France de 7 H 30 pour une dizaine de jours.
Dans la soirée je rencontre tous les « voileux » installés pour quelques temps
aux Seychelles : sur Ilang, Patrice, Marielle et leurs deux enfants viennent de
Mayotte et démarrent leur T D M, Jean-Yves et sa famille sur Erias renflouent
leur caisse de bord et travaillent ici quelque temps. La discussion revient très
rapidement sur les derniers événements de piraterie dans le sud indien. Les
pirates somaliens poussent leurs activités en direction des Seychelles et du
canal du Mozambique.
Mercredi 15 avril :
J'ai à peine le temps de ranger un peu l'intérieur que mes nouveaux équipiers
arrivent, il est 9 H 30.
La visite du yacht club, l'installation à bord et l'échange de petits cadeaux
(un livre sur l'histoire de Cusy, une Péclette et un Rully blanc.) nous occupent
le reste de la matinée.
Après le déjeuner, un petit papotage et nous partons faire un tour de ville. La
place de l'Indépendance, la maison de l'Indépendance puis nous longeons le
boulevard de l'Indépendance, débouchons sur le rond point de la tour de
l'horloge, à droite, la cathédrale, puis à gauche, nous voilà dans le marché de
Victoria. Un peu plus loin se dresse le monumental temple hindou avec sa
multitude de statues polychromes.
Nous faisons le tour du quartier puis nous passons au supermarché pour
l'avitaillement de la semaine.
Et il est déjà l'heure de la bière vespérale.
Jeudi 16 avril :
Ce matin je laisse mes équipiers se charger des derniers achats et je m'occupe
des derniers pleins des réservoirs. Il faut bidonner ici : il n'y a pas la
possibilité d'accoster pour l'eau ou le carburant autre qu'au port de pêche
entre deux chalutiers. Donc je fais des rotations l'annexe remplie de jerricans.
Nous prenons le temps de déjeuner puis levons l'ancre pour La Digue, une île du
Nord Est à une petite trentaine de milles. Dès la sortie du vieux port de
Victoria la petite brise d'Est Sud Est me permet d'envoyer la toile. Nous
laissons l'île aux Cerfs sur tribord et embouquons le chenal de l'île Ste Anne,
au près, au cap 30°.
Mon nouvel équipage, pour qui c'est le baptême de voile, tombe immédiatement
sous le charme de Soléja qui nous emmène à 5, 6 nds, poussé par ce souffle léger
sur une mer quasiment plate, le silence uniquement rompu par le doux clapotis de
la vague d'étrave.
Déjà, les îles Mahé et Ste Anne s'éloignent et nous avons presque l'impression
d'être en pleine mer, là-bas, loin devant sur l'horizon se dessinent les îles
Praslin et la Digue.
La brise ne maintenant pas ses promesses, je dois solliciter Yan pour ne pas
arriver de nuit.
Lorsque nous arrivons dans le petit port abri de la Digue, (4°20'71 S-55°49'65
E), le vent a tourné et fait entrer la mer juste dans l'axe de la crique. Ce
clapot se trouve bien mal venu pour la première nuit en mer de mon équipage, je
décide donc de traverser et de nous mettre à l'abri de l'île Praslin derrière
l'île Ronde. Il faut faire vite, la nuit ne va tarder de tomber, Yan ronfle un
peu plus fort qu'à l'accoutumée et nous traverse à 7 nds.
Dans 4 m d'eau turquoise je laisse choir mon ancre Brake. Pas un mouvement,
Soléja se repose parfaitement immobile. Dans l'obscurité montante, nous écoutons
la petite houle courir et se fracasser sur le récif séparant les îles Ronde de
Pralin. Nous ne sommes pas seuls, un gros « motor yacht » de 25 m. tire sur sa
chaîne un peu plus loin.
(4°20'23 S-55°47'33 E).
Vendredi 17 avril :
Bain dans l'eau transparente, petit déj, de gros poissons plats à rayures grises
et à nageoires pectorales jaune vif arrivent de toutes part en quête de
quelques miettes de repas. Ils sont presque apprivoisés, ils savent que personne
ne leur veut de mal.
Dans l'après midi nous partons pour Curieuse, l'île aux tortues géantes.
Nous délaissons la baie de la Raie encombrée de catas de charter et allons
mouiller à quelques encablures entre anse Papaye et Grande Anse par 10 m de fond
de sable. Un autre voilier vient mouiller à proximité pour la nuit. (4°20'23
S-55°44'414 E).
Samedi 18 avril :
Ce matin nous revenons mouiller dans anse de la Raie et débarquons en annexe sur
la plage de sable fin. D'énormes monolithes érodés par les éléments et le temps
se dressent de chaque côté de cette langue de sable blanc. (4°17'205 S-55°43'953
E)
En arrière dans une grande clairière engazonnée nous apercevons
de grosses
pierres noires. Bientôt certaines de ces pierres se déplacent lentement, mais,
bien sûr !... Ce sont les tortues !
Elles ont été réintroduites dans l'île après en avoir été exterminées par les
navigateurs au
XVII
et
XVIII
ème siècle : ils les embarquaient vivantes comme
réserve de viande fraîche. Cette espèce provient d'un prélèvement de la
population endémique de l'île d'Aldabra, où elles ont subsisté en nombre
important. 450 tortues déambulent sur l'île en toute liberté, elles portent
toutes un numéro rivé à leur carapace et sont sous la surveillance des gardes du
« Marine National Park ». Adélaïde, la plus vieille aurait 110 ans et mesure
plus d'1 m de haut.
Sur l'île Curieuse pousse une variété de coco très spéciale appelée coco de mer
ou coco fesse. Egalement protégée, cette espèce très particulière a également
failli disparaître au XX ème siècle.
Un sentier nous conduit en une petite heure à l'anse José où subsistent les
ruines d'une ancienne léproserie construite en 1833. La maison du docteur a été
rénovée et transformée en musée racontant l'histoire de l'île et des Seychelles.
Dimanche 19 avril :
Nous repartons vers Pralin, La Anse Petite Cour, Poséidon, José, passons la
Pointe Chevalier et entrons dans
Anse Lazio
déjà bien encombrée de quelques
catas de charter. La plupart d'entre eux repartiront avant le coucher du soleil
pour rejoindre un ponton plus sécurisant.
Nous ne sommes plus que deux voiliers pour admirer le soleil rougeoyant plonger
lentement dans
l'océan empourpré.
Lundi 20 avril :
Nous allons visiter Grande Anse au sud de Pralin mais nous ne pouvons pas
rester, la houle entre jusqu'au fond de la anse. Nous revenons sur l'île Mahé.
Nous laissons les îles Cousin et Cousine sur tribord, les mamelles sur bâbord.
Nous passons les récifs des trompeuses, les blanchisseuses, puis nous doublons
la Pointe Nord pour arriver dans Anse Beauvallon, sans nous arrêter, nous
allons mouiller sur la côte Ouest dans Port Launay bien mieux abrité. En plein
dans le parc national maritime, ce havre de paix nous enchante véritablement.
Mardi 21 avril :
Nous levons l'ancre après un bain et la visite des gardes du parc. Nous laissons
les îles Conception puis Thérèse sur tribord, passons l'île aux Vaches, Anse
Boileau et venons terminer notre étape dans la Anse de la Mouche, une très belle
petite baie, tranquille. Les grands hôtels de luxe bien intégrés dans le relief
et la végétation bordent très discrètement toute cette côte ouest.
Mercredi 22 avril :
C'est notre dernier bord vers le sud, nous passons successivement les Pointes
Lazare, Police et celle du Sud avant de mettre du Nord dans notre cap.
Anse Royale, la pointe du Sel et bientôt le passage du Cerf, puis sur bâbord
arrive Eden Island qui abrite maintenant de luxueuses marinas.
La rade de Victoria nous ouvre son embouchure et nous avons bouclé notre
périple.
Jeudi 23 avril :
Je reste à bord pendant que mes équipiers parcourent marchés et boutiques de
Victoria en quête de souvenirs.
Vendredi 24 avril :
Hubert et Michèle débarquent de Soléja à 6 H pour reprendre l'avion du retour.
J'ai été très heureux d'accueillir mon frère et ma sour à mon bord durant une
dizaine de jours et de leur offrir leur première croisière en voilier. Nous
avons échangé nos souvenirs d'enfance comme nous n'avions jamais pu le faire.
Ma nièce Cathy et sa fille Mélissa embarquent à 9 H.
Ma nièce connaissant mes points faibles me sort de sa valise une bouteille de
Ménetou blanc et un
château
Dauzac.
Quelle nièce tout de même, quelle
gentillesse !!!
Durant cette nouvelle semaine nous allons refaire en grande partie la croisière
précédente.
Mélissa se régale de sauter dans l'eau de la jupe arrière de Soléja pour donner
à manger aux gros poissons plats rayés qui viennent quémander leur pitance. Elle
s'émerveille de voir ces tortues géantes si paisibles, elle les caresse, leur
gratte le cou.
C'est un grand plaisir pour moi de la voir si radieuse et jouer de tout !
La semaine passe à toute vitesse et les voilà déjà reparties.
Vendredi 1er mai :
Me revoilà seul à bord de mon Soléja après trois semaines d'une cure de famille.
De retour au yacht club, on ne parle que de
piraterie, de somaliens de bateaux
mère. Il ne faut absolument pas sortir des eaux territoriales des Seychelles.
Et moi qui pensais filer sur Maurice dès le début de semaine.
Lundi 4 mai :
Ce soir, réunion de tous les plaisanciers voulant quitter Mahé dans un bref
délai.
Nous sommes un quarantaine, moitié anglophones et moitié francophones.
Dominique, le capitaine du yacht Amandla II, à l'initiative de ce rassemblement
prend la parole.
Il y a deux jours, avec Fantch, skipper du yacht Sea Selor, ils sont partis à
deux bateaux pour Phuket. Les trawlers au cap 45° avaient parcouru 150 miles
lorsqu'ils ont été contactés par la marine nationale française leur conseillant
de faire demi tour. Le « falcon » de surveillance de l'armée française avait
repéré des navires suspects sur leur route. Ils ont donc fait demi tour. Deux
voiliers n'ayant pu être contactés par radio sont tombés dans le piège des
pirates somaliens.
A ce jour, selon les sources les mieux informées, les pirates auraient placé des
bateaux mère aux quatre points cardinaux des Seychelles. Nous nous trouvons dans
une situation de quasi blocus. Les discussions et questionnements vont bon train
tant en anglais qu'en français et Dominique à l'aise dans les deux langues
traduit et répond à tous.
Trois options se dégagent, ceux qui veulent rejoindre le Cap ou Mayotte par le
canal de Mozambique, ceux qui veulent aller à Madagascar (Diégo Suarez) et la
Réunion et ceux qui veulent passer par Maurice. Tous pensent que leur option
reste la meilleure et ne veulent pas en démordre.
Une logique s'impose pourtant, seule la voie Sud Est semble possible car la
moins exposée à la flotte pirate qui encercle l'archipel.
En fin de soirée, une dizaine de bateaux semble accepter l'éventualité de
demander une escorte militaire payante sur cet itinéraire au cap 130°, les
autres refusent catégoriquement le fait de délier leur bourse.
Nous allons nous rencontrer en comité restreint chaque matin de la semaine pour
faire le point de la situation.
Le nombre de bateaux participant s'amenuise de jour en jour.
Le jeudi soir, Dominique m'annonce que le convoie est annulé faute de
participants.
Vendredi matin j'ai décidé de partir, je fais mes formalités de départ et je
pense quitter les Seychelles samedi en fin d'après midi.
Vendredi soir au yacht club, Dominique m'annonce que si je suis toujours
partant, nous sommes quatre unités et le convoi peut quitter les Seychelles
lundi. J'accepte de les attendre deux jours.
Je vais planter ma pioche tout près de leur marina dans Eden lagon, (4°38'563
S-55°28'615 E).
Dimanche soir Dominique et son équipage, (Sophie son épouse, Léo leur fils et
Michèle leur amie) nous organisent un plantureux apéritif dînatoire
copieusement arrosé à bord de Sea Selor.
Nous voilà parés pour le départ !
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