Soléja dans le Sud de l'océan indien : Maurice, Réunion, Madagascar.

Hier, Solange est arrivée avec plein de cadeaux de la famille et des amis : Livres, bouteilles de grands vins, logiciels et tant d'autres. De
tout coeur, je vous remercie tous individuellement.
Bien installés en centre ville de Port Louis, nous profitons des commodités du port pour visiter la ville. Derrière le très moderne front de mer, s'étend la ville traditionnelle, beaucoup moins rutilante. Nous prenons plaisir à faire nos courses au marché des halls du centre ville très riche en couleurs et où fourmillent chalands et fournisseurs. On trouve tout, fruits, légumes, épices et à l'étage, les fabrications artisanales et les plats cuisinés : quels régals !
Les échoppes de toutes sortes de marchandises occupent les rues environnantes et les trottoirs se couvrent d'une multitudes de petits commerces éphémères : lunettes de soleil, vêtements, chaussures.
Rachid, notre chauffeur de taxi présenté par Yves, amoureux de son île, nous propose d'en faire le tour, un programme de plusieurs jours. Il nous sert également de guide et nous fait le grand jeux : le tour de Port Louis, la citadelle Adélaïde qui domine la ville, « le Lourde » mauricien et sa vierge sur le coteau, l'hippodrome, le temple tamoul.
Puis c'est le nord avec le jardin botanique de Pamplemousse qui abrite plus de 600 espèces avec entre autre ses nénuphars géants. L'aventure du sucre nous séduit particulièrement. Une ancienne usine sucrière transformée en musée, nous suivons un itinéraire pédagogique qui nous raconte toute l'histoire de ce fabuleux produit, de l'importation de la canne à sa transformation, les différentes qualités de sucre. Un guide arrive de temps en temps, à bon escient pour appuyer sur un bouton et faire démarrer une très ancienne machine ici ou là. Pour clore cette première tournée, nous passons par les belles plages au fond de ravissantes baies :
Balaclava, Tombeau baie.
Nous traversons le plateau central avec la ville de Curepipe, son hôtel de ville de style colonial et ses statues de Paul et Virginie, Moka où nous visitons la maison créole « Euréka » qui a appartenu à la famille Le Clésio durant six générations, maintenant transformée en musée.
Nous descendons vers le Sud Ouest en nous arrêtant à « Trou aux Cerfs » , un volcan éteint, la mare aux Vacoas : une grande retenue d'eau, Grand Bassin avec son temple hindou et sa statue géante de Bouddha (65% de la population de Maurice est hindou).
Soudain du haut d'une falaise nous débouchons sur le lagon, la roche de Morne Brabant et l'île aux Bénitiers alors que le soleil décline déjà sur l'horizon.
Nous rentrons par la route du bord de mer en passant par le port de Grand Rivière Noire.
Un autre jour, nous parcourons la campagne, les coteaux, la canne à sucre est partout, elle représente 70% des cultures. Puis sur les coteaux dusud, la culture du thé subsiste et nous visitons la dernière usine de traitement des feuilles et nous dégustons une demi douzaine de préparations différentes au domaine de « Bois Chéri ».
Sur la côte ouest, nous passons par Souillac, son souffleur et son pont naturel, la charmante Blue Baie, Mahebourg l'indienne et son immense lagon et nous remontons vers  la anse « Currat », « Trou d'Eau Douce » et les belles plages avant de rentrer par Flic en Flac,  de belles images plein les yeux.
Ce matin, 8 H Rachid arrive au bateau avec un petit cadeau : « Le dohl puri » (dall pourri) pour le petit déjeuner, de goûteuses crêpes
indiennes de farine de lentilles jaunes nappées de légumes pimentés, un vrai régal !
Le dimanche, une surprise nous attend sur le front de mer de Port Louis : une fête chinoise. Nous assistons au défilé de dragons, un spectacle de nombreuses danses chinoises et une course de pirogues dans le port.
Cela occupe toute notre matinée.

La seconde semaine, nous larguons les amarres pour faire le tour de l'île. Notre première étape nous emmène en une vingtaine de milles de navigation tranquille à Grand Rivière Noire. A peine l'ancre tombée dans 4 m d'eau, un orage d'une rare violence s'abat sur Soléja. La luminosité diminue fortement et bientôt la nuit arrive alors qu'il tombe toujours des cataractes. Nos amis Yves et Josette ne nous verrons pas ce soir, nous ne pouvons pas quitter le bord sous ce déluge !
Le lendemain nous faisons le tour du lagon Sud Ouest et laissons l'Ilot Bénitier et le Morne Brabant sur bâbord avant de tourner la pointe Sud Ouest, passer devant «
Blue Baie » et rejoindre l'entrée du lagon de Mahebourg. Celui-ci s'annonce de loin par l'écume d'un très large platier, la mer déferle sur ses récifs. La passe dessine une partie bleue plus calme dans cette mousse blanche. J'y engage Soléja au moteur, voiles pliées. Dès que nous avons passé le récif extérieur, la mer devient plate et nous avançons entre les deux récifs qui forment la chicane du chenal. Avec moult précautions, nous cherchons les balises qui devraient nous indiquer la voie pour revenir sur Mahebourg. Celles qui subsistent sont en piteux état et nous avançons dans ce labyrinthe en suivant notre trace sur la carte de notre PC, avec l'aide du sondeur.
 Bientôt nous mouillons dans 3 m d'eau sur fond de vase, mais nous sommes à plus d'1 mille de la ville ! Ce soir nous n'avons pas envie de descendre.
Nous repartons en remontant le lagon en direction de Vieux Grand Port, puis de Grand Port le premier port historique de Maurice. Aujourd'hui, il ne reste plus qu'un très antique ponton écroulé attestant de l'activité passée du lieu. Nous évitons la pointe du diable sur bâbord et sortons vers le large par la passe du Nord Est. Le vent d'Est Sud Est monte et je peux envoyer toute la toile, nous sommes au près bon plein avec une petite houle de Sud Est.
Bientôt nous pouvons abattre vers le nord, l'île Flat et l'îlot Gabriel. Dommage, nous ne pouvons pas pénétrer dans le minuscule lagon qui les sépare, les catas de charter encombre la totalité de l'espace. Je me rabats sur la baie Palissade, mais nous ne pouvons pas mouiller, la mer rentre, nous mettons cap au Sud vers Grand Baie au Nord Est de la grande île. Nous cherchons une place parmi la centaine de bateaux déjà installés et nous mouillons par 5 M d'eau non loin du ponton d'embarquement. Toutes les embarcations de charters rentrent les unes derrière les autres et déversent leurs clients. Nous sommes dans une station touristique, le premier site de navigation de Maurice.
Nous restons quelques jours dans cette charmante petite ville avec sa rue de commerce « de luxe » et ses quartiers plus authentiques.
En redescendant la côte Ouest, nous faisons une halte à Balaclava, une très jolie petite baie bordée d'une belle plage de sable fin et d'hôtels de luxe. Là, Solange a une grosse frayeur, la chaîne de l'ancre se met à se dévider à toute vitesse sans vouloir s'arrêter. Le guindeau devient fou !!!
Le lendemain matin, impossible de relever l'ancre, le moteur du guindeau tourne dans le vide et n'entraîne plus la chaîne. Allez ! Allez, mon Jackot,
fais toi les biscotos !
Tire et tire sur la chaîne ! Oh que c'est lourd ! Et c'est encore plus lourd lorsque l'ancre de 25 Kg pend au bout !!!
Nous rentrons sur Port Louis lentement en profitant de cette dernière étape à Maurice. Maintenant, il va falloir démonter, trouver la cause de la panne et réparer. Je vais être contraint d'appeler à l'aide, je ne peux pas démonter les pignons de la partie mécanique.
La fin de semaine approchant à grands pas, la réparation ne se fera que lundi ou mardi. Cela nous permet de profiter un peu plus de la capitale mauricienne, de revoir notre guide et désormais ami Rachid, de parcourir l'« Aapravasi Ghat » à « Trou Fanfaron » le quai de débarquement des «coolies trade », ces ouvriers recrutés parmi la population la plus pauvre d'Inde et importés par les anglais pour palier à la fin de l'esclavage et de la main-d'œuvre gratuite.

Album Photos : île Maurice


Mardi 9 juin :
Ce matin, tout étant en ordre, nous pouvons préparer le départ vers la Réunion.
A 13 H 30 nous faisons les formalités de sortie et à 14 H 30 nous larguons définitivement les amarres du quai de Port Louis.
Dès la sotie, je mets le cap au 250° et nous suivons la côte avec l'aide de Yan, Eole nous faisant défaut.
15 H, un petit souffle, j'envoie la GV, puis quelques minutes plus tard, je déroule le génois. De Sud Est, le vent passe à l'E S E en se renforçant, 10, 12, puis 15 nds, nous filons nos 7 nds tranquillement en admirant l'île qui défile sur notre bâbord. Les pitons inaccessibles du nord se découpent fièrement sur l'azur du ciel dégagé, les grandes taches vert tendre des champs de canne à sucre adoucissent les coteaux autour de Currepipe et Moka, les falaises du Sud Ouest en rougissent de tomber dans l'outremer de l'onde sombre. Bientôt c'est le sombre Morne Brabant, les pieds dans son lagon qui nous salue et nous prenons le large, la belle Maurice s'éloigne lentement. Sa protection disparaît et le vent monte, 18, 20, puis 25 nds, la houle se creuse, plus de 2 m, Soleja accélère : 8, 9 nds.
La nuit nous enveloppe lentement tandis que les lumières des villes s'estompent et que les conditions météo se durcissent.
A nouveau, la houle de Sud vient croiser celle du vent de S E et rend la mer très creuse. Les rafales dépassent les 30 et 35 nds et font décrocher le safran dans la forte houle et Soléja fait des embardés au lof qui font beaucoup travailler le pilote.
Dès les premières heures du matin, nous apercevons des lueurs sur la proue qui nous posent questions. Au fur et à mesure que nous avançons, cela se confirme, ce sont déjà les lumières de la Réunion.
Nous avons une nuit sportive, le vent se maintient entre 25 et 35 nds et la houle ne faiblit pas, nous avançons vite.
Au petit jour nous apercevons l'île de la Réunion, majestueuse, massive et imposante, vue du large. De curieuses pyramides claires se dessinent, partant de la côte à l'assaut des cimes montagneuses. Qu'est ce que ce phénomène ?
En nous approchant, nous reconnaissons les zones urbanisées, séparées par de profondes ravines qui descendent des sommets élevés.
A 7 H, nous doublons St Denis et la Pointe des Jardins.
Nous avons parcouru 125 milles en 17 H : soit 7,35 nds de moyenne. Nous pouvons lever le pied, le vent et la mer se calment à l'abri derrière les hautes falaises de la côte Nord.
Nous poursuivons vers la pointe des Galets que nous tournons pour nous présenter à l'entrée du port. Un cargo manœuvre justement à l'aide de deux remorqueurs et nous patientons derrière.
Appel à la VHF, le port de commerce répond, mais le port de plaisance reste muet !
Je pointe l'étrave de Soléja, personne, à la capitainerie, personne apparemment. Je vire dans le port, cherche une place. J'accoste à côté
du poste de carburant en attendant. Tout de suite des passants nous aident à l'amarrage et très vite, Jean Claude me propose de m'emmener à la capitainerie pour faire mon entrée en France !
Ensuite je cherche une place dans le port, devant la pénurie,  nous choisissons de nous mettre à couple d'un « voilier ventouse » en acier.
Tient, derrière se trouve « Ouma », le voilier de Maryse et Jean que j'ai rencontré en Polynésie, en Nelle Zélande et à Nouméa ! Cela est de bon augure !!! Nous voilà bien installés à la
Réunion !