Vendredi 12 janvier 2007 Gustavia : 17° 54' 21 N - 62° 51-31 W
Alors que nous nous apprêtons à remonter l'ancre, un agent de la capitainerie
nous aborde avec sa vedette et nous demande de passer au bureau afin d'accomplir
les formalités d'entée et de sortie du territoire ??? Sommes nous dans un
département français ou quoi ??? Encore en France ??? .
Nous essayerons d'accoster au ponton de la capitainerie, mais en vain, deux
énormes yachts de plus de 50 m ont entrepris leur manœuvre de sortie, ils
encombrent la totalité de l'espace et ceci pour un bon moment. Las d'attendre,
nous partirons sans formalités. C'est sans aucun regret que nous quittons le
port de Gustavia sur l'île de St Barthélemy. Cette petite ville entièrement
tournée vers le tourisme du super luxe nous a paru sans grand intérêt,
contrairement à et ses plages de sable blanc quasi désertes, bordées de palmiers
et blotties au fond de petites anses.
Aujourd'hui la navigation prévue ne sera pas trop éprouvante, nous devons
rejoindre St Martin, notre dernière étape des Antilles françaises. Grand beau
temps, ciel bleu, nous partons sous génois seul, par vent d'est nord est de 12 à
20 nœuds et nous laissons SOLEJA filer les 5 puis 7 nds au cap300°.
Vers 12 h 30 nous passons la partie néerlandaise de l'île en laissant la ville
de Phillisbourg au fond de Goot Baai sur tribord, puis défile Simson Baai.
Lorsque nous contournons la péninsule des Terres Basses, nous roulons le génois,
car nous allons prendre le vent de face pour entrer dans la baie du Marigot.
C'est alors que nous essuyons un fort grain qui dure une bonne vingtaine de
minutes et nous masque le passage de la pointe Plum. Le rideau de pluie va se
dissiper juste pour nous laisser entrevoir les falaises de la pointe Bluff avant
l'entrée dans la baie du Marigot. Nous choisissons de mouiller derrière la
marina de Fort Louis, dans une zone très abritée et toute proche du débarcadère.
Nous sommes une bonne soixantaine de plaisanciers juste devant la ville et ses
marchés, aux poissons, aux légumes, aux vêtements, aux souvenirs. Aux premiers
contacts, cette ville plus vivante et plus contrastée semble plus
attractive, les visites suivantes le confirmeront.
Nous allons mettre à profit les prochains jours pour effectuer quelques achats
et entretiens dont SOLEJA a très grand besoin : réparer la barre de flèche
bâbord, changer les feux de mat, revoir la chasse d'eau du wc avant qui fuit
depuis le dernier démontage. faire les lessives. Tout comme St Barthélemy, St
Martin est un port franc, donc pas de douanes, tout achat se fait en hors taxe,
mais les prix sont majorés d'autant.
En arrivant le vendredi, il ne nous faudra pas moins de 6 jours pour mener à
bien le minimum des tâches fixées.
Lors de notre traversée de Guadeloupe vers Antigua, nous avons été contactés au
téléphone par un jeune homme qui veut se rendre à Cuba. Il a entendu que nous
partions sur St Domingue. Lui-même partait le même jour sur Tortola puis St
Martin. Nous avions donc convenu de nous rencontrer à St Martin afin d'échanger
nos programmes. Nous avons accepté d'embarquer Paolo 26 ans jusqu'à Cuba : il
rêve de devenir skipper professionnel et effectue le maximum de ses déplacements
en bateau.
Baie du Marigot :
Position : 18° 04' 03 N - 63° 05' 28 W, 24 Miles parcourus, vent maxi 28 nds,
vitesse maxi 7,8 nds.
Jeudi 18 janvier :
Solange et Paolo, notre nouvel équipier complètent l'avitaillement au super
marché voisin, nous remplissons les réservoirs d'eau douce, la réparation de la
barre de flèche est terminée à 12 h 30, la facture payée à 14 h 25, nous passons
le pont levant du lagon à 14 h 35, faisons le plein de gasoil et repartons au
mouillage attendre la nuit pour partir vers Tortola. Nous avons décidé de faire
cette étape de nuit. Le soir, nous laissons passer deux grains importants avant
d'appareiller vers 9 h 30. Nous slalomons entre nos confrères de toutes
nationalités au mouillage, passons l'entrée du port et nous voilà dans la baie.
L'envoie de la toile s'effectue rapidement, un ris, 3 tours
de génois et nous voilà partis à 7 nds avec un vent de d'E N E de 20 à 25 nds
par le travers. En sortant de l'influence de l'île nous recevons des rafales
fréquentes à 30 nds et plus. Nous apercevons longtemps les lumières de l'île de
Anguilla qui fait partie des îles vierges britanniques.
La nuit se passe sans événement particulier, comme la mer est agitée, nous
rencontrons peu de bateaux. Vers 8 H 30 nous franchissons Round Rock Passage,
l'un des détroits du sud de l'île Tortola, entre Ginger Island et Round Rock de
Virgin Gorda. A 9 H 0, nous jetons l'ancre dans East End Bay.
Position : 18° 26' 29 N - 63° 33' 27 W, 80 miles en surface, 90 sur le fond,
Vent maxi 33 nds, vitesse maxi 8, 8 nds.
Le vent souffle et provoque un fort courant dans cette charmante baie bordée
d'un petit village et de quelques hôtels, aussi, après un bon bain nous libérant
des fatigues de la nuit et un bon repas, nous repartons vers la capitale de
Tortola. Nous tournons la pointe de Buck Island et mettons le cap sur l'entrée
de Road Harbour. Nous empruntons le chenal balisé, sur bâbord se trouvent les
autorités, du port, de police et d'immigration, nous allons les ignorer toutes
les trois. Dans l'entrée nous croisons dame tortue, dignement endimanchée dans
sa grande carapace vernie de près d'un mètre de diamètre, elle nous salue à
plusieurs reprises avant de plonger. Cette fois ci, Sol a pu actionner son
appareil et nous avons des clichés. Sur tribord le port de commerce côtoie un
joli mouillage bien abrité, au fond de la baie on trouve une marina dans un beau
cadre de palmiers et cocotiers, une partie est entièrement réservée à un loueur
de voilier international et l'autre réservée aux bateaux de passage.
Nous prenons notre temps pour faire le tour de ce superbe coin, puis nous
repartons, sous génois seul en direction de Norman Island en laissant Peter
Island sur bâbord. Nous contournons The Indiens et The Pelican et pénétrons dans
The Bight Bay. Dans cette magnifique réserve naturelle, interdiction de
mouiller, nous nous amarrons à un corps mort prévu à cet effet, parmi une
centaine de voiliers de passage. Le lieu est superbe, sauvage et bien préservé,
les corps morts protègent les fonds marins. Bain du soir, repas du soir sont
pris dans un calme quasi absolu malgré le nombre des bateaux.
Bien que ventée la
nuit a été très calme, nous avons observé le ciel magnifiquement étoilé, sans
pollution lumineuse.
Position : 18° 18' 90 N - 64° 37' 03 W.
Vendredi 19 janvier :
Ce matin nous ne sommes pas pressés, selon nos calculs nous ne devons pas partir
avant le début d'après midi pour ne pas arriver de nuit à St Domingue.
Et bien non, nous n'irons pas à Puerto Rico, ni aux îles vièrges US, ces îles
étant sous le gouvernement américain, il faut absolument être en possession du
nouveau passeport exigé par le gouvernement US et le visa, sinon on vous met
illico en cabane, avec confiscation du bateau, comme des malfrats, ou comme à
Guantanamo, sans aucune preuve de délit même supposé.
Ici tout le monde est d'abord coupable.
Donc, en début d'après midi, nous embouquons le Flanagan Passage, entre les îles
vierges UK et les vierges US. Nous passons St John, St Thomas, Les Vieques vers
23 h. Nous sommes vent arrière ou grand largue sous génois seul à 5 nds.
Samedi 20 janvier :
3 h 30 nous arrivons au sud est de Puerto Rico, nous avons peu de vent et de
temps à autres nous devons demander le secours de Yan pour maintenir nos 5,5 nds.
Fort heureusement le courant favorable de 0, 3 et 0,7 nds nous pousse à l'ouest.
A 10 H 45 j'aperçois au dernier moment un bout accroché à un flotteur de
polystyrène, trop tard, comme la dérive est relevée, il se prend dans l'hélice
et nous le traînons sur l'arrière. Je prends une gaffe, j'attrape le bout en
polypropylène, je tire, tire, seul le flotteur vient. J'essaie de le couper avec
un couteau, mais il résiste et je dois abandonner. Je demande alors à Sol de
démarrer le moteur et d'embrayer. Très vite le bout est sectionné par le coupe
orin neuf que j'avais changé avant de partir. Ouf, nous voilà dégagés sans
devoir nous arrêter et sans avoir à plonger. Depuis un bon moment, nous n'avons
plus beaucoup de vent, 3 à 4 nds et à nouveau, Yan a repris du service.
17 H alors que j'observe le passage entre Porto Rico et l'île Mona se dessiner
au loin, j'aperçois une grosse tache d'écume et ce n'est pas une vague. Une
seconde fois elle apparaît plus près de nous, puis c'est une grosse dorsale que
nous voyons. Est-ce une baleine ? Il y en a dans le secteur et le nord est de St
Domingue se trouve être un lieu de reproduction. Non finalement, aucun doute
possible, il s'agit de globicéphales. Nous allons les voir de près, ils sont en
couple et vont passer à 1 m de profondeur, juste sous la jupe de SOLEJA, deux
grande silhouettes noires de 4 à 5 m de long, que d'émotions !!!
Position : 17° 42' N - 67° 15' (pour ceux qui voudraient venir voir) Quelques
minutes plus tard, à nouveau, c'est un second couple qui nous croise, mais
celui-ci, malgré nos appels ne vient pas nous saluer, il poursuit sa route,
imperturbable. ils ne nous montreront que leur dos rond surmonté de leur
nageoire caractéristique. Et bien puisque c'est ainsi, nous aussi, nous
poursuivons la notre, il n'y a pas de raison !!!
Vers 21 h 30 venant du chenal qui sépare les îles de Puerto Rico et St Domingo,
à la hauteur de la Isla Mona, une drôle d'embarcation arrive sur notre tribord.
Trois feux blancs, deux rouges et deux verts coiffent la première partie, puis
une quantité de feux à dominante de blanc illumine une seconde partie, à une
bonne distance de la première. Qu'est-ce que cela peut il bien être ??? Peut
être un remorqueur et ??? et quoi ??? . La question reste sans réponse exacte,
nous en sommes toujours aux suppositions. Un poseur de câbles, une plate forme,
ou peut être est-ce un paquebot en panne ???
Toujours est il qu'à la hauteur de ce chenal, la mer reste très agitée et
désordonnée, elle secoue SOLEJA dans tous les sens, vivement que l'on retrouve
un peu de vent. Heureusement, celui-ci revient et nous allons reprendre une
vitesse de 6 à 7 nds sous génois seul durant toute la nuit. Au petit matin, vers
7 h nous arrivons en vue des falaises de la côte sud est de St Domingue. A 8 h30
nous approchons du petit port de pêche de Boca de Yuma. Nous pensions pouvoir
mouiller au fond de la baie, à l'abri de ses falaises, mais ce ne sera pas
possible. Nous profitons de ce merveilleux spectacle naturel éclairé par les
rayons du soleil rasant et nous repartons contourner la réserve de la péninsule
de Swana. Ce faisant, nous mettons une ligne à traîner, 10 mn plus tard, ZZZZ,
ZZZZZZ, il faut ralentir, pendant ce temps le poisson tire du fil et il me faut
bien 10 mn pour le remonter. Il est lourd, c'est un beau morceau !!!
Heu, regardez, il n'y a plus que la tête !!! Non heureusement, il reste encore
un bon morceau derrière ! Et bien oui, « mister requin » a encore frappé, il
nous a croqué les 2/3 de notre bonite, il ne nous reste qu'un bon Kg de chair
fraîche pour nous. Nous remettons la ligne à l'eau et quelques mn plus tard,
ZZZZZZZZ à nouveau. Le génois roulé, je remonte un beau barracuda de 80 cm,
malheureusement, ciguatera oblige, nous le relâchons et terminons la pêche de la
journée.
C'est un nouveau joyaux que nous découvrons, la partie sud se termine par la
Isla Saona entourée de plages de sable blanc bordées de palmiers. Nous
allons mouiller dans le sud ouest de l'île quasiment désert, seul deux catas de
promenade tirent sur leur ancre, à quelques encablures. Le bain dans l'eau vert
émeraude du lagon sera suivi de la dégustation d'un carpaccio de bonite macéré
aux jus de citron, huile d'olive et herbes aromatiques, arrosé d'un rosé frais
ceci suivi d'un repas de salades variées.
15 h déjà, il faut penser à trouver un havre pour la nuit !!! Nous envoyons la
toile et filons les 7 à 8 nds par 20 nds de vent de travers pour atteindre La
Romana et sa marina. Il est 19 h lorsque nous tournons nos amarres au ponton,
ouf nous sommes dans nos prévisions de départ et satisfaits d'être à quai.
Position : 18° 23' 84 N - 68° 54' 02 W, 280 miles parcourus, vitesse 8,2 nds
maxi, vent maxi 32,2 nds.