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Vendredi 29 septembre : Notre dernier jour de navigation pour notre traversée, nous pensons arriver dans la matinée à l'ile de São Vicente. Sans encombre nous serons à une vitesse de 7 nds au moins, un tout petit coup de moteur au petit matin entre 7 et 8h. Quelle belle arrivée dans la magnifique baie de la ville de Mindello à 11 heure du matin (heure locale, + 3h pour la France) Nous aurons donc mis exactement 119h soit 5 jours moins 1h pour effectuer notre traversée : 787 miles sur le fond, à 6,6 nds de moyenne. Immédiatement je parts en compagnie de Jean-Pierre accomplir les formalités habituelles, le Capitaine du port, la Police Maritime puis la Police des Frontières et de l'immigration. Nous ne verrons jamais les représentants de celle-ci malgré nos trois tentatives et nos très longues attentes en plein soleil par 40°. Dès notre arrivée nous aurons la visite du gardien des bateaux au mouillage : le gardien officiel (il nous l'assure).Pour l'équivalent de 5€ par jour il gardera SOLEJA de toute tentative de vol. Après un bon repas et une sieste bien méritée nous prendront contact avec cette très belle ville et faire connaissance avec la population capverdienne.
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Samedi 30 septembre : Sur les conseils d’Orlando notre gardien, nous levons l’ancre pour remplir les réservoirs d’eau et de gasoil, pour ce faire, nous traversons la baie et nous rendons au port de pêche, près de la raffinerie. Là, nous remplirons les réservoirs d’eau, mais nous devrons revenir lundi pour le gasoil, le tuyau a été dérobé pendant la nuit, retour au mouillage. Le reste de la journée sera consacré à l’avitaillement, une visite de la ville, l’achat des billets du ferry pour aller visiter l’île de São Antao. Pour se rendre sur cette île avec son bateau, il faut une autorisation et cela peut demander plusieurs jours, nous préférons utiliser le transport en commun. Le repas du soir se déroulera à bord : grillades de steak. |
Dimanche 1er octobre : Lever 6h, il faut être au départ à 7h30, et ici les transports sont ponctuels. Du haut du pont du ferry nous voyons défiler la magnifique baie de Mindelo, 8 miles et une heure après, nous débarquons sur l’île de Santo Antao. Le versant sud de l’île est vraiment très sec et aride, aucune végétation, aucune culture, seule la bourgade de Porto Novo s’accroche à la roche brûlée par un soleil de plomb. Sur le quai, nous sommes immédiatement assaillis par les loueurs de service. Ici, pas de bus, tous les déplacements se font en empruntant l’ « aluger », il s’agit de véhicules avec chauffeur qui se louent soit en totalité, soit l’on paie sa place dans une voiture collective. Nous choisissons de louer pour nous 4 et pour la journée une fourgonnette dont le plateau est équipé de 2 banquettes, ceci afin d’être plus à l’air. Aussitôt, le chauffeur nous emmène ventre à terre, c'est-à-dire 40 km/h à l’assaut des hauteurs sur une route pavée en très bon état. Un spectacle magnifique de roches de plusieurs tons pastel, creusées de nombreux canyons se déroule devant nous, changeant à chaque virage. |
Quelques kms et nous sommes sur les hauteurs, déjà une maigre végétation colore la montagne d’un vert tendre, puis plus haut la forêt de pins et d’eucalyptus nous enveloppe de sa relative fraîcheur Quelques maisons de paysans isolés, quelques arpents de culture : maïs, bananes, canne à sucre, quelques rares têtes de bétails agrémentent ces sommets.
Un petit col et là, le souffle coupé, à nos pieds nous découvrons la vallée de Paùl très verte, encaissée et escarpée : une pure merveille.
Nous empruntons ensuite la route qui redescend sur le versant nord, cette voie serpente en lacets vertigineux jusqu’au village de Ribeira Grande au bord de la mer. Nous visiterons encore une autre vallée, nous dégusterons le « grogue » avant de nous restaurer dans une charmante petite auberge.
L’après midi, pour conclure, le chauffeur nous fera visiter une rhumerie artisanale : à nouveau, dégustation de différents « grogues », achats de munitions puis retour au port. Là, nous nous rendons compte que notre guide des îles du Cap-Vert est resté dans l’aluger, impossible de le récupérer.
Nous serons à bord de SOLEJA vers 19h, à la nuit.
Lundi 2 octobre :
A la première heure, 8h nous sommes au distributeur de carburant pour faire le plein et à 9h30 nous traversons une dernière fois cette baie de Mindelo puis prenons le large en direction de l’île São Nicolau.
En contournant l’île par le sud, nous aurons un vent changeant, perturbé, accélérant dans le débouché des vallées et tombant derrière les falaises. Dès que nous sortons de cette influence, SOLEJA allonge la foulée et nous filons à 8 nds au près bon plein avec un N E entre 15 et 25 nds, nous avons mis un ris dans la G V et pris 3 tours de génois.
Bien entendu, nous avons mis 3 lignes de traîne et dans l’après midi, nous aurons plusieurs touches : 1 bonite de 66 cm remontée, 1 remontée, tuée, relâchée par inadvertance par notre chef cuistot J P( à qui nous avions demandé de présenter la victime à nos objectifs), 1 nous emporte la cuillère de la petite ligne et une 4ème bien plus grosse nous casse le bas de ligne de la grosse canne.
Ce fut une très belle journée, une belle pêche et une très belle nav.
17h nous arrivons dans le petit port abri de São Nicolau Aucun emplacement n’est prévu pour la plaisance, nous devons mouiller à l’extérieur du port.
Position : 16° 44’ 10 N – 24° 21’ 63O :
Un autre voilier est déjà là, nous ferons connaissance des propriétaires le soir à l’apéro, ce couple de lyonnais nous prêtera son guide pour la visite de l’île le lendemain.
Mardi 3 octobre : Nous avons prévu de partir pour la journée visiter cette nouvelle merveille. Le matin, dès 9h le vent souffle en rafales à + de 20 nds, je décide de rester à bord, je ne peux pas laisser SOLEJA seul dans ces conditions qui risquent d’empirer à tout instant. Dans une accalmie, je pars voir le commandant du port pour faire les formalités, et lui demande si l’on peut rester le long du quai pour la journée, il est d’accord puisque aujourd’hui aucun cargo ne doit accoster. Ainsi nous allons pouvoir partir tous les 4 en visite. Nous prenons un aluger qui nous emmène jusqu’au village de Cachaço, situé derrière un col. De là nous descendons à pied en une heure trente au creux d’une superbe combe verdoyante par un sentier muletier escarpé jusqu’à la capitale de l’île Villa Ribeira. Notons que ce sentier est toujours utilisé par la population, les élèves habitant le col et les environs descendent à l’école dans le village de la vallée, nous les avons croisés ainsi que des paysans et leur mulet chargé de canne à sucre. |
Nous déjeunerons dans l’auberge de la capitale d’une « cachiupa », le repas traditionnel arrosée d’une bière bien fraîche. Après un tour de village, quelques photos, nous rentrons par un itinéraire de bord de mer non moins agréable. Sur la place du village nous
faisons quelques courses, un jeune homme nous aborde, c’est le frère d’un des 2
jeunes qui gardent SOLEJA, il nous propose 3 langoustes à un prix abordable.
Donc ce soir, le repas est trouvé. |
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A 20h, nous mettons le cap au 100° sur Boa Vista avec un N E 15, 25 nds, nous filons entre 6 et 8 nds. Le ciel reste très chargé toute la nuit, avec la vitesse nous ne pouvons ouvrir que la descente et il fait très chaud à l’intérieur. Profitant d’une accalmie, J P ne pouvant dormir, entrouvre le grand hublot au dessus de sa couchette, le tenant à la main. Une vague un peu plus vicieuse passe par-dessus le pont avec vigueur, soulève le hublot et réveille notre chef cuisinier comateux songeant à son quart prochain, par une belle douche à l’eau de mer. Le voilà dans de beaux draps bien trempés !
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Mercredi 4 octobre : Position : 16° 10’ 04 N – 22° 55’ 13 O : 93 miles parcourus. A 12h, nous mouillons notre ancre dans la petite baie de Sal Rei sur l’île de Boa Vista. Le relief de cette île peu habité, contraste avec les autres îles. Là, alternent les pitons de roches volcaniques et les plaines de sable jaune du Sahara. Auparavant, nous avons tenté de trouver un passage dans le banc de sable et de cailloux qui nous barre l’accès à la ville, mais en vain. Nous sommes mouillé à + d’un mile, c’est trop loin pour l’annexe. Nous ne voulons pas tenter la passe nord, trop difficile et trop étroite entre les récifs, le courant fait déferler la houle. La sieste ayant été de bon conseil, nous décidons de repartir le soir même pour l’île de Santiago au sud ouest de l’archipel. 18h 30 nous mettons le cap au 109° au moteur, Eole nous laissant tomber, nous nous livrons au dieu concurrent, Yanmar. Ce sera quasiment pour toute la nuit. |
Jeudi 5 octobre : Position :14° 54’ 78 N – 23° 30’ 29 O : 87 miles parcourus 10h nous mouillons dans le port de Santiago, immédiatement je part en annexe faire les formalités à la police de l’immigration avec J P. Après midi, il reste encore le bureau du port à visiter, à l’autre bout de la baie et nous chercherons une laverie pour faire disparaître les stigmates de la douche de J P. Nous débarquons au port de pêche, trouvons un gardien fiable cherchons un moyen de transport pour aller en ville. Je tiens le caddie d’une main et mon sac à dos de l’autre. Une nuée de jeunes nous entoure nous proposant qui un taxi, qui une voiture. Là, sur le bord de la route, nous regardons à gauche, à droite. Hop, le sac de Jacques envolé, Un jeune d’une quinzaine d’année, en haillons, court et grimpe dans la falaise. Immédiatement, je le poursuis et je crie aux autres jeunes qui étaient avec nous de le rattraper. Se voyant pris en chasse, il lance le sac, je le récupère, il est vide. Je reprends ma poursuite, cette fois, il jette le portefeuille mais il a pris l’argent. Il part donc avec mes euros et la caméra. Je le poursuis toujours mais il a une longueur d’avance et connaît la falaise comme sa poche. Après avoir traversé des monticules d’immondices, j’arrive dans un bidonville très peuplé, je demande où est passé le voleur ? |
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Personne ne l’a vu.
Au bout de quelques instants tous parlent, je ne comprends rien,
l’attroupement augmente, les discussions se font plus vives.
Un homme d’une
quarantaine d’année me demande ce qui s’est passé, interroge à tout va
dans le groupe, tous parlant en même temps. Il sort son téléphone et me
dit qu’il appelle la police, je dois attendre là. Entre temps, J P s’est
inquiété a escaladé la falaise aussi et m’a rejoint. Nous attendons la
police avec quelques doutes, nous allons au bord de la falaise pour
essayer de communiquer avec nos deux amis restés en bas avec le
matériel, mais nous ne pouvons
nous faire comprendre. Nous attendons; une seconde personne téléphone à
la police et nous annonce qu'elle arrive. En effet un 4X4 vrombit, ses
occupants en tenue bleu marine interrogent la population mais ne nous
adressent pas la parole. Le véhicule s'en va, on nous demande d'attendre
encore. Ils reviennent nous font monter pour faire la déposition
au commissariat. La population nous a assuré connaître le voleur : « Tibodi »
Le procès verbal
rédigé le véhicule nous ramène au port, Noël et Philippe sont toujours
là, ils nous attendent. Il est trop tard, nous rentrons au bateau, le
moral est au plus bas, pour ajouter à l’ambiance, le mouillage roule
toute la nuit. Le sommeil sera léger.
Vendredi 6 octobre :
Ce matin, je dois retourner au poste de police, J P mon ami fidèle m’accompagne. Nous attendrons deux heures, rien, personne ne s’occupe de nous, finalement je leur annonce que je reviendrai à 5h de l’après midi, ils semblent soulagés.
Nous devons nous occuper de SOLEJA, faire les pleins d’eau et de carburant, faire laver la lessive.
Nous avons décidé de
repartir le soir même pour la Casamance.
Vers 14 heures, nous accostons au ponton du carburant pour faire le plein,
ensuite nous allons sur le quai extérieur du port de commerce afin de remplir
nos réservoirs d'eau, nous avons fait venir un petit camion avec de l'eau de
source. Quelle n'est pas notre surprise, à peine amarré, SOLEJA entame une
véritable sarabande. Le ressac ne s'est pas fait attendre, il nous fait faire
des aller et retours le long du quai, SOLEJA monte d'un mètre et redescend
aussitôt, les amarres se tendent à l'extrême à chaque effort. Nous remplissons
les réservoirs, à peine terminé, clac, un bruit sec et aigu, une amarre vient de
casser sur un retour plus violent encore. Enfin nous repartons au mouillage car
j'ai rendez vous à la police. Je dois leur signaler notre départ et que j'ai
averti l'ambassade.
Vers 18h30, nous retournons au poste de police, mais il n’y a presque plus personne, je demande tout de même à voir quelqu’un, on me fait passer de bureau en bureau, une énième personne me fait comprendre que la caméra a été retrouvée, mais comme nous sommes vendredi soir, il faut revenir lundi matin. Je leur explique que nous partons cette nuit pour le Sénégal. Ils doivent téléphoner au policier qui détient l’objet. Nous attendons au bar en face devant une « Super Bock ». Moins d’une demi-heure d’attente ils m’appellent, ils ont la caméra ; je signe une décharge et ils nous ramènent au port avec le véhicule de service. Ils attendront que nous soyons à bord de SOLEJA pour repartir en nous faisant des appels de phare avec leur véhicule. Evidement, nous avons tiré quelques clichés de l'équipe héroïque. Ils ont également récupéré une partie de l’argent mais ne peuvent me le restituer. Nous demanderons à l’ambassade de s’occuper de la suite.
Conclusion :
Malgré cet avatar, nos impressions sur cet archipel sont des plus positives. Ces îles toutes si différentes les unes des autres, ont toutes leur originalité, sont toutes attrayantes, leur cites et panoramas exceptionnels méritent un détour. La population y est partout très avenante et serviable.
La police a effectué un travail remarquable, en 24h, elle a mis le voleur sous les verrous et restitué le butin du larcin à son propriétaire avec courtoisie et dévouement.
Nous prenons le temps de nous restaurer avant de lever l’ancre pour le Sénégal,
il est 22h lorsque nous appareillons. Par chance nous avons un bon NE 15, 20 nds.
Nous avons pris un ris pour plus de tranquillité
pendant la nuit et nous filons au près bon plein nos 7 à 8 nouds, cap au 110°,
direction : la Casamance, à quelques 420 miles, tout là-bas devant l'étrave.
Durant la nuit, le vent restera assez constant, N E 18 à 25 nds, nouspermettant
des pointes à 9 nds et +, malgré un courant défavorable de 0,5 nds .
notre gardien
avec la brigade d'intervention