Mardi 20 mars :
1 H je me lève, j'entends le vent monter
et Emma se trouve seule pour son quart : 27 à 35 nds, nous faisons des
pointes à plus de 9,5 nds, il faut réduire le génois. Nous reprenons 4 à
5 tours, Soleja se sent soulagé, il ralentit un peu et passe mieux dans
la vague. Nous avons fait du chemin cette nuit, en 24 H nous avons parcouru 175 miles, il faut dire que nous bénéficions d'un courant favorable de plus d'un nds depuis notre départ des Perlas. Toute la journée nous gardons les voiles en ciseaux, le génois tangoné et nous gardons une vitesse proche de 7 nds. En fin d'après midi, le vent faiblit régulièrement et nous lâche juste avant la nuit, Yan doit reprendre du service pour la nuit. A 20 H nous avons fait 255 M, il nous reste 310 M à parcourir, nous sommes au point : 4° 10' N - 78° 51' 80 W.
Mercredi 21 mars : Jeudi 22 mars : |
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Vendredi 23 mars :
Dès 4 H du matin nous apercevons les lumières de la ville de Manta. L'approche
sera longue, les équipiers de quart pourront les scruter à loisir. Comme nous
sommes de plus en plus proche de la côte, les barques de pêche se multiplient
et nous devons redoubler de vigilance car elles n'éclairent leurs feux que par
intermittence, seulement lorsqu'un bateau s'approche d'elles.
Vers 7 H 30 nous franchissons l'entrée du port, ou plutôt, nous passons la jetée
qui marque le port de commerce. Plus loin, la grande baie se trouve complètement
envahie par une multitude de chalutiers, tous encrés dans un ordre que l'on a
beaucoup de mal à comprendre, ils ont, soit à couple soit sur leur arrière
chacun de 4 à 12 barques d'accompagnement, tout ceci fait beaucoup de monde.
En principe, le yacht club que nous devons impérativement rejoindre pour
mouiller et attendre les autorités doit se trouver derrière cet amalgame, sur
tribord. Nous avançons au ralenti depuis l'entrée, cherchant et scrutant de nos
4 paires d'yeux, sans compter ceux qui portent des lunettes.
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Je surveille le soudeur, les épaves
portées sur les cartes sont nombreuses et celles qui ne sont pas
indiquées sont légion. Nous n'apercevons pas de mat de voilier, comment ce peut-il ??? Enfin, Salvatore qui se tient près de l'étai, nous annonce : « Là-bas, un mat, on dirait un voilier, regardez, près du bâtiment bleu ! - 0ù ça ? - Là, regarde - A oui, d'accord.» Toujours au ralenti, moteur à 900 tours, nous slalomons entre les embarcations et nous dirigeons vers ce. yacht club. Dès notre approche, un pneumatique vient à notre rencontre et prend nos amarres, les passe autour de deux bouées de corps morts, une sur l'avant et l'autre sur la poupe. Nous voilà immobilisés ou presque, tout du moins, amarrés en Equateur : il est 8 H 30. Nous prenons notre temps pour contempler les alentours, tout les 4 assis dans le cockpit. |
Il est 9 h, lorsque l'on nous interpelle en
français, C'est Christian bien sur, vous l'avez tous reconnu. Son épouse
travaille sur une mission de 3ans pour l'ambassade de France en Equateur, lui
élève leur fille de 2 ans et s'occupe de leur petit voilier.
Nous sommes le 6ème voilier de la marina, 3 français sont de passage, Christian
reste 3 ans, un autre propriétaire est argentin. Il faut que l'on se bouge si
l'on veut faire les formalités cette semaine, nous partons au yacht club, c'est
réglé en 5mn. Maintenant, à la capitainerie du port de Manta, c'est juste de
l'autre coté de la rue, là, une dizaine de personnes entend devant la porte de
la rue. Nous demandons où nous devons nous adresser. On nous envoie d'abord à la
porte voisine, puis au 3ème étage, puis M. Carillo nous annonce que l'on doit
prendre un agent pour les démarches.
A 11 H, « l'agent » nous promet presque que nous aurons nos papiers pour le
lendemain matin 9 H, je travaille le samedi nous dit-il. Nous repartons
confiants, cela nous arrange bien. Pour fêter tout ça, nous allons manger une
pizza ce soir, Christian passe nous prendre en voiture.
Le restaurant s'appelle « Mamma Rossa ». Sitôt arrivés, Salvatore s'enquière de
la qualité du four, est-il chauffé au bois ?...
Nous nous installons dans un décor de verdure, mi salle, mi jardin terrasse,
abrité sous une grande tonnelle. Le serveur nous annonce que le patron est
d'origine italienne, mais il ne sait pas de quelle région. Aussitôt Salvatore se
lève et part mener son enquête.
Pendant ce temps, nous prenons l'apéro avec une méga sangria pour nous faire
patienter durant la cuisson des pizze. Nous avons quasiment terminé notre repas
lorsque Salvatore nous rejoint, il a fait connaissance avec Giorgio le
propriétaire.
Giorgio est tombé malade depuis une année, ses jambes se paralysent de plus en
plus, il se trouve maintenant constamment en fauteuil roulant. A l'issue de
notre repas nous irons le saluer et discuter un peu.
Lorsque nous rentrons sur Soleja, le port a retrouvé son calme, de temps à autre
quelques barques sillonnent l'eau calme à vive allure, on se demande d'où elles
viennent et où elles peuvent bien aller en pleine nuit ???
"MANTA" tient son nom du peuple qui habitait la région avant l'invasion
espagnole, les mantas peuplaient toute la région et ont laissé leur nom à la
ville. Ils ont tous été exterminés, un musée leur est dédié pour rappeler leur
civilisation.
Samedi 24 mars :
Après un bon petit déjeuner, vers 10 H,
nous partons vers le bureau de l'agent. Il nous annonce qu'il n'a pas pu
voir les autorités, qu'il faudra revenir lundi matin. Louis et Emma,
vont se débrouiller pour pouvoir faire leur entrée à l'immigration (avec
bac chiche), ils pourront partir dès lundi matin. La journée s'écoule lentement, repos, petit tour de ville. |
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Dimanche 25 mars :
Nos deux cyclistes nous quittent en fin de matinée, ils ont dérouillé leurs
chaînes, remonté leur bicycle, et ils débarquent en empruntant le gros
pneumatique du club piloté par Christian : salut, salut, nous leur souhaitons
une bonne route jusqu'en Patagonie.
Lundi 26 mars :
Ce matin, les « pangheros » font bouillonner l'eau du port de leurs va et viens,
ces barques à moteur sont les taxis maritimes, entre les chalutiers et les rives
du port, ils transportent les pêcheur et leurs matelots le jour comme la nuit,
24 H / 24 pou r 50 centavos. Dès 1O H nous sommes à l'agence, mais les papiers
ne sont pas faits. Il faut revenir vers 15 H. A 15 H, même cinéma, il faudra
revenir demain matin, tout sera fait et signé.
Mardi 27 mars :
Idem, répétitas.
Mercredi 28 mars :
Aujourd'hui, nous avons rendez vous à bord de Soleja à 11 H avec toutes les
autorités, capitaine du port, douane, immigration, l'agent.
A 11 H, nous les attendons dans le salon du yacht club, ils arrivent vers 11 H
30, tout se passe bien ils s'excusent même pour les retards et tracasseries
administratives que nous subissons. Les papiers sont faits, je signe au moins
150 feuilles d'une multitude de formulaires différents.
En moins d'une heure tout est fait, il faudra simplement passer demain matin à
l'agence et à la capitainerie pour prendre le « ZARPE » de sortie. Ouf, ouf, ouf
!!!
La bonne humeur revient à bord, le capitaine sort une bouteille de vin, fait
rare en ses contrées où l'on s'adonne davantage à la « serveza » et au « ron ».
L'après midi nous terminons notre avitaillement, puis nous rendons visite à
Giorgio pour visiter son usine d'eau purifiée et reminéralisée, « ITAL AGUA ».
Jeudi 29 mars :
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Vers 9 h, nous passons voir Pacco, un
ancien parisien d'une quarantaine d'année qui voyage seul sur son
trimaran de 10 m. Il est à Manta depuis 7 mois, il a visité l'Equateur
et le Pérou. Il a réparé son moteur, fait ses papiers et doit partir en
même temps que nous. Nous lui annonçons la bonne nouvelle. Où pensez vous que l'on se trouve à 10 H ? A l'agence bien sur ! Que pensez vous que l'on nous annonce à l'agence ? Votre « Zarpe » est là, le capitaine l'a bien signé, mais une personne de la Guardia Maritima lui a dit qu'il ne pouvait pas signer une autorisation à destination des Galápagos, donc il a annulé les trois signatures d'une grande croix au stylo. Une loi stipule que l'on n'a pas le droit de faire escale aux Galapagos si l'on vient de l'Equateur. Nous devons donc payer une sortie du territoire sur le continent, et refaire une entrée aux îles, donc payer une seconde fois l'immigration et l'entrée dans le pays + l'entrée dans les îles. |
Quand pourrons nous espérer cette faveur ?
Ho, cette après midi sans problème ! Nous répond-on !
Et vers quelle heure ?
Vers les « quinze » !
Nous voilà repartis tous deux sans rien dire.
A 15 H nous sommes à nouveau à l'agence, et que nous annonce t-on ?
Le capitaine est en réunion, il ne peut pas signer vos papiers, il faut revenir
demain matin.
Vous allez penser que j'ai fumé, de l'herbe, ou que j'ai pris des champignons
allucino peut être et bien non, je vous l'affirme, je ne prends rien et fume
toujours pas, par contre je commence à fulminer grave !!!
Que faire, que faire, que faire ???
Album photos Manta
Vendredi 30 mars :
Voilà une semaine que nous sommes arrivés à Manta et tout ce que nous avons pu
faire, c'est attendre nos papiers !!!
Charmante ville, charmant pays qu'est l'Equateur !!!
Pacco nous assure que l'intérieur vaut le coup, que les montagnes sont
magnifiques, en une semaine nous aurions pu aller jusqu'à Quito..
A 10 H 30 je sonne à l'agence, le patron, un peu gêné, m'adjoint un employé et
m'envoie à la capitainerie. Dans le hall de celle-ci, un responsable nous
demande d'attendre, il va faire signer le « zarpe », il en a pour quelques
minutes.
Nous attendons, 10 mn, 20 mn, ½ H, personne n'arrive, je vais attendre au cyber
café.
13 H 30 le patron de l'agence viens me dire que j'aurais mes papiers à 15 H.
Je rentre au bateau, ne sachant plus que penser ni qu'espérer. Peut être va-t-on
passer une seconde fin de semaine à Manta ???
14 H 30, un « panghero » s'approche de Soleja; qui se trouve à bord ??? Je vous
le donne en mille ! Le second responsable de l'agence, le sourire aux lèvres, il
l'a, ce fameux « zarpe », enfin !!!
Il monte à bord de Soleja, nous donne moult explications dont je n'ai plus rien
à faire, nous présente la facture de la capitainerie et la sienne par la même
occasion. Et, nous voilà libre. Nous attendons une dernière livraison de
carburant pour 17 H et nous pourrons partir !!!
Nous décidons de faire une dernière visite à Giorgio qui est devenu l'ami de
Salvatore. Salvatore m'a fait retrouver le sourire nous annonce Giorgio. Il faut
savoir que mon équipier n'arrête pas de plaisanter et de raconter des anecdotes
amusantes, surtout des histoires de femme (bien sur) et de bateau, puisqu'il
navigue toute l'année depuis trente ans.
Giorgio nous annonce très sérieusement : « vous ne pouvez pas partir ce soir
avant minuit, nous sommes vendredi, et aucun navire ne prend la mer un vendredi
ou un mardi, ce serait trop dangereux ! » Il nous invite à passer la soirée avec
son ami Giani.
Nous ne partirons que demain samedi au petit jour, nous ne sommes plus à 12H
près.
Voilà pour ce soir, nous sommes bien partis, position : 00° 45' S - 82° 30' W.