Très chers amis,
Bien que je ne vous écrive pas très souvent personnellement, je n'en pense pas moins à vous tous et à chacun de vous en particulier. Lorsque je rédige mes textes, il ne passe pas une phrase sans que je ne la dédie à l'une ou à l'un d'entre vous !

Puisque la plume m'est offerte, j'en profite pour remercier et  féliciter une fois de encore notre ami Philippe pour l'excellent travail de recherche qu'il fournit et l'originalité de mise en forme des éléments que je lui fais parvenir.

J'espère que l'abstinence n'est pas trop dure pour Jacky et qu'il voit bientôt le bout du tunnel.
Nicole est ce que les troubles collatéraux restent supportables ?

Je pense que nos amis J. et J.P. se remettent de leurs blessures et interventions puisqu'ils projettent un super voyage !

Enfin je stoppe là l'énumération et je vous remercie pour vos mails, ces nouvelles sont à chaque fois une espèce d'invitation à bord et un
souffle d'air de chez vous qui me ravit.
Un grand merci à tous !!!


Que voulez vous, le temps passe si vite. En navigation, si le temps reste calme, je profite du spectacle sur le pont, si la mer monte il m'est difficile de taper sur les touches, je fais alors trop de fautes de frappe,. en escale le temps manque encore davantage, nous débarquons dans la matinée et souvent nous ne rentrons que le soir qq fois assez tard.
Sur l'escale de Manta, j'ai omis un petit épisode qui change un peu de nos démêlés avec les autorités. Un soir, chez Giorgio, Salvatore à rencontré la patronne d'un journal local, il ont bavardé, bien sur et le lendemain, sans crier gard, elle arrive avec son équipe : un photographe, une rédactrice et son adjointe. Elle demande l'autorisation de monter à bord pour faire un petit reportage sur notre périple. Les questions sur les deux parcours, les photos intérieures, extérieures, avec la propriétaire du journal, à l'avant, à l'arrière, tout ceci a bien duré deux petites heures et ils sont repartis satisfaits. Voilà
pour ce petit encart sur Manta.
A part tout ça, tout va bien à bord, déjà bientôt une semaine que je suis aux Galápagos, lundi nous aurons peut être les papiers et l'autorisation pour passer à la seconde île Santa Cruz, Puerto Ayora, c'est sans doute la plus intéressante et je pense en profiter pour faire une petite révision technique de mon radar, il y a un technicien parait il ?
Puerto Baquerizo, est le domaine des gros phoques appelés loup de mer vu leur taille, près de 2 m et plus de 200 Kg . Ils sont vraiment chez eux, ils montent sur les bateaux jusqu'à un mètre au dessus de l'eau, j'en retrouve régulièrement deux dans la jupe de Soleja, je les chasse, ils sont de retour qq mn plus tard. A terre, ils garnissent les escaliers du débarcadère, ne laissant qu'un passage pour les utilisateurs, le soir, la plage devient leur dortoir, il ne reste plus de place pour personne.
Hier, je suis allé visiter les tortues terrestres géantes, comme elles sont en voie d'extinction sur San Cristobal, ils ont construit un parc avec un élevage sur 2 Ha, elles sont en semi liberté. On déambule dans un maquis de mancenillier et autres arbustes dont les feuilles constituent l'alimentation de ces majestueux monstres préhistoriques. A chaque fois que l'on en découvre une sous les feuillages ou près d'un point d'eau, quelque soit son âge et sa taille, l'émotion monte et m' envahit, j'ai vraiment la sensation de pénétrer dans leur intimité tellement elle sont impassibles.
J'ai également fait le tour touristique de l'île avec le couple franco italien de Carpe Diem Aline et Gino que nous avons retrouvé ici, le guide nous a emmené sur le plus haut sommet voir le volcan éteint dont le cratère contient un lac naturel uniquement alimenté par ruissellement d'eau de pluie. Les frégates de mer viennent chasser jusqu'ici dans le lac, l'environnement étant plus restreint, leur piqué semble encore plus acrobatique qu'en mer.
Autour de Soleja, le festival des oiseaux de mer ne s'interrompt qu'à la nuit, comme en Equateur, les frégates aux ailes démesurées planent sans discontinuer, elles pêchent en rasant l'onde tandis que les pélicans eux plongent lourdement et très profondément pour capturer leur proie tous partagent leur « domaine réserve » avec les phoques et les tortues de mer qui nous visitent chaque jour.
Vendredi, soir Pacco est enfin arrivé sur son trimaran « l'Oiseau Bleu », nous ne l'avons pas encore rencontré, exténué par sa traversée en solitaire, il doit faire une cure de sommeil de longue durée. Nous le rencontrerons certainement en soirée.

Samedi 7 avril :
Ce matin, passage à la capitainerie pour terminer nos papiers. Pas de chance le Capitaine, seule personne à pouvoir signer, se trouve sur le continent pour quelques jours. On ne peut pas décoller avant Mardi matin, si tout ce passe bien.
A midi, Salvatore nous prépare un gros plat de pâte, brocoli et fèves, ça change.

Dimanche 8 avril :
Je me lève de bonne heure, 6 h 30, je dois appeler mes petites filles Margaux et Mathilde pour leur anniversaire, c'est la première fois que je suis absent pour cet événement.
La journée se passe tranquillement, une grande partie au bar du port en compagnie de Pacco, une ballade aux alentours de la ville.

Lundi 8 avril :
Avant le départ pour Santa Cruz, nous partons faire la lessive, il y a urgence en la demeure. Un petit coup d'Internet au Cyber, quelques achats en ville, plus des fruits, une livraison de carburant au bateau , la journée est très vite terminée.
  
Album photos: San Cristobal

Mardi 9 avril :
Le livreur de carburant doit nous apporter un complément de 20 L ce matin à 8 H, avant que nous appareillons. Mais, il est bientôt 9 H et nous ne voyons rien venir. Ce matin, nous ne sommes plus que 20 voiliers au mouillage, alors que ces derniers jours nous avons été jusqu'à 30 unités. Tiens, Pacco, a déjà filé, il est certainement parti de nuit.
 Je décide de lever l'ancre, sans plus attendre, nous avons une bonne quarantaine de miles à parcourir et nous ne voyons pas l'ombre d'un zéphyr poindre à l'horizon. C'est donc Yan qui s'y colle encore une fois.
La  journée s'écoule sans grande surprise, nous envoyons tout de même la toile, génois et grand voile. Mais Yan ne pourra souffler un peu que durant une heure environ.
Vers midi, ZZZZZ, ZZZZ, on ralentit le moteur et je commence la remontée, patiemment, lentement, mais il reprend du fil autant que j'en enroule. C'est assurément une belle prise, elle se défend sacrément. Au bout d'une demie heure, on peut enfin l'apercevoir, Il apparait de temps en temps à la surface, mais on ne peut pas reconnaître l'espèce, peu être un requin ???
Bon, la plaisanterie à suffisamment durée, il faut en finir, je tire sur le fil pour le remonter, il donne un très violent coup de queue et je ne sens plus rien au bout de la canne. Il est bel et bien parti. Nous reprenons notre route, et ron et ron et ron.
 13 H 30 ZZZZZZZZ, un autre, il tire bien aussi celui là, nous recommençons le même rituel. Mais là, au bout de ¾ d'heure je remonte un thon d'environ 70 cm. Salvatore l'exécute dans la jupe et moi, je vais poursuivre la découpe. Je l'écorche comme on le fait d'un lapin, puis je lève les 4 gros filets comme me l'a montré Pierric durant la transat. Le thon, est bien plus aisé à écorcher que le tazard, en moins d'une heure de travail, la prise se retrouve en morceaux prêts à cuire. Nous en réservons une partie pour le préparer au jus de citron, nous le dégusterons très vite.
17 H nous avons mouillé dans l'abri naturel de Puerto Ayora, parmi une bonne centaine d'embarcations de toutes sortes, surtout des voiliers, mais également de grosses vedettes qui assurent la visite des îles en charters.
Dès notre arrivée, nous avons droit à un festival, l'eau frissonne autour de nous, de gros poissons chassent et font remonter les petits, nous apercevons un banc de carangues et même un requin de 1,50 m, les pélicans plongent lourdement, les frégates effleurent la surface et prélèvent leur proie au passage, les « boobies » fondent sur les bancs de friture de plus de 20 m de hauteur, tous s'en donnent à cour joie et se rassasient à qui mieux, mieux, c'est un merveilleux spectacle que nous offre Santa Cruz pour notre arrivée.
Position : 00° 46' 10 S - 90° 18' 40 N, 45 miles parcourus.

Mercredi 11 avril :
Ce matin, pour changer, nous partons à la capitainerie pour faire les formalités, vous croyez qu'on se la coule douce et bien non. Tout sera expédié en moins d'une heure pour une fois, quelle rapidité. Je pars visiter le centre Charles Darwin situé à la sortie de la ville. Il s'agit d'un grand parc divisé en plusieurs départements : les oiseaux, les insectes, les iguanes, les tortues géantes. Ce sont bien ces dernières les plus surprenantes, énormes et placides, il est vrai que nous sommes juste après le repas de midi, tout ce petit monde digère et sieste.
Au retour je fais qq courses et je rencontre une jeune canadienne qui cherche un embarquement pour la Polynésie : Marie-Andrée Lafrance. Ca ne s'invente pas, nous devons nous revoir vendredi.

Jeudi 12 avril :
Une odeur de solvant s'échappe de la soute à voile, il faut en trouver l'origine. Nous vidons donc la soute sur le pont, une bele occasion pour ranger un peu. Le fautif est repéré, il s'agit d'une boîte de solvant pour peinture de pont, avec l'humidité salée des voiles, la rouille a fait son ouvre en quelques mois, il faut jeter la boîte. Comme je suis dans la maintenance, je poursuis l'après midi par le démontage du radar. Ce n'est pas une sinécure, je vous l'affirme. Nous sommes mouillé assez loin de la petite jetée et la mer rentre, de plus, aujourd'hui, le vent nous met en travers de la vague et le bateau roule d'un bord sur l'autre, je dois me cramponner fermement au mat. Je reste quelques fois plusieurs minutes sans pouvoir travailler tellement je me balance. Enfin, au bout d'un temps certain je peux redescendre avec mon fardeau.

Vendredi 13 avril :
Il faut refaire les plein de liquide ce matin, eau, et gasoil, nous ferons deux voyages pour transporter nos réservoirs et ceci nous prend la matinée. C'est pas toujours drôle la vie de bateau, nombreuses sont les servitudes.
Nous avons rendez vous avec le technicien du radar à 16 H, je transporte tout ce bazar sur mon dos. Encore une fois, pas de chance, le technicien est tombé malade, il a une forte fièvre et ne peut pas travailler, il faudrait revenir lundi. Nous ne reviendrons pas lundi, cette fois ci, je décide de partir dimanche, le temps de terminer nos préparatifs et via scampa !!!
En rentrant au bateau, je rencontre Gino et Aline de Carpe Diem, ils sont ici depuis une semaine et vont passer sur Isabella dans quelques jours.

Samedi 14 avril :
Nous partons au « mercado municipal », les halls acheter un complément de produits frais, pommes, pamplemousses, bananes, oufs,. + un complément de 50 L d'eau douce. Sur la route du retour, nous rencontrons de vielles connaissances, Jean-Michel, Huguette et leur fils Gwen sur L'Oiseau des îles, ils sont arrivés hier de Panama, en même temps que Tara Mea de Xavier et Sylvie que j'avais aidé pour le passage du canal. Ils sont arrivés directement de panama, via les Perlas évidement. L'après midi, lessive, courrier, re-courses et ça ira bien comme ça pour aujourd'hui et même jusqu'aux Marquises.
  
Album photos: Santa Cruz

Dimanche 15 avril :
Petit déj, remontée du moteur et de l'annexe, un peu de rangement sur le pont et à 8 H 30 nous partons, nous quittons cette belle baie rouleuse de Puerto Ayora, nous contournons les récifs qui gardent la sortie ouest et nous mettons le cap au  250° sur l'île d'Isabella. Au moteur, il n'y a pas un souffle de vent ce matin, c'est le grand beau temps, les brumes de ces derniers jours se sont complètement évaporées. Dans la matinée, nous croisons quelques « lobos de mare » et quelques tortues marines. Nous poursuivons notre route, Yan à 1600 T nous pousse en douceur à 5 nds sur une mer d'huile.
Nous pouvons envoyer le génois durant quelques heures l'après midi, nous gagnons de 1 à 1,5 nds. Nous doublons la Rocca Dura par bâbord laissons derrière l'île de la « Tortuga », un spectaculaire cratère de volcan à demi englouti et nous nous préparons pour entrer dans la baie de Villamil. Nous contournons large les grands bancs de récifs qui gardent l'entrée du mouillages. Une quinzaine de voiliers se balancent tranquillement au bout de leur chaîne, nous nous glissons parmi eux et mouillons à côté de notre ami Pacco qui nous a précédé, il ne s'est pas passé par Santa Cruz, lui. Nous sommes vraiment dans un mouillage de rêve, une petite crique très bien abritée par un large banc de récifs au fond de la baie, devant le petit bourg, s'étend une grande et large plage de sable blanc.

Booby Sego

Nous assistons à un véritable festival animalier autour de Soleja, les phoques, les pingouins jouent autour et sous la coque, des oiseaux : pélicans, frégates, boobies plongent dans les bancs de poissons.  Nous partons en annexe sur le trimaran, l'oiseau bleue de Pacco discuter un moment. A Manta lorsqu'il faisait son carrenage, Pacco s'est fait piquer derrière la cuisse par une méduse, il n'y a pas prêté attention, mais cette piqûre s'est envenimé et infectée. Il a du aller consulter un médecin à l'hôpital et se soigne aux antibiotiques. Nous prenons notre repas en commun à bord de Soleja et terminons la soirée très tard.
 
Boob(a)yrou

Booby Sarko

Lundi 16 avril :
Avant de partir, je monte au mat encore une fois, je dois remettre des écrous sur la plate forme du radar et monter en tête pour débloquer la roulette de l'anémomètre qui ne nous indique plus la vitesse de vent depuis hier. Je profite du passage du vendeur de carburant pour compléter ce que nous avons consommé hier.
10 H déjà, Pacco nous attend au village, nous le rejoignons. Ici, pas de goudron ou d'asphalte, les rues sont de sable, les véhicules passent quasiment au pas sans bruit, nous sommes dans un autre monde. Je me souviens de la petite île de Graziosa aux Canaries ou l'on a rencontré un environnement semblable. Véritable petit paradis que cette île, peu d'habitants, tous le monde salue tous le monde, quelques touristes, surtout des « voileux ». Dans cet atmosphère détendu, les gens engagent très facilement la conversation, ils vous demandent d'où vous venez, depuis combien de temps vous êtes là. Ils vous conseillent sur les boutiques, les visites. Cette île semble être un concentré de Galápagos avec ses cinq volcans dont l'un culmine à 1700 m, on y trouve toute la faune et la flore des autres îles et c'est pourtant celle qui est la moins visitée, elle reste donc la mieux préservées. Le soir, je rends une dernière visite à notre ami Pacco, il n'a plus de $ us, je vais donc lui changer mes derniers billets verts pour qu'il puisse payer ses soins hospitaliers, nous prenons un dernier verre en tête à tête puisque Salvatore est resté à terre pour sa dernière nuit et je rentre à bord.

  Album Photos: Isabella Villamil