Soléja dans le canal du Mozambique : Mayotte,

 (terre française de l’océan indien).

 Bonjour à tous,

Voilà déjà bien longtemps que je ne vous ai pas donné de nouvelles ! Deux mois, vous rendez-vous compte ?

Tout d’abord je tiens à remercier tous les amis qui ont eu la gentillesse de me faire parvenir un mot de congratulation après ma rencontre avec ce forcené.

Vous pensez bien que ces marques d’attention me font particulièrement plaisir. Merci encore à vous tous, famille et amis, je pense bien à vous !

 

Mayotte : Bien protégées au cœur d’un merveilleux lagon, une grande île montagneuse appelée Grande Terre ayant la forme approximative d’un hippocampe d’environ 65 Km de long du Nord au Sud et 35 d’Est en Ouest et une petite île appelée Petite Terre. Mamoudzou la capitale est reliée toutes les demi- heures à Dzaouzi sur petite terre par deux  services de ferries appelés ici «barges», l’un étant plus destiné aux véhicules en tous genres et l’autre aux passagers et véhicules légers. Sur Petite Terre se trouvent deux autres communes Labattoir et Pamanzi et l’aéroport.

Une grande route périphérique relie les communes du littoral de Grande Terre, trois autres, traversent l’île d’Est en Ouest. Dans le lagon une multitude de petites îles et îlots sont des lieux de villégiature pour tous les Mahorais de souche ou d’adoption.

Arrivé le dimanche, je ne peux faire mes formalités d’entrée que le lundi : ici on passe chez le Capitaine du port prendre un formulaire, après l’avoir rempli, on le fait viser et tamponner par les services de la PAF (police aux frontières) et ensuite par les services des douanes. Ceci effectué, il faut rapporter le formulaire à la capitainerie. Pour faciliter les démarches, la capitainerie se situe au sommet du rocher de Dzaouzi, la PAF à l’aéroport à l’autre bout de Petite Terre, et la douane sur l’autre terminal des barges pour véhicules. TATAANN !!!!

Je ne vous parlerai pas des horaires d’ouverture des bureaux pendant lesquels on trouve porte close. Persévérons, persévérons !…

 

Mardi 5 septembre

Je peux vaquer librement et partir à la découverte de ce paradis.
Je prends la « barge ». Environ 200 personnes, 5 ou 6 voitures et une dizaine de scooters embarquent en moins de 5 minutes. La traversée dure 20 minutes et me voilà à Mamoudzou. C’est l’Afrique. De très nombreuses femmes revêtent encore la tenue traditionnelle et quelques hommes la tenue musulmane.

Mercredi, j’appelle Gérald, un ami installé ici depuis une dizaine d’années. Il passe me prendre au débarcadère de la barge et m’emmène visiter le Sud de l’île. Nous mangeons au restaurant sur la plage en baie de Gouja et nageons au  dessus de tortues qui broutent une algue rase sans s’occuper de nous. Je peux descendre les toucher sans les déranger : celles-ci mesurent près d’un mètre cinquante de long, elles me semblent énormes, elles pèsent certainement plus de cent kilos. Sur cette plage préservée, les tortues viennent pondre toute l’année. Ici, elles n’ont pas de saison particulière pour se reproduire. Nous pouvons observer plusieurs lieux de ponte protégés par des petites barrières de palme. Nous passons une très bonne journée de visite et retrouvailles.

Samedi, je les embarque à bord de Soléja pour un mouillage dans la petite anse d’Handréma au Nord de Grande Terre.

Nous mouillons par 7 m d’eau sur fond de sable : 12°40’17 S - 45°05’ 48 E.

C’est une première pour Gérald et Annie sa compagne. Tout se passe à merveille et dimanche nous poussons jusqu’à la sortie du lagon par la grande passe Mtsamboro au Nord Est. Nous longeons la barrière sur l’extérieur en pêchant à la traîne, mais nous restons bredouilles. Cette semaine, Gérald m’emmène à la découverte de la partie Nord de l’île. Je suis très surpris du nombre important d’établissements scolaires, que ce soit écoles élémentaires, collèges ou lycées. Tous sont très récents ou neufs et plusieurs sont en construction, cela montre la santé de la démographie des îles. Les autres jours mon ami se débrouille pour me dépanner, il me conduit partout, m’apporte tout ce dont j’ai besoin, du tube de colle spéciale à la bouteille de gaz en passant par les cartouches d’encre pour l’imprimante ou l’appareil photo. Il est à mes petits soins, merci, merci Gérald !

Cette fin de semaine je suis invité avec toute leur bande d’amis à un pique nique BBQ sur une plage. Au dernier moment comme il ne fait pas très beau, nous restons chez Claudine et pique niquons sur sa terrasse. Je passe également une soirée avec Christian et Isa que j’ai connus à Wallis en 2007, ils travaillent ici depuis la rentrée après avoir passé 2 ans à la Réunion. Nous devons nous revoir, mais mon téléphone étant tombé à l’eau, j’ai perdu le contact, dommage !…

Cette semaine, je pars visiter le Sud du lagon, je laisse la passe Bandrele sur tribord et la balise du récif du Laminoir sur bâbord, je passe entre l’îlot Chissoua Bambo et le récif du même nom, puis l’îlot Sazile de sable blanc, je contourne les pointes Sazile et Dapani. Je longe le récif intérieur Bandacouni et passe la baie aux tortues de Gouja, enfin je tourne la pointe Boueni et m’engage dans la baie éponyme. Je m’amarre à une bouée après avoir demandé au voisin si elle était libre. Me voilà paré pour quelques jours. Ce mouillage se trouve loin de tout et je dois faire du stop pour aller visiter les villages environnants. Je fais du stop et ça marche. Un prof m’emmène jusqu’au village, m’invite à boire un verre le soir et vient me chercher pour me conduire chez lui. Nous passons la soirée en compagnie de son colocataire.

Samedi matin, je pars effectuer mes formalités de sortie, je veux récupérer mon nouveau passeport à Diego Suarez. Je fais du stop, un gars barbu et sa famille m’emmènent. Il s’agit d’un sculpteur qui travaille uniquement la noix de coco et l’os. Il fait des bijoux, recouvre des stylos, des pipes. Quelqu’un de très original qui vaut la peine d’être connu.

Samedi 12 et  dimanche 13/09, Gérald et Annie viennent à bord, nous faisons une sortie dans le lagon et sortons par la grande passe de l’Ouest et rentrons le soir à la nuit.

 

Aller retour à Mada :

Lundi 14septembre

Je largue mon amarre pour Madagascar, je sors du lagon par la passe Sud de Sazile vers 14 H. J’ai voulu visiter l’atelier du sculpteur, mais il était fermé, pas de chance !

Peu de vent mais un petit courant favorable et je suis en vue de Nosy Be mercredi en fin de journée. Un mail de Sol m’annonce que je ne suis pas le bienvenu à Mada, mon agresseur a déposé une plainte contre moi. Oui, oui, ça se fait bien ici, plainte contre plainte. L’ambassade de Tana m’a envoyé une mise en garde : si je fais les formalités, je peux me retrouver en cabane pour plusieurs mois !!!

La joie, je ne peux plus récupérer mon passeport à Diego.

Je viens mouiller en baie de Cratère tout près du cata de Marc et Julie avec qui je passe la soirée. Jeudi matin, je vois quelques connaissances, Daniel et Serge sur leur cata, Jean Pierre sur son «Fruit de la passion» et je repars vers Nosy Komba, j’aimerai revoir Alifa, mais il n’est toujours pas arrivé. Je vois Ylang et discute un peu avec Patrice avant de poursuivre vers Tanikely pour une dernière baignade à Mada. En fin d’après midi je mets le cap sur Mayotte. J’espère  pouvoir me faire envoyer mon passeport à la préfecture.

 

Vendredi 18 septembre

A  9 H je suis devant la passe de Bandrele et je remonte le lagon en direction de Dzaouzi. Je vais entreprendre maintes et maintes démarches pour ce fameux passeport. Inutile, on ne peut pas envoyer les passeports biométriques ! Je tente la demande d’un passeport d’urgence, inutile, je n’entre pas dans les critères. De guerre lasse, je décide de partir avec mon vieux document archi complet et advienne que pourra !

 

Aller retour à Mohéli :

Je fais mes formalités de sortie et jeudi 25 après midi je largue pour Mohéli à une centaine de milles. Je remonte le lagon, contourne les balises et je coupe par la passe peu profonde du Nord Ouest au Nord de Chissoua Mtsamboro. Une petite brise de Nord Est m’accompagne et pousse Soléja à plus de 6 nds. Quel bonheur de se retrouver en pleine mer !!!

La nuit arrive vite avec sa pleine lune et son cortège d’étoiles. C’est un festival cette nuit, elles sont toutes de sortie, le ciel est complètement dégagé. Je règle la vitesse pour arriver de jour à Fonboni la ville de Mohéli pour faire mes formalités. A 22H je double le Morne de la pointe Sud d’Anjouan, la mer s’aplatit à l’abri de l’île.

A 7 H 30 je suis devant Fonboni et cherche un mouillage. La houle de Nord et le platier ne me permettent pas de mouiller là, ce n’est absolument pas protégé. Je cherche un second lieu, mais très vite je renonce et contourne l’île par le Nord pour trouver un refuge sur la côte Sud Ouest. J’aperçois plusieurs plages au fond de petites criques sur la côte Nord. Je mouille dans un petit abri entre un récif et un platier, devant un minuscule village de cases en feuillage. Il est midi et je suis fatigué. Je mange et je sieste. Deux enfants jouent sur le platier avec leur pirogue, je les appelle et leur donne la bonite que j’ai pêchée cette nuit. Ils sont contents, n’en croient pas leurs yeux. Ils ne parlent pas le français, ne sont pas scolarisés, il n’y a pas d’école dans le village… Les contacts sont plutôt difficiles, je vois peu d’activités dans le village, cela ne me donne pas très envie de descendre à terre… Je vais aller voir l’autre village plus au Sud, il me semble plus important.

Là, surprise, le platier est très large et il faut mouiller à ½ mille de la côte, je passe entre les îles rocheuses et désertes du Sud, le site est merveilleux, enchanteur.

Je traverse ce paysage et décide de retourner vers Mayotte. Bien sûr, d’autres critères sont venus me décider… Je sors de Mohéli vers 17 H 30, cap à l’Est Sud Est avec une brise légère de secteur Nord Est : donc au bon plein ! Dès la nuit, la brise fléchit et Yan doit prendre le relais… Vers 22 H je remonte un beau thazard d’un mètre, il doit traîner depuis un moment car il est déjà tout raide… Je le pends dans la jupe, je le découperai demain en arrivant. Le vent tombe et je dois rouler le génois pour le reste de la nuit.

Dès la pointe de l’aube, vers 5H 30, je suis réveillé par une corne de brume. Suis-je sur la route d’un quelconque navire de commerce ? Vite, sur le pont ! Un gros semi rigide de la gendarmerie maritime navigue en parallèle de Soléja, trois gendarmes à bord. Ils me demandent d’où je viens, où je vais quand, comment,… Satisfaits de mes réponses, ils repartent plein gaz, à 40 nds, vers Mayotte à une dizaine de milles… Leur embarcation, équipée de deux fois 250 CV mesure 7 à 8 mètres de long. La surveillance côtière est efficace. Malgré tout, une embarcation d’immigrés se brise quasiment chaque semaine sur un platier et de nombreux corps inanimés sont repêchés, les autres ont été la proie des grands fauves des mers. Rares sont les rescapés, les Anjouanais ne sachant pas nager, ils ne survivent pas longtemps…

Vers 8 H, je pénètre dans le lagon par la grande passe du Nord Ouest, juste au dessus de Chissoua Mtsamboro et je suis le balisage jusqu’au mouillage. Je croise Eric sur son beau voilier tricolore : bleu marine, bleu ciel et blanc. Il part pêcher et mouiller dans un coin tranquille pour deux jours… Les abris ne manquent pas autour de Grande Terre…

A 11 H 30 je gaffe la bouée de mouillage près du cata de Patrick. Je débite le poisson en filets et en distribue quelques morceaux… J’invite également Patrick à partager mon repas de thazard… Il me confirme le retour de Thierry, l’homme qui va réparer le délaminage du renfort de bas hauban bâbord et me stratifier le trou du taquet avant tribord. Cela va nous prendre la semaine à temps partiel évidemment. Je vais devoir solliciter mon ami Gérald pour la peinture de pont. Il ne lésine pas et m’offre un pot de 4 kg, je n’ai pas plus petit me dit-il ! Plus généreux tu ne trouves pas, impossible !!! Merci encore Gégé !!!

Cela nous permet de nous rencontrer à nouveau un soir au restaurant, juste avant que je ne reparte vers le Sud ! Ce n’est qu’un au revoir mes amis !

On toque à la coque ? Qu’est ce ? Qui est ce ? Je sors ! J’aperçois l’extrémité d’un kayak sous la jupe arrière de Soléja, une chevelure abondante, blonde, bouclée ? OOOHHH ! Jean Yves !!!!!! Quelle joie  de te revoir ! Je ne pouvais pas m’attendre à toi ! Ici ??? Quel bon vent ? - « J’ai fais un convoyage des Seychelles ici, nous sommes arrivés cette nuit et je repars dans l’après midi. J’ai reconnu Soléja et je viens te saluer, voir ce que tu deviens avec ton histoire de fou avec Samarcande, raconte moi …. »- « Et toi, comment…. »

Venu pour 5 mn, Jean Yves repart une heure après… Quelle heureuse surprise ! Jean Yves fait partie des personnes que j’ai particulièrement appréciées lors de mon escale aux Seychelles. Il appartient aux hommes intègres et ceux-ci ne sont pas légion…

Merci de ta visite Jean Yves !

Le temps passe à toute vitesse, je fais également des connaissances au yacht club. Avec Patrick, Thierry, Momo…, nous sympathisons et partageons une bière, quelques repas, passons quelques soirées ensemble… Je retrouve des navigateurs rencontrés sous d’autres latitudes, tels Bernard et Anne, nous avons navigué un peu ensemble aux Marquises, Hiva Oa, Fatu Hiva, Tahuata et Nuku Hiva. Bernard, prof de mécanique en retraite à  Lorient, a construit entièrement son voilier : dériveur intégral, aluminium en forme. Comme moi, ils partent prochainement pour l’Afrique du Sud.

Voilà, Soléja est réparé, paré, il est temps de prendre la météo et de mettre du Sud dans mon cap ! Après un dernier repas « brochetti » sur Petite Terre avec Patrick jeudi soir.

 

Vendredi 26 septembre

Ce matin à 8 H je largue ma bouée d’amarrage, je fais le tour des amis pour un dernier salut : Patrick m’attend sur le pont sur son cata Pimienta bien sûr, Ylang avec Patrice, Marielle et leur 2 filles, J F sur Eros, Anne et Bernard sur Siwa, ils partent samedi pour la même route vers Richads Bay, Afrique du Sud… Tous  ne sont pas encore bien réveillés…

Je vais virer la balise Est du platier de Dzaouzi et cap au sud dans le lagon, j’admire une dernière fois ce joyau de la nature et je sors par la passe de Bandrele. AU REVOIR MAYOTTE !!!!!!!!!!!

Merci à tous les amis que j’ai pu rencontrer ici avec une mention toute spéciale à GEGE et ANNIE !

En route pour L’AFRIQUE DU SUD !!!!

 

Album Grande-terre:              Album Petite_terre :