Dimanche 8 mars :
Nous fuyons toujours à 7,5 nds, Yan à plus de 2200 T. Vers 3 H, les feux de la ville ont disparu, nous sommes toujours seuls sur les flots sombres de la nuit. Nous passons la pointe sud de l’île Katchall et nous pouvons mettre de l’ouest dans notre cap. Vers 4 H, toujours au moteur, Soléja met délibérément le cap sur le Sri Lanka, je pense que nous ne serons pas poursuivis… Je « laisse le soin » à Claire et prends mon quart de repos. Dans la matinée, une petite ondée vient nous rafraîchir ; nous envoyons le génois une heure, puis le roulons, Eole dédaignant nos toiles…
Plusieurs fois ce même scénario se reproduit, une risée arrive, nous envoyons toute la toile et une demi-heure plus tard, la brise tombe et nous rangeons tout. Les vents faibles et changeants viennent animer notre journée : nous envoyons puis roulons le génois… La grand voile restant généralement à poste. Quelle chance, Dame lune est là, accompagnée de milliers d’étoiles, elles illuminent notre nuit pour que celle-ci soit plus merveilleuse encore.
Lundi 9 mars :
3 H, voiles et moteur, nous avançons sur une mer plate autour de 4,5 et nds sur les reflets argentés de la voûte céleste. Toute la journée le vent reste faible et nous gardons Yan au service.
Mardi 10 mars :
Toujours au moteur, nous assistons à un superbe lever de soleil, très coloré.
Les roses pastel laissent vite la place aux orangés. Puis les jaunes d’or cèdent
aux jaunes pâles et enfin Mister soleil monte dans le firmament en emportant
toutes ces couleurs avec lui. La journée ressemble aux précédentes à s’y
méprendre, ciel d’alizés, mais sans ceux-ci…
Dans la nuit, une petite brise nous vient du nord et grimpe jusqu’à 6 nds
apparent : Soléja veut y croire et accélère… Yan peut prendre un peu de repos.
Mercredi 11 mars :
Vers
4 H la brise monte jusqu’à 14, puis 18 nds. Je prends un ris dans la G V en
espérant qu’enfin les alizés arrivent. Des dauphins viennent jouer un grand
moment devant l’étrave de Soléja. C’est un spectacle magnifique sous l’éclairage
de Dame lune toute ronde. Le vent gonfle nos voiles jusqu’ 14 H puis
s’essouffle. Je décide de sortir le spi symétrique pour animer un peu notre
journée et poursuivre à la voile.
Mais le coulisseau de la cloche de tangon ne veut pas descendre… Que se passe
t’il donc ? Je l’avais pourtant bien graissé !... Après maints et maints
efforts, nous arrivons à le descendre et je peux constater les dégâts : les
patins de glissement ont disparu, et une des lèvres du coulisseau est usée. La
pièce se met de travers et empêche le glissement sur le rail. Il faut changer le
coulisseau !!!
Pour cela, je dois démonter la cloche fixe du second tangon : perceuse, pointeau, marteau, rivets…Ce travail inopiné nous prend le reste de l’après midi et une belle nuit calme et bien éclairée par nos amies nous remet de ces perturbations matérielles.
Jeudi 12 mars :
Nous
passons une nuit calme et illuminée, mais sans vent, donc Yan nous propulse,
comme à l’accoutumée…Vers 14 H, j’aperçois un bateau de pêche au loin par le
travers bâbord. Plus nous avançons, plus il semble venir dans notre direction.
Les jumelles et le radar nous confirment qu’il se dirige vers nous. Je monte les
tours, Yan prend 2300 tours et nous propulse à près de 8 nds. Le pêcheur reste
dans notre
sillage, mais il n’appelle pas à la VHF, il semble rester à une distance
constante…
Au bout d’une demi-heure, il lâche prise et reprend son activité. Vers 18h,
alors que nous avançons lentement au moteur, j’entends un gros souffle sur
tribord, puis j’aperçois le jet d’eau qui accompagne le souffle : une baleine,
là, juste là, à moins de vingt mètres de Soléja. « Claire, viens voir, vite,
vite » ! En semi léthargie, le cétacé bouge à peine, son énorme dos émergé, il
émet régulièrement son souffle puissant. Je ralentis encore en m’écartant de sa
trajectoire pour ne pas le gêner. Nous dépassons l’animal, en admiration, nous
n’avons pas le
réflexe de prendre
les appareils photo.
Notre moteur l’a-t-il perturbé ? Majestueusement ce seigneur des profondeurs
nous salue en levant bien haut son immense nageoire caudale et pique vers les
grands fonds nous laissant sans voix. Que d’émotion pour cette journée !!!
Vendredi 13 mars :
Un
bateau de commerce nous croise à 4 ou 5 milles sur bâbord, tout illuminé. Vers 9
H un groupe de dauphins vient jouer sous l’étrave. Ils sont 5 puis 6 et restent
longtemps à nous amuser. A la mi journée, nous distinguons la masse montagneuse
de l’île : Sri Lanka. Nous poursuivons au moteur dans un léger souffle de 3 nds
venant du Nord.
L’après midi est ponctuée par la visite successive de 2 bateaux de pêche d’une
dizaine de mètres. Leur équipage se compose de 4 ou 5 matelots. Ils viennent à
la rencontre des navigateurs en voilier pour discuter un peu, savoir d’où l’on
vient, proposer du poisson et échanger ou demander quelques bricoles :
tee-shirt, casquettes, bière… Puis ils repartent satisfaits de leur rencontre et
de leur tribut.
Samedi 14 mars :
Le
vent se lève dans la nuit et nous propulse à 6 nds. Nous terminons notre étape à
la voile, c’est merveilleux après toutes ces heures de moteur. Nous glissons en
silence tout au long de la côte sud que les agglomérations illuminent
ponctuellement. Les barques de pêche se multiplient et nous apercevons des
lumières fugitives qui s’éclairent lors de notre passage puis s’éteignent
ensuite. Les phares balisent bien la côte et rendent la navigation plus sûre.
Vers 9 H nous sommes en baie de Galle, nous ne pouvons pas pénétrer dans le
port.
Personne ne répond à la VHF, mais les militaires qui gardent l’entrée
nous font signe d’aller mouiller vers la plage.
De là, nous appelons un «agent»
qui va se charger de faciliter les formalités avec les autorités. Nous devons
changer de mouillage et ancrer Soléja à proximité d’une barque de soldats qui
veillent sur la baie, et attendre « la Navy ». Une demi heure d’attente, une
barque arrive, deux hommes en tenue grimpent à bord, saluent l’air très avenant.
Quelques formalités rapides et nous partons vers l’entrée du port, nous devons
accoster au ponton d’accueil. On nous laisse là, nous attendons « l’agent » qui
remplit tous les papiers. Il reste avec nous pour attendre les « customs » : 1
H !!!
En début d’après midi, nous pouvons suivre notre « agent » à l’immigration puis
à la police pour obtenir notre laissez
- passer qui nous
permet de sortir de l’enceinte du port et d’y revenir. Le port de Gallé est un
point stratégique pour le pays. Il a été attaqué par les Tamouls en 2006 : d’où
cette surenchère de sécurité et de contrôles. Le soir nous pouvons rejoindre le
ponton réservé aux plaisanciers. Ouf !!!
Position : 6°01’97 N – 80°13’54 E
Dimanche 15 mars :
Nous
partons à pied vers
la vieille ville en
longeant le bord de mer. Les bus nous dépassent en nous frôlant à toute vitesse
et en faisant hurler leur klaxon. Dépassant le marché aux fruits et légumes,
nous traversons les vieux quartiers pour pénétrer dans l’enceinte
des remparts.
Sur le fronton de la grande porte médiévale, nous pouvons lire les deux
fameuses devises :
« Dieu est mon droit » et: «
Honni soit qui mal y pense » :
cela fait
plaisir de lire du français inscrit ici par les plus grands conquérants du
XVI
ème au
XVIII
ème siècle…
Nous avançons en direction du phare juché sur un bastion de fortification. Cet
amer remarquable toujours en fonction indique l’entrée de la baie aux navires
venant du large. Les énormes remparts, remarquablement entretenus ceinturent
toute la pointe de Galle, ponctués à intervalles réguliers de fortins surmontés
des vestiges de pièces d’artillerie de marine. Nous marchons sur cette muraille
pendant plus d’une heure. Les meurtrières des remparts sont le rendez-vous des
amoureux de la ville, chacune d’elle abrite un jeune couple sous un parapluie
lui servant d’ombrelle. Nous déjeunons sur la terrasse d’une petite auberge
dominant les remparts, avec vue sur la mer et à la fraîcheur de la brise du
large. Nous terminons notre promenade par la visite de la ville moderne qui
offre nettement moins
d’intérêt.
Petit tour au Sri Lanka
Durant notre séjour au Sri Lanka d’une dizaine de jours, nous sommes partis
visiter l’intérieur de l’île. Notre agent nous a très vite proposé un chauffeur
avec qui nous avons établi un programme sur 5 jours.
Nous sommes partis en suivant la côte Sud Est jusqu’à un grand parc naturel,
puis nous avons pénétré dans l’intérieur en direction des montagnes.
Nous faisons halte dans la petite bourgade d’Ella. Une ravissante petite guest
house nous attend un peu à l’écart, près de la forêt. Comme il est encore tôt,
le guide nous propose une promenade à pied dans la montagne entièrement couverte
par les plantations de théiers en direction du « little Adam’s peak » : un
enchantement. Le lendemain, nous prenons le train : un tortillard qui serpente
dans la montagne parmi les massifs de théiers, traverse un col aux environs de
1000 m avant de redescendre vers la ville de Nanu Oya. Là, nous visitons une «
tea factory ». Bien sûr, nous achetons plusieurs variétés de ce célèbre «ceylan
tea ». Pendant l’après midi, nous rejoignons la ville de Kandy dans le centre de
l’île. Nous assistons à un magnifique spectacle de danse composé
de 12 ballets
différents symbolisant la vie dans les campagnes. Le spectacle se termine par
une marche sur des braises incandescentes ; nous apprécions beaucoup moins ce
genre de démonstration !
La
nuit arrive, nous avons encore le temps de visiter un temple Bouddhiste :
le temple de la dent
de Bouddha
!!! Tous les soirs les gardiens du temple ouvrent une porte et l’on peut
apercevoir un tabernacle censé
renfermer une dent de Bouddha !
Il va sans dire que les fidèles se pressent et
se prosternent en rangs serrés ! Le troisième jour notre guide nous arrête dans
un « jardin d’épices ». Le maître des lieux nous fait découvrir les plantes
aromatiques et médicinales qu’il cultive, en insistant sur toutes leurs vertus.
Puis il nous invite à une séance de démonstration des effets de ces plantes.
Nous sommes pris en main par des masseurs qui nous triturent et nous malaxent
pendant un certain temps, enfin nous passons au magasin !!!…
L’après midi, nous visitons
le temple bouddhiste Dambulla
situé lui aussi au
sommet d’une colline. Il est entièrement creusé sous une roche proéminente et
renferme quantité de sculptures de Bouddha, couché, assis…
Le quatrième jour nous partons pour Sigiriya, nous montons à l’assaut d’une
forteresse érigée au sommet d’un piton rocheux par le prince parano : Kasiapa.
Il s’est réfugié là après avoir passé par les armes son père et toute la gente
régnante. Nous gravissons les 2000 marches en plusieurs étapes sous une chaleur
accablante. Mais arrivés en haut, quelle récompense, quel spectacle magnifique.
Les ruines et les quelques fresques restantes nous permettent d’imaginer la vie
dans ce palais…
Le prix des visites augmentant de
manière démesurée au
fil des jours, nous en annulons quelques unes… Nous partons visiter la ferme
des éléphants. De 15 H à 16 H 30 les cornacs leur font prendre un bain prolongé
dans la rivière à la grande joie des touristes de tous horizons. Ensuite tout ce
beau monde traverse les rues du village et rentre au bercail pour le repas et
nous pouvons assister à leurs agapes.
Le cinquième jour nous traversons le sud ouest de l’île pour rentrer à Galle.
Nous ne passerons pas par Colombo, le chauffeur n’y tient pas, il craint la
délinquance et les embouteillages interminables… En arrivant nous retrouvons
Marc et Julie, un jeune couple français sur un beau cata et la soirée se passe
devant un pastis…
Albums photos :
Galle
l'intérieur
Sigiriya