Lundi 23
mars:
Journée d'avitaillement, nous partons voir un fournisseur en tout genre: Mike,
un ancien agent qui peut tout faire ou presque. Nous passons commande pour tous
nos vivres. Puis nous prenons le « tuc tuc » pour faire un tour de marché.
Mardi 24 mars :
Ce matin on nous livre le carburant et l'avitaillement et nous avons rendez-vous
avec l'agent, les douanes et à 13 H avec la navy pour les ultimes formalités.
Pour Soleja, tout se fait en temps et en heure. Alors que le couple de français
sur le cata « Zorba » prend un peu de retard à la « laundry », il voulait partir
en même temps que nous !..
J'inspecte une dernière fois le pont, avant de larguer. Aïe, un boulon du taquet
avant tribord a lâché et a endommagé le pont, que faire ?
Réparer sur place, cela va prendre deux jours au moins. J'opte pour une
réparation de fortune que je fais juste avant le départ. 14 H, nous larguons les
amarres ! Demi-tour en marche arrière entre les deux rangées de bateaux, la
marge reste très mince, mais ça passe sans toucher. Il faut dire que l'on se
trouvait dans un fond de port soumis à un ressac quasi constant. Nous passons
les chicanes du port, accompagnés de la vedette de la «navy » qui vérifie que
nous prenons bien le large. Le port est ouvert et refermé complètement par une
grosse barrière flottante à chaque passage d'un navire important. Des militaires
veillent partout et filtrent chaque bateau. Même les pêcheurs doivent montrer
patte blanche. Sécurité oblige, les « Tamouls » avaient attaqué le port en 2006
!.
Nous voilà dehors, cap au sud pour sortir de la baie. Il faut ranger les
défenses (ou pare battages), lover et ranger les amarres, j'en avais sorti six
au total. Cela nous prend une bonne heure. Nous admirons au passage les
fortifications qui entourent la pointe du phare et mettons le cap sur les
Maldives, au 255°.
Vers 16 H, alors que nous sommes au largue à faible vitesse, par moins de 10 nds
de vent, nous apercevons un spi dans notre sillage : mais bien sûr, c'est «ZORBA
» qui veut nous rattraper, ça stimule !. Soleja ne va pas se laisser faire comme
ça ! Il va lutter. vite les écoutes, sortons «Boudu », notre spi asymétrique de
120 m2. En peu de temps « Boudu » est envoyé et se gonfle fièrement. Malgré
tout, «Zorba» gagne du terrain : le cata est quand même plus rapide, surtout
celui-ci : deux flotteurs fuselés de 44 pieds, deux grandes dérives sabres,
grand spi symétrique. Il remonte..Alors, j'envoie en plus le génois tangoné au
vent sur tribord, (en choquant le tangon, je peux le garder jusqu'à 120° du vent
apparent).
Soléja a fière allure avec ses trois voiles hautes. « Zorba » remonte, mais
moins vite !. « Zorba » nous rejoint avant la tombée de la nuit et nous
communiquons par VHF : « c'est du jamais vu ce genre de voilure », nous dit
Marc. Il aimerait faire routes parallèles et discuter de temps à autre, comme le
vent reste faible ou absent, nous irons quasiment à la même vitesse. Je peux
garder les trois voiles jusqu'à 22 H, puis le vent tombe et je dois tout affaler
pour la nuit. Yan 1500 T nous emmène entre 4 et 5 nds en ronronnant doucement.
Nous naviguons donc à vue toute la nuit et nous nous appelons toutes les 4 à 5H.
Mercredi 25 mars:
3 H, je reprends mon tour de garde, les feux de « Zorba » sont sur l'avant
tribord, c'est sympa, la nuit s'en trouve un peu plus animée. Il fait très beau,
nous sommes au premier quartier de lune montante, donc nous ne l'avons pas
longtemps la première semaine, elle se couche tôt. Sous les tropiques, le
croissant de Dame lune se couche à l'horizontale, comme dans un berceau, puis il
sombre dans les flots sombres.
Vers midi, un petit « nordet » de 4 nds me fait envoyer la totale, comme hier,
GV, spi asymétrique (Boudu) et génois tangoné au vent. Malgré tout, nous ne
dépassons pas les 5 nds. A partir de 15 H nous appelons « Yan » en renfort pour
le reste de la journée et de la nuit.
Jeudi 26 mars:
Petit « Sudet » ce matin, le vent vient sur bâbord, cela nous permet de changer
d'amure, génois et GV, avec l'aide de « Yan », bien sûr. Vers 0 H, par 5°N et
76° 44 E, un groupe de 4 puis 5 dauphins vient jouer sous l'étrave de Soléja
pendant une bonne demi-heure. Nous appelons « Zorba » mais eux sont plus haut
sur l'eau et de leur cockpit, ils ne les voient pas, dommage pour eux.. Dans
l'après midi, un petit grain vient nous rafraîchir et nous apporte un peu plus
de vent. Soléja accélère jusqu'à 6 nds !!! Eole ne va pas rester longtemps,
malheureusement..
Nous sommes toujours en contact radio et visuel avec « Zorba ». Nous discutons:
« est- il préférable d'accélérer pour arriver ce soir à Male, ou bien laisser
aller et arriver samedi matin » ? Aux Maldives, ils sont musulmans et le
vendredi soir est jour de prières. Nous optons pour une nuit supplémentaire.
Vendredi 27 mars:
Vers 6 H, un petit « Sudet » arrive, de 8 nds, j'arrête « Yan » un moment.
Tiens, « Zorba » a disparu de l'horizon, et nous ne pouvons plus le joindre par
VHF..La journée passe avec alternance, voiles et moteur, vitesse réduite.
Pendant la nuit, nous apercevons les avions qui atterrissent à Hulumale et le
halo de lumière de la ville de Male.
Samedi 28 mars:
Les lumières des atolls se rapprochent et grossissent, les phares et balises
sont bien distincts, dès 5 H. Vers 9 H, les voiles sont affalées et le pont
rangé, nous empruntons la passe Sud entre Male et Hulumale et nous remontons
vers le Nord, le long du platier de l'aéroport.
Marc annonce à la radio qu'il
est passé par le Nord et qu'il entre dans le lagon. Il nous semble apercevoir « Zorba » au loin.. Nous préparons notre arrivée, et ce faisant, j'infléchis ma
route sur l'est et HOP, toc, toc, toc, sur le platier !!! Tout de suite, Marc
arrive avec son annexe et deux autres bateaux viennent pour nous aider. Un
bateau de promenade arrive et nous libère en un instant.
10 H, Soléja mouille dans le Nord du lagon par 8 à 9 m d'eau parmi trois autres
voiliers français sur 5 à l'ancre. Jean sur un « super Maramu », Amel, Patrick
et son équipière Rolande sur un « Neptune 135 », mais oui, mais oui, le N° 9 de
la série de 12 : Le 12ème étant Soléja !!! Et puis « Zorba » de Marc et Julie.
Position : 4° 13' 510 N, 73° 32' 262 E, 425 milles parcourus avec des records de
lenteur.
A 10 H 30 Marc nous demande si on a de l'eau fraîche ? Pour le pastis, bien sûr
! Ca commence bien !!! Nous allons faire la connaissance de tout ce petit monde
et échanger les infos sur les us et coutumes du coin ! Patrick et Jean ont dû
prendre un agent pour faire les formalités : 400 US$ !!!
Plus le permis de croisière dans les atolls : 400 US$ !!!
Badaboum la douche, elle n'est pas froide, mais glacée, c'est le pôle sud, pas
les tropiques !!! Je refuse une telle arnaque, un tel racket, mais comment s'y
prendre ? Marc ne tient pas à payer non plus, il ne va pas faire de formalités
et repartir dès que possible. Mais nous devons les faire, nous, Claire doit
repartir mardi par avion. Elle doit être en règle. Nous sommes loin de la ville,
on peut espérer ne pas avoir les visites des autorités tout de suite. En fin
d'après midi, Marc et Julie prennent le ferry pour la ville de Male pour se
rendre compte de l'atmosphère.
Le soir, nous mangeons tous ensemble dans un petit resto populaire et nous
échangeons nos expériences. Nous décidons d'attendre pour les formalités. Marc
et Julie veulent retourner à Male dimanche, puis partir pour les autres atolls.
Dimanche 29 mars:
Ce matin Jean, Patrick et Rolande nous proposent de les accompagner, ils vont
plonger sur un récif juste à l'extérieur du lagon.
Nous ne sommes pas déçus, perroquets de belle taille plus d'1 m, et poissons
multicolores en tout genre, mais pas de requins, l'eau n'est pas très claire et
nous ne voyons pas le fond du tombant à 50 m. Très belle matinée.
Après midi, Marc et Julie ne sont pas encore rentrés, nous prenons le ferry pour
Male. La ville occupe toute la superficie de l'île qui mesure 2 Km de long par 1
de large. Les rues sont étroites et encombrées et la circulation se fait au pas.
Les taxis ont un tarif unique : 20 Rufias (1,5 US$) la course. Nous passons
dans un cybercafé pour téléphoner et lire les mails en attente, puis nous
longeons les docks du port. D'un côté de la rue, toutes sortes de boutiques
entassent les matériaux et les vivres importés, de l'autre, la station de bus,
c'est-à-dire tous les ferries qui desservent les myriades d'atolls, les publics
en bois un peu vieillots et les privés, tout rutilants et puissants, ceux des
hôtels. Lorsque nous rentrons, « Zorba » n'est plus là ! Parti vers de nouvelles
aventures. !
Lundi 30 mars:
Je veux demander aux douanes de faire l' « in » et le « out » en une seule fois
en leur expliquant que je suis arrivé ce jour et que je repars dès que Claire
prend son envol. Bien sûr, c'est Claire qui s'y colle au téléphone ! Elle se
débrouille comme une cheftaine, comme une skippeuse expérimentée. En début
d'après midi, une vedette arrive avec tout le staff à bord: L'immigration, la
santé, les douanes et les affaires portuaires. Ils acceptent que nous ne
prenions pas d'agent, mais je dois partir dans les 3 jours et je n'aurai pas de
permis de navigation dans les atolls.
OUF !!! Tout est fait en moins d'une heure et sans rien débourser !
Pas mécontent le Jackot !
Il nous faudra tout de même aller faire les formalités de sortie dans chaque
bureau en ville le 1er mars. Il nous reste un moment, juste pour un petit
snorkeling sur le bord du platier. Nous voyons de beaux spécimens, mais l'après
midi l'eau est moins claire, nous ne restons pas très longtemps.
Mardi 31 mars:
Revisite de Male, re cybercafé.
Mercredi 1er avril :
A 10 H nous sommes chez les douaniers, ils nous remettent un document à faire
viser et tamponner dans 4 autres services. Nous entamons notre circuit des
autorités. Partout nous sommes bien reçus et les fonctionnaires font leur
possible pour que tout se passe rapidement, avec efficacité. Nous sommes très
agréablement surpris. Vers 14 H 30 nous avons nos papiers en règle.
Claire va
pouvoir décoller ce soir, et moi lever l'ancre demain matin.
Nous pouvons chercher un petit grain grain.
Position actuelle, en mer, vers les Seychelles, après 10 jours de navigation:
04° 22' S, 59° 30' E, et encore à 230 milles de Victoria.
Calme plat et bientôt plus de fuel !!!
Album
:
Maldives