Après deux mois passés à Annecy le Vieux pour les fêtes de fin d’année, revoir famille et amis, me voilà de retour. Je suis arrivé le 15 / 02 à 17 H 30 à Phuket. Une heure après, j’étais à la marina. La transition fut un peu rude. Parti de Genève avec une température au dessous de zéro°, il faisait 32,5° à bord de Soleja à 18 H 30 en début de nuit. Il m’a fallu une bonne quinzaine de jours pour remettre Soleja à l’eau. Le voilà tout pimpant avec son nouvel antifouling, sa  belle ligne de flottaison bleue, son nouveau génois, un balcon avant neuf. Le  moteur a été vidangé, les filtres changés ainsi que la turbine de pompe à eau, une seconde série de batteries de service installé.

Pendant tout ce temps, j’ai pu goûter aux délices de la cuisine thaïe. Chaque midi, je prenais mon repas dans un des trois petits restaurants populaires installés à l’entrée de la marina voisine, Boat Lagoon. Le plat y est à 20 baths, riz, légumes, viande ou poisson : je mange pour 40 à 60 baths. Le cours du change étant de 45 baths pour 1€, calculez le prix du repas ! Le soir, dans un restaurant de la marina, c’est 2 boissons pour le prix d’une : 90 baths et le plat principal à 180 baths. Je ne fais pas souvent la popote !

Mardi 3 mars :

Soleja est gruté et mis à l’eau à 10 H 30. La mise à flot reste un moment particulièrement insolite et émouvant. Mon voilier traverse le parking à bateau, emporté par une énorme grue montée sur des roues de tracteur et va le déposer précautionneusement au fond d’une darse. Là il se met tout naturellement à flotter comme s’il n’avait jamais quitté cet élément. Rapidement, je vérifie qu’il n’y ait pas d’entrée d’eau dans les fonds, je purge le joint presse étoupe et je tourne la clé du démarreur !!!

A la première sollicitation, Yan se met à ronronner. Le sourire me vient aux lèvres, je suis satisfait ! Le grutier peut laisser filer ses élingues, je largue les 4 amarres et je dirige Soleja vers le quai d’accueil tout proche. Claire, mon équipière, m’a rejoint quelques jours plus tôt, elle m’aide à gonfler l’annexe, hisser le  nouveau génois dans  la gorge de l’enrouleur, puis à le rouler. Il reste à faire les pleins des réservoirs d’eau et de carburant. Il est 14H30 lorsque nous larguons les amarres, à marée haute. Je suis attentivement le chenal balisé dans la mangrove par des pieux en béton. Il ne faut surtout pas s’écarter, les hauts fonds sont partout et l’échouage assuré. Il nous faut ¾ d’H pour atteindre la baie de Phuket. Enfin, nous sommes en mer. Après avoir contourné les îles qui protègent l’entrée du port commercial de la ville de Phuket, nous entrons dans la baie d’Ao Chalong pour notre premier mouillage à Ao Yon : il est 17 H 30, 1er bain 2009.

Position : 7°48 546 N, 98°23’ 873 E,
18 milles parcourus au moteur, à 5 nds sur une mer calme.

Mercredi 4 mars :

Départ après le bain matinal, plein sud, nous passons entre les îles Ko Lan et Ko Aeo qui protègent l’entrée de la baie, et mettons le cap au nord ouest en direction de la baie de Patong. Une légère brise nous pousse au largue tribord amure à 5, 6 nds. C’est un véritable plaisir que de remonter cette succession de baies au fond desquelles s’étendent de superbes plages de sable clair. Nous passons un voilier français qui se laisse mollement tirer par son seul génois et nous voilà à l’entrée de la célèbre Pantong bay. Au fond, une grande plage devant la ville, quelques bateaux au  mouillage. Soleja se glisse parmi eux et très vite trouve une place, mais la baie est sillonnée par des bateaux à moteur et des scooters. Trop bruyant pour nous ! Nous relevons l’ancre et quittons ces lieux. La baie suivante, Ao Kam Mara, déserte nous accueille. A peine entrés, une énorme averse s’abat sur nous, la visibilité devient nulle en une minute et nous avançons au ralenti vers le sable pour jeter l’ancre par 8 m d’eau. Il continue à pleuvoir une bonne partie de la nuit.
Position : 7°57’335 N, 98°16’503 E, 26 milles parcourus.

Jeudi 5 mars :

Ce matin, après le petit bain, nous mettons le cap à l’ouest, sur le Sri Lanka à un bon millier de milles. Sous un soleil légèrement voilé et sur une mer parfaitement plate, Yan nous emmène à 5,5 nds. Malgré ce calme, j’espère que le vent va se lever très prochainement. Et bien non, la journée se passe sans vent. Vers 19 H une troupe de dauphins vient jouer un quart d’heure à l’étrave de Soleja. A 10 H 30, un énorme cargo passe à un demi-mille de notre proue, tout illuminé. Il s’en va vers le détroit de Malacca, Singapour ou peut-être Hong-Kong.

La nuit s’écoule tranquillement, nos quarts s’enchaînent jusqu’au matin sous la nouvelle lune montante.

Vendredi 6 mars :

Même type de temps, la journée déroule son chapelet d’heures au rythme de notre imperturbable Yan. A 1500 Tours, il pousse Soleja à 5,5 nds sur cet océan plat.
En cours de nuit, deux cargos passent et filent vers le Sud Est, Malacca les attire décidément beaucoup ces jours-ci !!!

Samedi 7 mars :

Cette nuit, j’ai modifié le cap vers les îles nord de Nicobar. Nous avons beaucoup discuté hier soir, nous avons relu les instructions nautiques, les guides de la région. Bien que nous n’ayons pas de visa indien et qu’il soit obligatoire pour débarquer, j’ai décidé de passer dans le chenal entre les îles Kamorta et Nancowry. Avec un peu de chance, nous aurons l’autorisation de mouiller et de passer la nuit dans une petite crique de ce paradis. Dans la matinée nous apercevons nettement les îles. Vers midi nous distinguons un cargo dans le chenal. Oh ! La surprise prend la taille du cargo: énorme !

Nous qui croyons ces lieux quasi déserts et encore à l’âge de pierre ! Un guide nous disait même que le cannibalisme pouvait encore se pratiquer.…Alors que nous approchons lentement, la VHF grésille. Le maître de port nous demande de nous identifier et veut connaître nos intentions. Nous répondons aux différentes questions en mentionnant que nous ne voulons pas débarquer puisque nous n’avons pas de visa. Cela semble se compliquer. La Navy veut que l’on entre dans le minuscule port pour vérification d’identité. Palabres, y a-t-il suffisamment d’eau ?... Finalement ils acceptent que l’on mouille à l’extérieur du port.

Position: 7°03’73 N, 93°32’ E, 295 milles parcourus.

Ils arrivent à 6 sur un  gros pneumatique, l’un d’entre eux prend une centaine de clichés de Soleja. En voilà deux, puis trois à bord.… Papiers : livret du bateau,  passeports,  « d’où venez-vous ? », « où allez-vous ??? » .Puis de nouveau, nous palabrons. Bien sûr, je sais qu’il faut un visa, mais je ne veux que passer pour admirer leur beau pays, je ne veux pas mettre le pied à terre. Cela dure un certain temps, ils veulent visiter l’intérieur. J’accepte : un seul à la fois ! Ils sont satisfaits.

Bientôt un second zodiac arrive : la police. Et tout recommence. Vers 14 H 30 tout semble dans l’ordre, nous devons attendre pour avoir le feu vert du départ. Mais nous devons rebrousser chemin, nous avons interdiction de traverser le chenal tant convoité.
Vers 17 H, un zodiac revient avec le chef de police et d’autres hommes. Tout recommence : papiers…… Un scribe les recopie entièrement, ils épluchent les visas de tous les pays traversés. Cette fois le chef veut que j’aille à quai. Je refuse, lui disant que je ne peux pas, je n’ai pas de visa. Il veut emporter nos papiers pour photocopier toutes les pages. De nouveau, je refuse. La Navy revient, un peu plus conciliante et tout s’arrange ! Ouf !!!

Nous devons attendre dix minutes, ils nous donneront l’autorisation du départ.  Il est 18 H 30, le soleil se couche sur l’horizon. Une demi heure passe, rien, j’appelle à la VHF, la réponse n’est pas arrivée, il faut attendre demain matin !!!


 

 

 

 

 









Les îles Nicobar : Kamorta

Trop ! C’est trop !!! Je décide de partir à la nuit. 21 H, le zodiac de la police vient tourner autour de Soleja alors que nous dînons dans le cockpit. Hum, hum ! 22 h, même visite, nous sommes toujours dans le cockpit, mais tous feux éteints.… L’escapade semble compromise. 23 H 30, revisite, je suis seul, caché, tous feux éteints, rien ne bouge à bord.…A partir de minuit, l’activité du port diminue fortement et je pense que nous allons tenter l’opération.…A une heure du matin, je réveille Claire, nous remontons l’ancre et en avant toute !

Yan à 2200 tours nous emmène à 7, 5 nds sans bruit, plein Est. Il nous faut contourner le très large platier avant de prendre le sud pour être à l’abri des radars éventuels, derrière le relief de l’île. Je me retourne sans cesse pour  m’assurer de ne pas être pris en chasse par les pneumatiques de la police. Après ¾ d’heure d’Est, je peux enfin mettre plein sud. Encore deux ou trois heures et nous serons en eaux internationales ! Mais un courant contraire nous fait perdre plus d’un nœud. L’adrénaline est à son maxi, s’ils s’aperçoivent de notre départ, ils peuvent encore nous prendre à revers de l’autre côté de l’île en passant par le chenal.

Position du 10 / 03 / 09 à 23 H : 7°04’30 N, 87°59’200 E, 260 milles  parcourus depuis Nicobar, dont une douzaine d’heures sans moteur.

Soléja navigue avec voiles et moteur à 1400 T entre 5,5 et 6 nds sur une mer plate, un vent vrai variable de nord à 4, 5 nds. Vent apparent, de nord ouest de 6 à 7 nds.