NOUMEA – l’ÎLE des PINS - les ÎLES de la LOYAUTÉ
Après la fièvre de l’arrivée, nous faisons le tour de la marina, le bar-resto, les sanitaires…
En rentrant vers Soléja, J. P. me demande où se trouve le voilier de Bernard. Je lui indique et nous nous dirigeons vers son cat-way. Nous arrivons vers son étrave et là, mon pied gauche glisse sur le rebord du ponton et pataplooouuuuffff ! Le Jacques se retrouve dans l’eau du port !!!
Je rattrape mes tongs, je fais surface et là, J. P. me demande si j’ai toujours mes lunettes ?
Je cherche, et non ! Je les ai perdues ! Je remonte sur le ponton, il fait trop noir, je ne peux pas plonger ce soir, j’essaierai demain, lorsque le soleil sera au zénith…
Samedi 17 mai :
Vers midi, je chausse mes palmes et avec mon masque et tuba, je nage jusqu’au bateau de Bernard. Je plonge sur l’avant là où je suis tombé. Je descends, 4 ou 5 m et surprise, l’eau est si trouble qu’il faut arriver à 20 cm du fond pour le voir… Évidemment je ne trouve point mes bésicles et je remonte bredouille.
Je plonge, replonge, mais je ne peux pas me localiser exactement, je ne vois rien, il faudrait arriver le nez dessus pour les retrouver…
Au bout d’un moment, je repars chercher une bouteille de plongée afin de rester plus longtemps au fond.
Pour me localiser, Philippe a l’idée de me tenir une chaîne à la verticale de ma chute.
Après cinq minutes de tâtonnement, je remonte. Hourrah ! Je les ai retrouvées ! Quelle satisfaction !!!
Évidemment, j’ai été l’attraction du ponton durant mes recherches et la réussite a été saluée par tous les spectateurs.
Dimanche 18 mai :
Aujourd’hui, c’est le grand repos, il pleut quasiment toute la journée. Dans l’après midi nous faisons un petit tour de ville.
Ce soir nous sommes invités chez Juliette et Alex. Ils me font visiter leur belle maison décorée d’une multitude d’authentiques sculptures papoues. Nous passons une très agréable soirée en leur compagnie.
La semaine qui suit sera essentiellement consacrée pour ma part aux réparations de Soleja. Il me faut parcourir Nouméa dans tous les sens pour trouver les artisans capables de souder les chandeliers, le voilier qui pourra recoudre la capote, le Ship qui me refera les filières… Mes compagnons profitent de leur temps libre pour parcourir la ville et ses recoins… Michel nous quitte le mardi matin et rentre en France…
Malgré tout cela, je trouverai le temps pour visiter le musée de la ville le soir des animations Kanak et le magnifique centre Jean Marie Djibaou. (vous pourrez voir les photos sur le site lorsque Phil rentrera, fin juillet).
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Samedi 24 mai :
A 9 H, Juliette et Alex nous rejoignent et nous larguons les amarres pour le phare Amédée sur la barrière de corail à l’ouest de la ville.
Nous mouillons à l’abri du motu et nous débarquons pour gravir les 234 marches qui nous permettent d’accéder au niveau de la lanterne et de nous régaler du panorama. La vue de la passe et du platier qu’il nous offre nous enchante.
Position : 22° 28’ 439 S – 166° 28’ 117 E.
Ce phare entièrement métallique a été monté à Paris en 1862, puis démonté et transporté à Nouméa où il fut remonté en 1865 pour assurer la sécurité des navires transportant les premiers bagnards.
Après le repas, nous repartons vers l’est, en direction du chenal Woodin et de l’île Ouen. Nous arrivons de nuit, vers 18 H dans la petite crique d’Iré, le mouillage s’avère délicat, il fait nuit noire.
Dimanche 25 mai :
Alex a emporté tout son matériel de chasse sous marine afin de nous fournir en poissons frais mais il ne peut pas plonger, l’eau est trop trouble du fait des carrières de nickel dans la baie de Prony.
Sur la route de l’île des pins nous traînons deux lignes, à tout hasard…
Avant de virer le dernier îlot, la ligne se tend, vite, vite, nous remontons un très beau THAZARD, d’environ un mètre. Rapidement je le découpe en darnes épaisses et il se retrouve au frais.
Très vite la discussion s’engage, alors, Cigüatera ou pas ????
(maladie qui frappe certains poissons carnassiers des lagons et provoque des démangeaisons et des allergies)
Alex nous certifie que non ! Il téléphone même à l’un de ses amis qui est de son avis….
Mais à bord, l’équipage n’est pas très enthousiaste et traîne un peu de la dent et de la fourchette au lieu de se régaler de ce poisson tout frais.
Vers 15 H nous mouillons en
baie de Kuto, à l’île des Pins, là, une dizaine de voiliers dansent mollement
dans la quiétude de ce lieu merveilleux. Très vite nous débarquons pour marcher
un peu.
Nous traversons l’isthme boisé d’arbres parasols et d’araucarias ou pins colonnaires qui sépare la baie de Kuto au nord de celle de Kanuméra au sud. Nous marchons sur la plage de sable fin de Kanuméra, là se dresse le majestueux rocher sacré. La visite en est interdite aux touristes, mais il est accessible à pied à marée basse aux initiés. Notre promenade nous emmène jusqu’à un hôtel au bout de la plage.
Nous rentrons à la nuit et finalement, je prépare six darnes de thazard au barbecue. Pendant ce temps, Alex fait tremper une ligne appâtée au thazard. En moins de cinq minutes, il sort un beau « bec de canne » de près de deux Kg. Il sera très vite préparé et passé lui aussi sur le barbecue !
Malgré quelques réticences, tout l’équipage se régale des deux poissons, en attendant… les démangeaisons… qui ne viendront pas bien évidemment !!!
Lundi 26 mai :
Après un bon petit déjeuner, nous levons l’ancre, virons l’îlot Bayonnaise et partons vers le sud en direction de l’îlot Brosse (il est hérissé de pins colonnaires), nous recherchons un platier sur lequel Alex pourrait plonger. Mais en vain, nous décidons de faire le tour de l’île par le sud et partons en direction de la très peu profonde baie d’Oro.
Nous contournons le platier et trouvons la passe étroite de la baie promise. Le chenal qui nous en donne l’accès est bien étroit, et très vite les fonds remontent aux environs de deux mètres. Ceci nous oblige à mouiller en un lieu peu abrité et peu confortable.
Nous mettons l’annexe à l’eau, nos équipiers nouméens nous quittent ici, ils reprennent l’avion pour Nouméa à 17 H 30.
Nous les accompagnons et nous faisons le tour de l’hôtel Méridien. Philippe et J. P. en profitent pour pousser jusque chez Régis, et réservent le repas de demain : un « bougna », spécialité locale et trois douzaines d’escargots de l’île, énormes, leur coquille mesure dix cm. Ceux-ci seront emportés et dégustés à bord le lendemain soir.
De retour à bord de Soleja, nous décidons de changer de mouillage et nous nous déplaçons de quelques centaines de mètres afin d’être plus au calme. Nous mouillons entre des patates de corail, par 3 m de fond.
Mardi 27 mai :
Ce matin, nous partons très équipés. Dans un premier temps, nous entreprenons une promenade en forêt à destination de la baie voisine, Upi, très peu profonde et interdite aux voiliers. Un lieu idyllique que l’on peut atteindre par un sentier en une heure de marche en sous bois. Lorsque nous débouchons sur la baie, nous voyons arriver deux pirogues à balancier et à la voile transportant chacune une demi douzaine de touristes. C’est un beau spectacle qui me remémore les felouques sur le Nil en haute Égypte. Au retour, nous prenons masque et tuba pour une petite plongée dans un bras d’eau de mer à la faune très riche, une piscine naturelle. Nous pouvons admirer une grande variété de poissons multicolores, des coraux, des oursins aux piquants démesurés de plus de vingt centimètres. |
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Au bout d’une heure, l’eau fraîche nous fait nous arracher à cette féerie et tout ceci nous a affamé. Nous partons chez Régis pour dévorer le « bougna » aux langoustes qu’il nous a préparé. Nous sommes un peu en avance, nous pouvons prendre une douche dans le parc du gîte et observer la taille d’une pirogue dans le tronc d’un énorme pins colonnaire de huit mètres de long et d’un bon mètre de diamètre.
Ensuite, nous assistons à la sortie du « bougna » du four avant de passer à table.
Quel régal !!! Une grosse langouste par personne accompagnée de légumes locaux, ignames, taros, patates douces, tout ceci a cuit à l’étouffée dans des feuilles de bananiers sur un lit de braises recouvertes de pierres chauffées à blanc, de terre et de cendres. Laissez mijoter trois heures et servez.
Vers quatorze heures, nous rejoignons Soleja, nous relevons l’ancre pour changer de baie et trouver un coin tranquille. Nous empruntons le chenal étroit et sortons du platier de la baie d’Oro. Nous longeons le très long platier de l’Aventure sur lequel la houle déferle, empruntons la passe Upé (23° 31’ 175 S’ - 167° 29’ 26 E) pour entrer dans la baie de Uapan. Nous contournons l’îlot Ngié par la passe du même nom et repartons plein sud. A la hauteur du récif Voemea, nous pénétrons dans la très peu profonde baie de Gadji, moins de cinq mètres d’eau. Nous cherchons le minuscule passage qui mène au petit mouillage tranquille. Mais la marée est trop basse, elle nous contraint à rester à l’extérieur et nous devons mouiller par moins de deux mètres d’eau, dérive haute bien sûr.
Nous allons passer notre dernière nuit à l’île des pins seul dans ce petit lagon de deux à trois mètres d’eau.
Au menu, ce soir, les escargots de l’île des Pins, préparés comme les escargots de bourgogne, au beurre et fines herbes !!!
Position Gadji : 22° 32’ 351 S – 167° 25’ 187 E;
Les îles de la LOYAUTE
Mercredi 28 mai :
Position :
Lever, 6 H, nous petit déjeunons copieusement et levons l’ancre vers 6 h 45. Nous sortons de notre mouillage avec précaution, nous sommes dans à peine 2 mètres d’eau. Heureusement, les patates sont peu nombreuses et l’eau claire nous permet de bien les distinguer.
En sortant de la baie de Gadji, nous contournons le récif Voemea et nous nous dirigeons vers la passe Ngié entre les îlots Ngié et Bumbu pour rejoindre la pleine mer.
Cap au 24° sur l’île de Maré, la première des trois îles de la Loyauté située à l’est de Grande Terre de Nouvelle Calédonie.
Dès que nous sortons du lagon, le vent de sud-est monte et passe de 10 à 15 et 20 nœuds. Je mets Yan au repos et sous GV et génois, Soleja accélère et file ses 8 nœuds allègrement par vent de travers et sous une bonne gîte.
La mer s’agite un peu avec la montée du vent et les crêtes blanches sont de plus en plus marquées et nombreuses.
Vers 10 H, le vent a grimpé à 25 nds et je dois prendre un ris dans la GV. Nous marchons entre 7,5 et 9 nœuds avec des surfs à plus de 10, malgré un courant contraire de près d’un nd.
Nous avons une belle matinée, un ciel dégagé, un beau soleil, du vent et une mer d’enfer ! Nous avançons bien !
14 H, le baromètre entame une petite descente, 1019 Hpa, le ciel se couvre, le gris anthracite nous entoure et teinte ciel et mer.
Soleja cavale toujours aux alentours de 8 nds sous un vent de 15 à 25 nds, le courant défavorable s’atténue peu à peu. L’île Maré et le cap Wabao est en vue.
A 16 H 30 nous entrons dans le petit port désert de Tadine, le seul de l’île. Nous venons accoster à l’ancien quai des caboteurs, nous ne pouvons pas utiliser le nouveau quai du ferry, il arrive demain.
L’amarrage est un peu laborieux, le ressac nous éloigne du quai et celui-ci se trouve à plus d’un mètre au dessus du pont de Soleja, impossible de sauter à quai pour nous déhaler. Heureusement, un 4 X 4 arrive, un jeune homme descend et nous attrape une amarre. Nous sommes sauvés !!!
Il faut terminer l’amarrage, mettre des gardes, remplacer les amarres textiles par des chaînes pour les protéger du ragage sur le vieux quai en béton dégradé. Le temps de ranger un peu, il est 17 H 30 et la nuit tombe sur l’île Maré.
Position : 21° 32’ 861 S – 167° 52’ 637 E. 69 Milles parcourus.
Jeudi 29
Jeudi 29 mai :
Nous partons en quête d’un
moyen pour faire le tour de l’île, à l’office du tourisme on nous envoie vers le
directeur des restaurants scolaires. Ce monsieur nous reçoit très cordialement,
dans son super bureau et se démène au téléphone pour nous trouver une voiture de
location. Les personnes que nous rencontrons sont toutes très affables et ne
demandent qu’à nous rendre service.
Vers 10 H le loueur arrive
et partons dans notre nouvelle 307 faire le tour de l’île, visiter les
curiosités locales.
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- L’aquarium naturel : sorte d’échancrure dans la côte rocheuse, bordée de végétation, dans laquelle se cachent et se reproduisent toutes sortes de poissons. - Tombe de Yeiwéné Yeiwéné assassiné avec son compagnon de lutte Jean Marie Tjibaou en 1989 à Uvéa, un an après les accorts de Matignon. - La baie des tortues - La grotte de Péthoen (trou bleu) - Le Bone de la Léproserie et le trou de Bone, qui sont deux grandes cavités naturelles au fond desquelles on trouve une réserve d’eau douce. Au fond du trou de Bone se trouve une petite île de sable sur laquelle pousse une végétation de sous bois et un arbre. - le Saut du guerrier qui est une grande faille à 30 m au dessus de la mer. La légende veut qu’un valeureux guerrier poursuivi par des ennemis ait franchi cette faille et ainsi sauvé sa peau. - A Roh, le monument des premiers missionnaires protestants qui débarquèrent des Tonga ; au dessus du monument, la falaise abrite les restes de la pirogue dans laquelle ils auraient voyagé. |
La journée a été variée et bien remplie, lorsque nous arrivons au bateau, il fait grand nuit, heureusement que nous ne remettrons le véhicule que le lendemain !
Vendredi 30 mai :
Jour de marché, tout près du quai, devant la mairie, chaque semaine se tient le marché. Nous en faisons le tour, discutons avec les personnes qui vendent leur production. Les acheteurs ne se bousculent pas, nous pouvons prendre notre temps.
Vers midi, nous nous dirigeons vers un petit falé, une construction en bois recouverte de feuilles de palme. Là se trouve la guinguette de Marguerite, une mama plantureuse, qui prépare des repas à base de poisson et de légumes du marché. Aujourd’hui, elle a préparé du vivaneau, un poisson excellent avec lequel nous allons nous régaler.
Pendant que nous dégustons notre festin, nous observons le marché tout proche et nous remarquons que les vendeurs jouent au bingo (loto).Ils ont 3 annonces : le terno, 3 pions alignés, la quine, et bingo : le carton. Pour le terno, c’était 40 kg de taro, pour la quine, 60 kg et au bingo, 80. Rassurez vous nous n’avons pas joué !!! Renseignement pris auprès de notre hôtesse, c’est bien cela, ils jouent les légumes qu’ils n’ont pas vendus, et jusqu’à ce que tout soit parti. La partie peut durer jusqu’à la nuit…
En milieu d’après midi, le ferry Bético arrive et déverse sous une pluie battante sa cohorte d’habitants de Maré revenant de Nouméa ou d’une autre île pour faire des emplettes ou visiter un parent.
L’effervescence ne dure qu’une petite heure, le ferry repart presque aussitôt. Dans la journée, il part de Nouméa et dessert les trois îles de la Loyautés : Uvéa, Lifou et Maré, puis il rentre sur Nouméa.
L’après midi passe très vite, il fait gris, une petite bruine nous enveloppe de temps à autre, nous enveloppe. Nous taillons la bavette avec les quelques curieux qui osent s’approcher et poser des questions…
Pour clore notre journée, nous faisons un tour au super marché de Tadine, la superette « TROP TARD », elle est assez bien achalandée, on trouve un peu tout, de la laitue à la brouette, à la débroussailleuse ou à la ligne de pêche. Il fait déjà noir lorsque nous sortons.
La nuit tombe tôt, à 17 H 30, le soleil a disparu; alors, aujourd’hui qu’il fait gris, elle arrive encore plus vite !
Samedi 31 mai :
La nuit a été un peu agitée, le vent et le ressac ont fait grincer les amarres dans les chaumards malgré le fourrage que j’avais intercalé. Ce matin, le ciel reste plombé, une pluie intermittente ne nous incite pas à rester.
Nous larguons vers 7 H 15 et partons en direction de la côte est de Lifou.
A la sortie du port de Tadine, un vent d’E S E de 15 nœuds nous permet d’envoyer la toile. Comme nous sommes à l’abri de l’île et qu’Eole souffle déjà ses 15 nds, je garde le ris dans la G V et je déroule tout le génois. Soleja démarre et très vite passe les 6 puis 7 nds.
A 9 H nous passons à la hauteur du cap Machau au nord ouest de Maré, à 10 H nous avons passé l’île Dudune. Nous ne sommes plus protégés par une terre et nous recevons la mer à 120°. Soleja taille son sillon dans l’écume entre 7 et 9 nds.
Vers 10 H 45 nous apercevons l’île Léliongat sur bâbord, puis c’est Oua que nous doublons également par bâbord. Nous poursuivons à bonne allure vers l’île Vauvillers que nous laisserons sur notre tribord. Nous apercevons déjà le cap des Pins sur la côte est de Lifou.
Le vent s’est établi entre 20 et 25 nds, avec des rafales à 35 et nous propulse entre 7 et 9 nds avec des accélérations à plus de 11 lorsque les vagues nous poussent un peu plus fort. A 13 H 30 nous doublons le cap Daussy et A 14 H 30 nous entrons dans la baie de Chateaubriand. Nous affalons devant l’entrée étroite du petit port de Wé. Nous pénétrons au ralenti dans cette minuscule passe, tournons derrière le ponton des caboteurs, et là, merveille, une superbe petite marina se blottit dans une petite crique de corail. Un magnifique havre de paix, nous serons très bien ici pour quelques jours. A 15 H les amarres sont tournées aux taquets et à 15 H 30, Soleja se trouve paré pour l’escale. Position : 20° 55’ 122 S – 167° 16’ 71 E. 55 milles parcourus à presque 8 nds de moyenne. |
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L’après midi sera consacrée à la reconnaissance des lieux, nous faisons le tour de la marina et des quelques commerces des environs. En fin d’après midi, nous nous prélassons sous une vraie douche bien chaude, avec de l’espace…
Le soir, JP et Philippe partent en quête d’un établissement pour regarder le match de foot du Jubilé Karembeu (natif de Lifou), qui oppose l’équipe de France Championne du monde à une sélection de joueurs océaniens. Ils seront pris en stop par un habitant qui les transportera gracieusement vers plusieurs snacks ou restaurants, jusqu’à trouver un hôtel ouvert possédant la télé. Au retour ils seront également pris en stop et ramené jusqu’à l’entrée de la marina. C’est dire la gentillesse des autochtones !
Dimanche 1er juin :
Nous partons en direction vers le village de Wé, à 1 Km environ du port. Wé s’étire tout en longueur, nous passons le bel ensemble de bâtiments du dispensaire, puis c’est l’école, le marché sur le bord de mer, et nous arrivons à la station service et à l’incontournable superette.
Tout au long de notre marche, nous remarquons plusieurs propriétés décorées à l’aide de coupons de tissus, de plantes et quelquefois de ballons. Ce sont les vacances et nous sommes dans la saison des mariages !!!
Toutes les familles s’affairent aux préparatifs. Ces cérémonies durent plusieurs jours. D’abords, les familles reçoivent la future épouse, puis ce sont les palabres durant lesquels les futurs époux sont présentés aux chefs et aux anciens. Durant ces palabres, ils doivent écouter les conseils des ceux-ci sans moufter. Enfin vient le mariage et c’est la grande fête !
Nous arrivons vers la grande case communale et là, des dizaines de personnes s’affairent à la préparation de repas, des tables sont dressées pour le mariage qui aura lieu dans trois jours. Des dizaines de marmites fument sur des feux de bois, de l’eau boue dans des faitouts, des sauces mijotent un peu dans tous les coins, toute cette cuisine se prépare en extérieur. Pour cuire tout ceci, de gros tas de troncs et de branches d’arbres sont en attente à l’écart. Tout cela nous semble démesuré. Nous demandons quelques explications à un homme que nous venons de saluer. Il nous dit que l’on prépare à manger pour les deux familles pour trois jours, que chaque famille vient avec deux ou trois cents personnes…
Evidemment, cela fait beaucoup de bouches à nourrir…
Une autre personne vient nous saluer, elle nous explique comment va se dérouler la cérémonie, puis nous parle de l’évolution des meurs. Il y a trois façons de se choisir, le mariage arrangé traditionnel qui a encore cours, le mariage par amour où les époux se choisissent et le mariage après les enfants, lorsque les époux veulent forcer l’acceptation des parents. La personne qui nous entretient nous parle de tous les problèmes de la société kanak et des tribus, cette personne qui organise la fête s’avère être le directeur d’un collège privé de la ville… Sur la route de notre retour, nous découvrons plusieurs maisons qui préparent des mariages.
Maintenant nous devons préparer notre excursion de demain et chercher une voiture.
Lundi 2 juin :
Il est 10 H lorsque nous partons et quelle est la première chose que nous rencontrons ? Un mariage bien sûr !
Evidemment, nous nous arrêtons à cette cérémonie religieuse… Nous allons rencontrer plusieurs personnes qui veulent discuter, savoir d’où l’on vient, où l’on va… Et chacune d’elle nous explique qui sa position dans la famille, par rapport aux nouveaux époux, qui sa place dans la tribu, la signification des couleurs qui indiquent l’appartenance à une famille. Chacun parle très volontiers et nous souhaite la bienvenue, certains même voudraient que l’on reste la journée avec eux, nous invitent au repas.
Au bout de deux heures nous décidons de repartir vers le nord est à Tingeting. Nous voulons visiter la grande chefferie du nord. Le chef possède une immense maison moderne, mais il vit dans sa case, une très belle case, il fait visiter les deux. Mais pas de chance pour nous, il est de mariage et il ne nous sera pas possible de l’approcher.
Nous poursuivons vers la grotte du diable. C’est Adrien qui fait visiter ce lieu magique. Adrien, bien curieux personnage, artiste peintre, poète à ses heures, d’une culture très éclectique, il nous parle des plantes environnantes en nous donnant les noms scientifiques comme les noms usuels et leurs applications en pharmacopée locale. Il nous parle de la formation géologique et de leur époque, il joue du précambrien comme du jurassique avec une aisance déconcertante.
Sur le sentier qui nous emmène aux grottes, tout d’un coup, il nous laisse avec son fils de sept ans pour nous conduire et lui rebrousse chemin sans plus de cérémonie. Le fils tout aussi prolixe que son père ne nous donnera que des explications succinctes sur la suite du parcours. Nous verrons tout de même deux très belles grottes, dont une habitée par des roussettes, une variété de petites chauves-souris.
Nous parcourons les sous bois d’une vanilleraie et marcherons sur les falaises de Jokin qui surplombent la mer tout au nord de l’île.
IL est 15 H lorsque nous trouvons enfin un petit resto, sa carte est la bienvenue. Le patron, ancien légionnaire a vécu trente ans en métropole, il est revenu dans sa tribu où il a décidé d’ouvrir une guinguette. Nous nous régalons de jus de fruits frais, de salades de papayes vertes au marlin fumé et de calamars braisés aux haricots 4 coins.
Nous passerons par la chapelle de Lourdes d’où nous avons une vue sur les baies de Santal et de Jinek.
La nuit ne tardant pas, nous rentrons au bateau après avoir fait nos courses.
Mardi 3 juin :
Après avoir rendu le véhicule, nous larguons les amarres vers 9 H, nous sortons
précautionneusement de la chicane qui protège l’entrée du port. Dès que nous ne
sommes plus abrités par la digue du port, nous recevons une grosse houle et un
vent de sud est de vingt nœuds. J’envoie la GV à un ris et 2/3 du génois. Je me
fais tremper au pied du mât pour envoyer la GV, la houle passe déjà pardessus le
pont.
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Rapidement, Soleja file ses 7,5 nœuds et nous mettons l’étrave sur le cap Chateaubriand au nord de la baie. 11 H nous sommes à la hauteur du cap Bernardin et nous empannons le génois en faisant route au 310°. Nous filons vent arrière à 8, 9 nds dans une belle houle bien formée. Midi, nous empannons la GV pour faire route au 260°, nous passons le cap Escape au nord est de Lifou. A 13 H 30, le vent chute à 15 nds, la houle faiblit, nous sommes abrités derrière le cap. Nous entrons dans la petite baie de Jokin (ou Joking) et cherchons un emplacement parmi les têtes de corail pour jeter notre ancre par 10 M de fond. Pour terminer l’après midi, les membres de l’équipage vont snorkeler sous les falaises. Les ados du village les canardent avec des mandarines pour leur souhaiter la bienvenue. Ils ne vont pas trop s’attarder… Position : 20° 41’ 330 S – 167° 07’ 243 E . 25 milles parcourus. |
Mercredi 4 juin :
Nous attendons Juliette et Alex qui arrivent de Nouméa par avion, ils viennent passer deux jours à bord.
Vers 8 H 30 ils descendent les escaliers de la falaise et à neuf heures, nous relevons l’ancre.
Dès que nous sortons de l’abri de la falaise, le vent souffle à 20 nds. Au grand largue, avec un ris dans la GV et le génois, nous filons les 7, 8 nds dans une belle houle.
A 9 H 30, le vent monte, 20, 25 nds, la vitesse aussi : 8, 9 nds. Au cap 275°, au vent arrière, nous empannons le génois et le tangonons.
13 H, nous empannons la GV et passons au cap 250° au grand largue, nous approchons de la côte sud est d’Ouvéa que nous allons longer.
15 H, nous passons la pointe Akijiwic au sud ouest et nous empannons le génois.
15 H 30, nous doublons la pointe de Mouli et pénétrons dans le lagon à la voile par la passe étroite du Coetlogon. Là, le vent nous lâche, nous sommes à l’abri derrière les falaises de l’île. Nous allons terminer avec l’aide de Yan. Nous remontons jusqu’à Mouli et mouillons devant une immense plage de sable blanc par 2,5 m d’eau. La plage est complètement déserte, une cocoteraie se dresse en arrière plan. Nous ne bougeons plus, nous admirons pendant un moment…
En prenant un verre, Juliette et Alex nous annoncent qu’il existe un restaurant à deux pas d’ici qui prépare très bien le crabe de cocotier. La décision est très vite prise et Alex téléphone pour savoir s’ils peuvent le préparer pour ce soir. Bingo ! Nous allons mouiller Soleja devant le Paradis d’Ouvéa, c’est le nom de l’établissement. A 19 H 30, nous débarquons en annexe sur la plage de cet établissement. Nous allons passer une très belle soirée dans ce lieu enchanteur et nous régaler de ces énormes crabes.
Jeudi 5 juin :
Après le petit déj, nous déplaçons Soleja pour aller voir les poissons sous le pont de Mouli. Il s’agit d’un passage de mer entre deux parties de l’île, le courant de marée y est très fort et toutes sortes de poissons transitent par là, parfois, l’on peut voir des requins. Nous observerons des tortues et verrons chasser les gros. J P plongera ainsi qu’Alex pour en voir un peu plus.
Après la baignade et une promenade autour du pont, nous partons mouiller près du village de Fayaoué, en cours de route nous prenons un petit thon rouge.
Pour terminer la journée, Alex part chasser, en peu de temps, il rapporte un gros poulpe, un bec de canne, une loche à points bleus et un blanc blanc. Nous ferons cuire tout cela au barbecue dès ce soir. En fin de repas, grosse surprise il a préparé une tarte au citron pour mon anniversaire et oui et j’aurai même droit aux bougies : des allumettes !!!
Vendredi 6 juin
Ce matin, J P, Juliette et Alex nous quittent, nous les accompagnions au taxi qui les emmène à l’aéroport.
Tout près de la plage sur laquelle nous débarquons avec l’annexe, un kanak fait un feu, nous approchons pour converser un peu. Il prépare les braises et fait chauffer les pierres qui vont cuire le « bougna » aux poissons qu’il a préparé pendant qu’il va avec sa femme travailler ses cultures. Lorsqu’ils rentreront, tout sera prêt à manger.
Nous partons marcher dans ce village qui s’étire le long de la plage. Une superette, l’église, la mairie, la gendarmerie et la poste en constituent l’essentiel, les habitations se dispersent dans la campagne environnante. L’après midi, nous partons mouiller près du village voisin, Wadrilla.
Nous passons voir le monument érigé en mémoire des preneurs d’otages morts lors de l’assaut de la grotte de Gossanah, sur le lieu même où ont été assassinés Jean Marie Tjibaou et Yeiwéné Yeiwéné par Wea un chef indépendantiste local hostile aux accords de Matignon. Wea a lui-même été abattu par un policier kanak immédiatement après son forfait. Nous poursuivons notre promenade, nous rencontrons un groupe de jeunes gens qui partent en chantant et dansant se recueillir sur la tombe d’un grand frère décédé lors d’un accident de la route un an auparavant. Nous parlons un instant avec eux, prenons plusieurs photos du groupe arborant le drapeau de la Kanaky, puis poursuivons vers la mairie, la bibliothèque et l’imposant bâtiment de la région. L’île possède également une usine de désalinisation, car elle n’a ni sources d’eau douce ni nappe phréatique. La journée aura encore une fois été bien remplie ! |
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Samedi 7 juin :
Ce matin nous effectuons notre dernière étape sur l’île d’Ouvéa. Nous allons visiter St Joseph, la grande chefferie du nord. Nous mouillons devant l’église et partons à la recherche du chef du village. Nous passons devant une très imposante clôture constituée de gros troncs d’arbres plantés côte à côte. Cette fortification abrite la chefferie. Au magasin on nous dit que le chef habite la maison derrière. Nous partons le voir et faire la coutume (échanger, discuter et faire un petit cadeau). Le chef, Joseph, très affable nous raconte sa vie : fils d’un travailleur australien qui s’est installé à Ouvéa et a épousé la fille du chef, la tribu lui a demandé de devenir chef à son tour. Il a travaillé toute sa vie à Nouméa dans les travaux publics et est âgé de 78 ans… Il ne nous est pas possible de visiter la grotte de Gossanah, les chef des tribus du nord ont décidé d’en fermer l’accès au public. Avant de le quitter, nous lui demandons l’autorisation de passer sur le minuscule atoll de Beautemps Beauprés qui est sa propriété.
Vers 13 H nous quittons St Joseph et Ouvéa, cette île croissant de 40 Km protégée à l’est par de grandes falaises, ses 25 Km de plage de sable blanc tourné à l’ouest bordant son grand lagon, ce rêve. Nous mettons le cap sur les Pléïades du nord qui ferment ce fabuleux lagon d’Ouvéa.
Vers 14 H 30, nous sortons par la passe du Taureau entre des récifs de corail très marqués.
Nous mettons au cap 269° sur Beautemps Beauprés, un Ouvéa en mignature. Le vent mollit et notre vitesse baisse au dessous de 6 nds. Le soleil décline et nous commençons à douter de notre mouillage de rêve et de notre plongée sur des coraux exceptionnels.
Il est 17 H passé lorsque nous arrivons devant la chicane du mouillage, nous avançons très lentement, mes deux équipiers sont sur la proue pour scruter les fonds menaçants. Bâbord, ralentis, tribord, encore, ils me guident, nous avançons à tâtons… Stoooppppe ! Arrièèèèère !! Viiiite !! Nous frôlons sur une grosse patate !
ouf ! Nous l’avons échappé belle cette fois ci la manœuvre a été suffisamment rapide ! Les patates sont partout, impossible de trouver un chemin là dedans.
Il est 17 H 30, le soleil a plongé dans le bleu du Pacifique dans un feu d’artifice et la luminosité est maintenant quasi nulle.
L’entrée pose trop de problème, elle ne peut convenir qu’à de plus petites unités, tant pis, j’abandonne, nous poursuivons la route en direction de Grande Terre, nous sommes déçus tous les trois, nous laissons un rêve inassouvi derrière nous…
Nous renvoyons la toile dans un sud est de 10 nds, nous partons à 5 nds, nous avons toute la nuit pour parcourir la soixantaine de milles qui nous mènera à Poindimié sur la côte est. La nuit s’annonce belle et douce…
Nous sommes actuellement sur la côte ouest de Grande Terre, en rade de Pouembout au point :
21° 08’ 882 S – 164° 49’ 271 E, dans deux jours, nous serons de retour à Nouméa pour qq jours.
Salut et bises kanakiennes et calédoniennes à tous.
Jacques et son équipage § Soleja