Cap sur Suvarow
Lundi 30 juillet :
Nous mettons le cap au 296°, sur le nord de Manuae (ou Scilly), le dernier
atoll dans l'ouest sur lequel vit une famille et une équipe de tâcherons qui
exploitent le coprah. Cet atoll est ravitaillé tous les 2 mois par un cargo de
service, mais nous ne le visiterons pas, il ne possède pas de passe d'entrée et
le mouillage extérieur en eau profonde n'est pas sûr du tout.
Nous naviguons toute la journée à 6 nds par vent arrière, génois tangoné sur une
mer d'un bleu profond et sous un ciel sans nuage : du bleu, du bleu, du bleu
partout, du bonheur.
Avant la tombée de la nuit, nous laissons Manuae sur bâbord, passons la pointe
nord, déjà 45 miles parcourus et nous pouvons abattre de 5° au 291° sur Suvarow
direct, à 525 miles, droit devant.
Mardi 31 juillet :
2 H 30, 16° 06'S - 155° 30', le vent tombe, les voiles battent, j'empanne la GV.
Il faut se résoudre à appeler Yan à la rescousse. 6 H 30, le vent revient, grand
largue bâbord et nous pousse à 6, 6.5 nds. Nous avons parcouru 125 miles.
Jusqu'au soir, nous avons une belle mer et la navigation se poursuit sans
problème à un bon petit rythme. Début de nuit noire, puis vient Dame lune, toute
ronde, elle inonde la mer de ses reflets blafards et nous accompagne jusqu'au
petit jour.
Mercredi 1er août :
Nous avons eu une nuit superbe et pour clore le spectacle, le soleil s'est levé
dans un flamboiement éclatant, puis ses couleurs se sont atténuées et il a
poursuivi son ascension jusqu'au zénith. A 11 H 30, il nous reste 260 miles à
parcourir et nous avons couvert 156 miles en 24 H. 14° 42' S - 158° 53' W.
Le beau temps continue.
Jeudi 2 août :
Le vent de 15 à 18 nds nous emmène à 6, 7 nds très régulièrement sur une mer peu
agitée. A 11 H 30, nous avons parcouru 155 miles durant les dernières 24 H et il
ne nous reste plus que 105 miles pour arriver. Il va nous falloir ralentir
encore une fois pour ne pas entrer de nuit dans la passe.
Nous roulons le génois et le soir venu, il faut se résoudre à affaler la GV. A
sec de toile, nous filons encore à 4,5 nds, la nuit sera douce. Vers minuit, un
feu nous rattrape lentement, il mettra près de 4 H pour nous passer
complètement, je pense à un pêcheur sans trop y croire, dans ces parages ?
Vendredi 3 août :
A
9 H, nous longeons la barrière nord est et entrons dans la passe de Suvarow en
étant très concentrés, étroitesse, courant et platier dans l'axe obligent.
Le soleil déjà haut nous aide, nous distinguons bien les fonds et rejoignons le
seul mouillage de l'atoll. Là, 4 voiliers et un vedette US nous attendent, dont
2 américains, 1 canadien et un français.
Nous mouillons par 12 à15 m d'eau, relativement bien abrités du vent de secteur
est par le motu principal Anchorage.
Position: 13° 14' 87 S - 163° 06' 50 W : 579 miles parcourus.
Dès que nous sommes installés, nous partons faire les formalités sur le motu.
Là, une seule bâtisse polynésienne, sur la grande terrasse, une grande table et
deux bancs, la maîtresse des lieux Véronica nous accueille par un « bonjour,
comment ça va ? ». Ca fait plaisir d'entendre notre langue, nous sommes dans les
îles Cook qui sont anglophones.
Les formalités se poursuivront dans la bonne humeur, les plaisanciers sont les
bienvenus ici. Nous rencontrons le couple de la vedette à moteur, ils sont US et
elle parle un peu le français. Ce sont eux qui nous ont dépassé la nuit dernière
alors que étions à sec de toile pour ralentir. Eux ont fait des ronds dans l'eau
devant la passe en attendant pour entrer le soleil.
L'île est occupée 4 mois par an par une famille, la surveillance de l'atoll leur
est confiée. Ils sont déposés en début de saison et sont repris 4 mois plus tard
ou quelques fois ils doivent rentrer sur Rarotonga par leurs propres moyens.
Véronica nous indique les coins à visiter, ceux qui sont infestés de requins,
les pointes noires ou blanches et les plus agressifs, les requins citron.
L'après midi, alors que nous passons devant l'accueil, nous faisons connaissance
d'un jeune couple de canadien, ils viennent d'arriver. Ensuite nous partons à
pied faire le tour du motu Anchorage. En revenant, nous rencontrons Michel, un
français qui attend un voilier depuis 3 semaines, ils doivent aller plonger dans
un petit archipel mal répertorié sur les cartes. Ils veulent faire des relevés
et des reportages photos.
Le soir, nous voyons plusieurs requins, d'1 m à 1,5 m tourner autour de soleja,
ce sont des pointes noires, ils ne sont pas dangereux en principe.
Samedi 4 août :
Ce matin, Solange ne veut pas se baigner, elle scrute l'eau aux alentours, je
pique une tête, seul donc.
Vers 11 H 30, Véronica nous hèle depuis sa barque, elle est accompagnée de John,
son époux. Ils ont appris par Michel que nous voulons partir dès demain, alors
ils viennent nous prendre pour nous emmener voir l'île aux oiseaux. Quelle
attention, quelle gentillesse, nous sommes très touchés.
Nous voilà partis sur leur embarcation, face au vent, nous traversons la passe
et nous dirigeons vers un petit motu assez éloigné. Avec notre annexe, nous
n'aurions pas pu nous aventurer aussi loin. Hier, ils ont emmené tous les autres
« voileux », nous avons beaucoup de chance d'être seuls.
Après avoir contourné bon nombre de patates et de hauts fonds, nous arrivons et
débarquons dans un brouhaha assourdissant de cris d'oiseaux. Des centaines, que
dis je, des milliers de fous, frégates et sternes nous survolent en piaillant
pour protéger leurs nids. L'îlot, très plat est constitué de roches émergées
recouvertes de maigres taillis épineux John et Véronica nous montrent les nids
et les oufs quelque fois à même le sol. Certains sont tachetés, d'autres
monocolores. Ils nous font faire le tour des deux îlots en ouvrant la marche.
Nous vivons là des moments fabuleux, nous sommes dans un rêve, des milliers
d'oiseaux viennent ici pour se reproduire en toute tranquillité, sur cet atoll,
ils n'ont aucun prédateur, seuls quelques « voileux » viennent leur tirer le
portrait de temps à autres. Bien évidemment je photographie à tour d'objectif,
dans toutes les positions et dans tous les sens. Il est très difficile de suivre
John et Véronica lorsqu'ils veulent repartir.
Un grand MERCI à tous les deux, vous venez de nous faire entrer dans un autre
monde, un rêve.
Le soir, nous inviterons Michel et Bernard le navigateur solitaire du voilier
voisin battant pavillon tricolore. Les 4 français en escale à Suvarow se
retrouvent pour trinquer.
Album: Suvarrow, ile aux oiseaux
Dimanche 5 août :
Notre séjour dans ce petit paradis prend fin, à 9 H, nous relevons l'ancre.
Après un grand coup de trompe pour saluer John, Véronica et Michel, nous
empruntons la passe en restant très concentrés sur l'itinéraire. Le soleil déjà
haut nous éclaire bien les fonds et tout se passe sans difficulté.
Nous partons au 340° sur 6 miles pour tourner large la pointe nord de l'atoll,
au largue avec + de 15 nds de vent, nous marchons bien. A midi, nous avons
parcouru 22 M et nous filons plein est vers Apia capitale des îles Samoa à 7 nds.
Vers 14 H, ZZZZZZZZZZZZZ, je saute sur le moulinet, je serre le frein à fond,
ZZZZZZZZZZZZZ, je ne peux pas l'arrêter, il continue de siffler
ZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZ, enfin il s'arrête, un court instant
et repart, ZZZZZZZZZZZ, puis ploc, la ligne est redevenue
souple. Un court instant d'incertitude me parcourt, mais il faut se rendre à
l'évidence, le poisson est parti, il devait être énorme. Je remonte la ligne,
elle vient sans résistance, et pour cause, le rapala n'est plus là non plus. Je
remets un leurre, puis une seconde ligne fixe, sur une tresse très résistante.
Vers 17 H ZZZZZZZZZZZZZZZZZ, le moulinet se fait entendre très violemment, je
serre le frein, je serre, serre, il a pris au moins 300 m de fil, c'est une
belle pièce. Je vais essayer de la remonter. Patiemment, mètre par mètre je
remonte la ligne, de temps en temps, il reprend une dizaine de m d'un
coup. Au bout d'une heure, nous l'apercevons enfin, encore un effort, il est
maintenant à une dizaine de mètres, il est gros, il est gros. Allez, allez mon
coco. Dans un dernier coup de queue plus violent que les autres, il s'échappe.
Il était presque à portée de croc, mince alors. Pendant que je m'échinais sur ma
canne, Solange de son côté essayait de remonter la ligne fixe, une belle
coryphène bondissait hors de l'eau régulièrement. Elle la remonte lentement, à
la main, elle se débat terriblement et à 20 m elle se décroche.
Pas de chance aujourd'hui !!!
18 H 30, une autre coryphène, elle saute et brille dans le soleil couchant.
Celle-ci va se décrocher très vite, et de 4. Un instant plus tard, ce sera une
troisième qui va s'échapper. Damned !!!
Lundi 6 août :
O H, nous avons parcouru 100 miles, il nous en reste environ 420 à parcourir. Le
vent faiblit, il tombe à 10 nds apparent et la vitesse n'est plus que de 6 nds,
puis 5. Nous envoyons Yan à 1300 t pour recharger un peu les batteries et
maintenir la vitesse au dessus de 5 nds.
Midi, 13° 18' - 165° 46' W, nous n'avons parcouru que 141 en 24 H et il nous en
reste encore 350. Vers 13 H le vent revient sur l'arrière, plein est et je peux
mettre en ciseaux, génois tangoné. Le speedo remonte au dessus de 6 et flirte
quelquefois les 7 nds.
Pas de coryphène aujourd'hui, aucune touche, ce sera une journée sans !
Mardi 7 août :
0 H, 13° 22' S - 168° 05' W, petite vitesse, entre 5 et 6 nds, si ce temps
se maintient, nous allons mettre 4 jours.
Et bien oui, il se maintient, Nous avons parcouru 147 miles durant les dernières
24 H.
Mercredi 7 août :
0 H 15, 13° 33' S - 169° 26' W, un grain subit nous tombe dessus, le vent monte
de 10 à 29 nds, mais il reste à l'est donc nous supportons la toile. Très vite,
il revient entre 15 et 20 nds, et plus tard, 15. Dans la nuit il tourne au sud
est et je dois retirer le tangon et empanner le génois, nous marchons bien,
entre 6,5 et 7 nds. Ce temps va se maintenir toute la journée et nous nous
apprêtons à passer notre quatrième nuit en mer, à petite vitesse. Vers 18 H le
vent monte à 18 nds constant, Soleja accélère, 7, 8, 9 et plus. Nous sommes au
13° 43' S - 171° 22 W, il nous reste 22 miles pour rejoindre Apia. Je dois me
pencher sur les documents nautiques pour voir si l'on peut entrer de nuit.
L'entrée du port est bordé de toutes parts de barrières coralliennes et il faut
prendre un alignement assez loin au large et le suivre sans dévier. Le vent
autour de 20 nds nous pousse à bonne allure, mais commence à lever la mer.
Je décide de rentrer à Apia, cela est possible et nous évitera d'attendre une
nuit à la cape.
Nous apercevons vite le phare perché dans les hauteurs, le second pour
l'alignement est toujours plus tardif à découvrir. Il va venir, il faut savoir
attendre. Comme il se trouve au niveau de la ville il peut se confondre avec les
feux de la ville. Cherchons.
- « Là ! Je crois que le voilà ! »
- « Mais ils ne sont pas alignés ! » me répond Sol. Il faut encore attendre un
peu.
Encore un mile et nous pouvons suivre les feux. De chaque côté, les vagues
déferlent sur la barrière, nous les entendons et voyons les bourrelets d'écume
sous la maigre lumière céleste. Nous devons encore trouver le phare qui indique
l'extrémité du quai de commerce. Celui-ci n'est pas facile à trouver, il est
plus faible, heureusement Sol est là et le découvre perdu au milieu d'autre
feux. Son support n'est autre qu'un pylône identique à ceux de certains
lampadaires.
Nous avançons, bientôt nous découvrons le mouillage, une douzaine de voiliers
sont là et nous trouvons un emplacement pour jeter notre ancre.
Il est 21 H 30, nous sommes à Apia capitale des îles Samoa.
Position : 13° 44' 70 S - 171° 45' 84 W, 520 miles parcourus.
Un instant plus tard, une barque et deux occupants nous accostent pour nous
demander de passer faire les formalités à la première heure.
Jeudi 8 août :
Ce matin, dès 9 H nous sommes sur le quai de commerce pour les formalités. Nous
sommes accueillis dans un local ouvert qui sert un peu à tout, deux tables
brinquebalantes servant de bureaux soutiennent deux responsables de je ne sais
quoi, plus ou moins vautrés. Ils nous demandent d'attendre, quelqu'un va venir
nous chercher. D'abord, ce sera la « Quarantaine », service sanitaire, nous
devons l'emmener à bord pour faire les papiers et elle doit vérifier l'état de
nos vivres frais.
En réalité, elle va jeter un vague regard à l'intérieur et nous demandera de
sceller notre poubelle et de la lui remettre contre une petite taxe.
Puis une autre jeune dame vient nous chercher au quai pour aller aux services
des douanes « the custom office ». Non, il faut passer par l'immigration avant,
et c'est en ville, il faut prendre un taxi. Nous ressortons à 13 H.
Enfin nous pouvons nous présenter au bureau du « master port » afin d'acquitter
notre taxe de mouillage..
Oouuuufffffff.
C'est fini pour les formalités, il est 14 H 30. Nous pouvons rentrer à bord
pour casser une petite croûte et nous reposer un peu. Nous ne ressortirons pas
cet après midi
Vendredi 9 août :
A 8 h 45, des trompettes, clairons et autres grosses caisses attirent notre
attention. Dans la rue, en fond de baie défile aux pas cadencés une petite
troupe en uniforme encadrée d'une fanfare. Nous les suivons du regard, ils
longent la promenade de bord de mer. En partant en annexe nous passons saluer un
voilier français mouillé non loin de nous : Fidelio avec à son bord Jacques et
Chantal. Ils naviguent sur leur « trisbal » depuis une trentaine d'années.
Chirurgien et médecin, ils ont travaillé 18 ans en Martinique puis aux Marquises
et vont sur la Nelle Calédonie maintenant.
Quelques heures suffisent pour la visite de la capitale, en fait il s'agit d'un
gros village de quelques rues avec des maisons traditionnelles en bois.
Quelques immeubles dominent cette bourgade : en bordure de mer s'érigent le
bâtiment des différents ministères, une banque, un hôtel des années quarante et
plusieurs églises de différents cultes.
Le marché, sous une grande halle vaut le détour, il est très bien achalandé, on
y trouve tous les fruits et légumes de l'île.
Samedi 10 août :
Ce matin nous partons visiter la presqu'île, de l'autre côté de la ville, nous
traversons le marché de l'artisanat, quelques colliers à base de noix de coco,
rien de très original, on sent la présence des objets confectionnés en grande
série en Asie, nous les retrouvons partout depuis la Polynésie. Sur l'arrière de
la halle, plusieurs petites guinguettes proposent des plats à déguster sur
place. Ici, on mange un peu à toute heure.
Un peu plus loin, en bordure de la rade, sur une grande place stationnent
plusieurs bus et « trucks » bariolés qui rallient tous les coins de l'île.
Nous partons en direction de la presqu'île, site historique. Nous marchons sur
la digue pour bénéficier du vent venant du large. De cette promenade surélevée
nous avons une vue dégagée, d'un côté sur la rue et les quartiers, de l'autre
sur la rade et l'entrée du port. Nous marchons jusqu'au bout de la digue et en
fait, de quartier historique nous ne verrons que deux tombeaux en bordure de
rue. Au retour nous nous arrêterons au marché pour prendre une petite collation,
ce ne sera pas une grande réussite !
Dimanche 11 août :
Grande décision, aujourd'hui, nous avons projeté l'ascension du mont Vaea qui
domine la ville de quelques centaines de mètres et sur lequel Mister Robert
Louis Stevenson a eu la bonne idée de se faire « sépulturer », suivi quelques
années plus tard par son épouse. 1 heure de marche en bordure de route sous le
soleil, « exactement », suivi d'une autre heure d'ascension plus agréable cette
fois-ci parce que sous les frondaisons luxuriantes et sur un sentier aride mais
bien entretenu. De mont Vaea, nous avons une vue sur la vallée qui fend l'île du
nord au sud. Pour voir la mer et la barrière de corail, il faut chercher un peu
entre les branchages de cette haute forêt.
La tombe des Stevenson trône sur un petit terre-plein au faîte du mont Vaea. Là
nous rencontrons un couple de néo-zélandais parlant parfaitement le français.
Nous échangeons un instant avant de d'entreprendre la descente. Celle-ci se fera
plus rapidement, par contre la marche le long de la route se révélera tout aussi
pénible qu'à l'aller.
C'est fourbus que nous rejoignons Soleja, nous ne bougerons plus du reste de
l'après midi.
Lundi 12 août :
Ce jour fête des pères est chaumé ici, tout est fermé. Nous ferons un grande
promenade vers la plage et nous reviendrons par les quartiers populaires, nous
verrons l'arrière cours de la ville.
Mardi 13 août :
Branle bas de combat, ce matin nous partons dès 8 H 30 faire les formalités de
départ et demander au « foreign office » une autorisation d'escale dans l'île du
nord Savaii. Jacques et Chantal ont le même projet, nous partons ensemble. Sur
la route, nous rencontrons la troupe et la fanfare de la cérémonie du matin en
costume traditionnel, nous les suivons. Ici les hommes portent l'uniforme, une
jupe de toile sombre, grise ou bleue. Ils vont jusqu'au bâtiment administratif
des ministères et participent au lever des couleurs. Cette cérémonie signale
entre autre l'ouverture des bureaux.
Ensuite, se sera l'immigration, puis le custom office, puis
12 H 30 nous sommes de retour et levons l'ancre immédiatement en direction de
Solelolonga un port situé au sud est de Savaii. Avec un vent d'est de 15 nds
nous remontons au près pour éviter la barrière sous le vent et vers 15 H nous
pouvons abattre sur notre destination.
Nous arriverons à la nuit tombante dans ce port commercial mal abrité. Nous
devons mouiller dans l'aire de manouvre des ferries. Le capitaine nous
demandera de partir vers 6 H le lendemain pour libérer la place.
Mercredi 14 août :
6 H nous levons l'ancre et partons pour contourner l'île par le sud et l'ouest,
nous voulons faire une petite escale à Assau.
18, 20 nds, Soleja marche bien, au portant, nous passons Fidélio parti un peu
devant et vers midi, nous entamons la remontée de la côte ouest. Le vent forcit,
la mer devient agitée, il va falloir réduire. Le passage de la pointe nord ouest
se révèle plus dur que prévu, les vents et les courants convergent et lèvent la
mer. Nous devons tirer un grand bord au nord avant d'atteindre l'entrée de la
passe. Il se fait tard, le soleil se couche déjà, nous serons juste.
18 H 30 nous sommes en face de l'entrée, mais aucune balise, Max nous dit que
nous nous trouvons dans la passe, mais on ne voit rien. La mer brise de toute
part, nous ne trouvons pas de passage. 30 nds de vent, La mer déferle tout au
long de la côte, aucune balise, aucun alignement, les feux devraient être
allumés, la nuit tombe, il fait déjà sombre.
Nous cessons nos recherches et virons, il est impossible d'entrer dans de telles
conditions. Nous nous mettons à la cape et nous laissons dériver vers le nord
est. GV arisée et barre « à contre », Soleja se met au bon plein et dérive à 2
nds.
Nous avons perdu de vue Fidélio, il n'a pas passé la pointe, il a du se mettre à
l'ancre au sud, il sera mieux que nous pour passer la nuit.
Vers 23 H 30, je change d'amure, j'ai décidé d'abandonner la visite d'Assau,
nous restons à la cape, mais vers le nord ouest.
Jeudi 15 août :
2 H l'allure n'est pas très confortable, je remets en route sous GV à 2 ris en
direction de la pointe ouest. Au petit matin, nous doublons la pointe, nous
scrutons les berges, Fidélio n'est pas au mouillage, ils ont abandonné
également. Nous envoyons le génois et mettons cap sur les Tonga.