Tahiti et les îles du vent
Samedi 9 juin :
Après une nuit réparatrice, un bon petit déj. et un bon bain, je dois me rendre
à l'évidence, nous ne pouvons pas rester là, il n'y a pas de quai et je ne
pourrai pas recevoir Solange et ses bagages, il nous faut donc retourner en
centre ville.
Nous repartons et vers midi nous accostons au quai des plaisanciers.
Aujourd'hui, le tintamarre des voitures et le retour aux « joies citadines »
nous paraissent plus supportables.
L'après midi nous effectuons un tour de repérage dans les quartiers environnants
et le soir, installés sur les banquettes du cockpit, nous sirotons un apéro qui
va durer tard dans la nuit. Les passants saluent très souvent et de temps en
temps s'arrêtent pour bavarder un instant. Un jeune homme, pensant que nous
sommes au whisky nous demande de goûter, je lui dis bien sur qu'il ne s'agit en
fait que d'un « planteur », mais il veut goûter. Je lui sers un petit verre : il
trouve ça très fort !!!
Dimanche 10 juin :
Il faut remettre le bateau en état. Nous attaquons par le lessivage du pont et
devons frotter avec les « pads » de vaisselle pour retirer les taches, ensuite
nous passons à l'intérieur, la matinée ne suffira pas. Heureusement que j'ai
l'aide efficace de Claire. En début d'après midi nous avons la visite de mes
cousins Claire-Lise et Alain, que je retrouve avec grand de plaisir, rendez-vous
est pris pour mercredi matin.
Le soir Claire quitte Soleja et s'en va rejoindre sa pension pour qq jours,
avant de regagner son bel Apsara aux îles Marquises.
Lundi 11 juin :
A trois heures je suis déjà à l'aéroport et j'attends Solange qui arrive une
demi heure plus tard de métropole. La journée se passe un peu au ralenti, elle a
énormément de choses à me raconter, elle m'apporte une quantité de lettres et de
cadeaux de la part de la famille et des amis : des dessins de mes petites filles
Margaux et Mathilde, des photos, des lettres, de l'abondance, de la charcuterie,
du miel de montagne, de la confiture de myrtilles, une bouteille de Margaux
(château Giscours). et toutes mes commandes, livres et autres. J'arrête là
l'énumération, merci, merci, merci à tous.
Mardi 12 juin :
Visite de la ville.
Mercredi 13 juin :
Nous déjeunons avec Claire-Lise et Alain au restaurant d'en face, le «rétro » et
je déguste mon premier thon cru à la tahitienne, un pur régal !!!
Vers 15 H, nous partons, au sud de l'aéroport, mouiller dans le cadre
merveilleux du lagon, tout proche de la marina Taïna. Solange tombe sous le
charme de ce cadre enchanteur, le calme, l'eau bleu turquoise.
Le bain s'impose, puis s'est très vite le temps du « planteur ». Le rythme est
vite pris et adopté.
Jeudi 14 juin :
Durant le petit déjeuner, nous avons la visite de jeunes qui s'entraînent en
pirogue. Un bain et nous levons l'ancre, nous suivons le balisage du chenal et
nous sortons du lagon par la passe Taapuna. Quelques heures en mer et nous
retrouvons le lagon un peu plus au sud par la passe Teavaïti. A partir de là
nous ne rencontrons plus de voilier. Nous allons jeter l'ancre à Apomoro, dans
le super calme. Seules quelques pirogues passent de temps en temps.
Position : 17° 45' 35 S - 149° 31' 44 W.
Vendredi 15 juin :
Nous sortons par la passe sud Toapiro pour une demi douzaine de miles au moteur
car nous sommes sous le vent de l'île Tahiti. Nous entrons à nouveau dans le
lagon par la passe Aïfa, nous faisons un premier mouillage à Ututarea, mais
celui-ci n'est pas très concluant, nous repartons en direction de la pointe
Tehoro. Là, nous trouvons un superbe petit coin, près de la petite presqu'île
aménagée en parc publique. Nous mouillons l'ancre par 8 m de fond et c'est le
calme. Tout près se trouve une petite marina pour les bateaux des habitants du
voisinage, mais peu de trafic.
Le soir nous avons la visite d'Alain et de Claire Lise, Ils viennent nous
inviter à dîner chez eux, devinez ce qu'ils nous ont prévus, je vous le donne en
mille (avec 2 l cette fois-ci) ? Un poisson à la tahitienne ? Et bien non, une
raclette, oui, une bonne vielle raclette bien de chez nous !!!
Samedi 16 juin :
Rebelote, ils viennent nous chercher pour assister aux élections, oui, ici on
vote le samedi, le dimanche, jour du seigneur, on ne fait rien !
A Tahiti, on affiche les couleurs, chacun porte sur sa voiture le drapeau de son
candidat : Orange et blanc pour la liste de Gaston, bleu et blanc pour celle
d'Oscar. Au bureau de vote c'est la fête, colliers de fleurs, costume local, les
candidats sont présents et saluent les électeurs.
L'après midi, une promenade sur la plage de sable blanc de
Papara, puis une
visite sur l'isthme entre Tahiti et la presqu'île de Taiarapu.
Dimanche 17 juin :
Toujours conduits par Alain et Claire Lise, nous irons visiter les grottes de
Maraa et le Marae de Arahurahu. Après un repas tahitien dans la rue piétonne de
Papeete, l'après midi nous irons admirer l'exposition de tifaifai (tifaïfaï) à
la mairie de Papeete. Ce sont des jetées de lits de couleurs décorés selon des
thèmes différents, toutes les îles de Polynésie sont représentées, l'exposition
couvre les trois étages de la mairie, trois grands salons.
Ensuite nous sommes allés visiter l'exposition d'artisanat des îles Marquises
composée essentiellement de sculptures sur bois, pierre et nacres. J'ai
rencontré des personnes que j'avais vues aux Marquises, mais Désirée était déjà
rentrée chez elle à Fatu-Iva, dommage, j'étais venu un peu pour elle.
Lundi 18 juin :
Nous reprenons notre route, merci les cousins, nous avons passé un bon moment
ensemble.
Nous repartons en direction du port Phaeton, protége au creux de l'isthme. Nous
entrons par la passe Teputa, traversons le bassin Toahautu pour l'atteindre et
venons jeter l'ancre tout au fond de ce merveilleux abri naturel, par 5 m d'eau.
Il est si profond qu'il est très connu comme trou abri à cyclone. Ici, rien ne
bouge, la surface de l'eau ressemble à s'y méprendre à celle d'un miroir. Nous
ne sommes qu'une demi douzaine de voiliers au mouillage alors que cet abri
pourrait en contenir un millier
Position : 17° 43' 87 S - 149° 19' 45 W.
Mardi 19 juin :
Lentement nous sortons de ce coin merveilleux pour reprendre la mer. A voile et
au moteur nous faisons le tour de la presqu'île, puis nous remontons la côte
est. En fin d'après midi nous entrons dans le lagon par la passe de la Boudeuse,
jusqu'au mouillage Bougainville. Nous cherchons un petit coin de moins de 20 m
d'eau pour mouiller. Mais le lieu n'est pas suffisamment abrité, nous bougeons
beaucoup trop, il faut repartir. Il est bientôt 17 H et la nuit arrive à grands
pas, il faut vite sortir du lagon. Ici, le soleil se couche à 17 H 30 et il fait
nuit noire à 18 H.
Nous prenons vers le large pour éviter le banc de l'Artémise et remontons plein
nord. Puis nous zigzaguons entre les hauts fonds, tournons la pointe Vénus et
son large récif de corail et enfin nous pouvons mouiller dans le havre de la
minuscule baie de Matavai. Il est près de 23 H, le calme nous entoure, bonne
nuit.
Mercredi 20 juin :
Au lever, surprise, nous avons été imité pendant la nuit, un vieux gréement
goélette, d'une trentaine de mètres, deux mats barque a jeté l'ancre à quelques
encablures derrière nous.
Un petit dej. Et nous repartons pour Papeete, il nous faut faire les formalités
de sortie de Polynésie et obtenir la clearence, afin de pouvoir entrer dans un
autre pays sans problème.
En début d'après midi nous accostons au quai Bir-Hakeim en centre ville. A peine
amarré, Claire Lise et Alain sont là, ils sont venus nous faire une dernière
bise avant notre départ pour les autres îles.
Jeudi 21 juin :
Visite au bureau du port de plaisance et au bureau des douanes de Papeete, les
formalités terminées, nous faisons nos dernières courses et larguons les amarres
pour une grande traversée d'une dizaine de miles vers Moorea. Nous avons choisi
le lagon au sud de Vaiare, dans la baie de Afareaitu et nous prenons une bouée
vers le motu Ahi. Nous sommes le seul voilier. Le motu est habité et nous voyons
arriver et repartir des touristes convoyés en barques par les résidents. Nous
passons là une soirée et une nuit très calme.
Vendredi 22 juin :
Après le p'tit déj et le bain, nous interpellons un jeune conducteur de barque
pour lui demander ce qu'il y a à voir. Il s'agit en fait d'un « lagonarium ».
Sur le côté mer, dans le récif corallien les propriétaires du motu ont construit
un piège à poissons avec des filets tendus et ils font payer la visite de ce
grand aquarium dans lequel on peut observer des raies, des requins, des tortues
et une quantité de poissons multicolores vivant habituellement dans le corail.
Nous prenons masques et tubas et décidons de visiter , nous ne serons pas déçus,
Sol sera même enchantée, c'est la première fois qu'elle voit de si près des
raies et des requins pointe noire. Les raies sont si familières qu'elles passent
et repassent entre nos jambes pour demander de la nourriture, mais les requins,
plus méfiants restent à bonne distance, 5 ou 6 m. Les tortues sont dans un
enclos spécial, elles supportent mal la semi captivité, elles dépriment et elles
doivent être relâchées au bout d'un certain temps. Nous poursuivons notre
exploration à l'extérieur de l'enclos, directement sur le récif corallien.
Quelle splendeur, on ne pourrait imaginer une telle variété de formes et de
couleurs. Des poisons jaune vif, bleu intense, des rayés horizontalement,
d'autres verticalement ou en zigzag, certains avec un bec tel un oiseau, les uns
se cachent à notre approche, d'autres viennent aux renseignements, tout près à
nous toucher, d'autres encore restent à distance et vaquent sans s'occuper plus
de notre passage.
Tout ce petit monde évolue au milieu des coraux de toute forme et couleur, nous
nous faufilons en nageant lentement en faible profondeur, de 50 cm à 2 m en nous
laissant porter par le courant crée par la houle se déversant par-dessus la
barrière.
C'est le froid qui nous fait sortir de l'eau, malgré les 28 ou 30° du lagon, au
bout d'un certain temps. Après cette belle promenade dans les coraux, nous
repartons vers le nord de Moorea et entrons dans la baie de Cook. Nous allons
mouiller tout au fond, par 8 m d'eau. Nous sommes deux voiliers, je suis surpris
du peu de fréquentation de ces lieux enchanteurs. Nous sommes très abrités de la
houle et du vent, au fond, sur une petite place, une supérette nous permet de
nous approvisionner en pain frais.
Le soir nous avons la visite de Jean-Marie et de Marie-Thérèse, qui prennent
l'apéritif avec nous.
Nous passerons une nuit très agréable au creux de cette magnifique baie bien
gardée par les pitons volcaniques qui s'élèvent à plus de 1200 m d'altitude.
Position : 17° 30' 31 S - 149° 49' 33 W.
Samedi 23 juin :
Ce matin, nous partons bien chaussés sur le chemin des ananas en direction d'un
belvédère duquel nous devrions avoir la vue sur les deux baies de l'île. Nous
essayions le stop, mais aujourd'hui, ça ne fonctionne pas, nous persévérons et
arrivons au point culminant de la route sans avoir trouvé le belvédère. Nous
entamons la descente sur l'autre versant lorsqu'un pick-up s'arrête, un jeune
homme juché dans la benne nous demande où nous allons et si l'on veut bien
monter dans son carrosse. Bien volontiers, nous voilà dans la benne devisant
avec un jeune « popa » (d'origine métropolitaine) rentrant pour les vacances
universitaires.
Du belvédère, la vue est saisissante, nous sommes sur un promontoire de la
caldera, devant nous se dresse ce qu'il reste du neck du volcan, le mont Rotui,
de part et d'autre le cratère l'entoure et s'écoule en deux points pour laisser
entrer la mer par les baies de Cook et d'Opunohu. Derrière nous s'élève le mont
Tohiea, à 1207 m. Dans le cratère se pratique la monoculture de l'ananas, nous
sommes entourés par des champs.
Nous redescendons avec le même équipage jusqu'au lycée agricole, à mis distance
de la seconde baie, Opunohu. Dans ce lycée, on peut déguster les fabrications
des élèves, essentiellement des cocktails de jus de fruits et des confitures de
leur fabrication. Ce lycée comporte plusieurs départements, élevage de basse
cour, de porcins et cultures de fruits, légumes et fleurs, plus leur mise en
valeur marchande. Une promenade a été organisée pour vulgariser leur travail, on
peut donc circuler librement avec pour guide une plaquette donnant quelques
explications sur les espèces rencontrées.
Il est 14 H et nous savourons l'énorme cocktail ananas pamplemousse avec avidité
et délice.
Lors de la redescente sur la baie d'Opunohu et notre retour vers la baie de
Cook, c'est le premier adjoint au maire de Moorea qui sera notre taxi. Nous
pouvons ainsi avoir quelques renseignements sur la politique de développement de
l'île.
De retour à bord de Soleja, nous repartons vers la baie d'Opunohu, sortie par la
passe Teevarua et entrée par celle de Tereu. Nous profitons de l'heure encore
chaude pour effectuer un premier mouillage et prendre un bon bain tout de suite
derrière la barrière de corail.
Position : 17° 29' 32S - 149° 51 W.
Ensuite nous allons nous mettre tout au fond de la baie, nous avons rendez-vous
avec Jean-Marie, demain matin. Nous serons deux trois voiliers à passer la nuit
ici, contrairement au mouillage de la barrière du récif où une bonne vingtaine
de bateaux emplissaient l'étroite langue de l'abri.
Position : 17° 30' 93 S - 149° 51' 16 W.
Dimanche 24 juin :
Ce matin, Jean-Marie vient nous chercher en 4X4, il a l'intention de nous
emmener au col des trois palmiers qui domine toute l'île. Nous voilà partis par
un chemin caillouteux qui grimpe et serpente sur le coteau. Une barrière nous
empêche de poursuivre, le propriétaire étant absent, nous devons rebrousser
chemin et renoncer au plus beau point de vue de l'île.
Nous rentrons chez Jean-Marie et Marie-Thérèse avec qui nous passons une très
agréable journée, merci à vous deux. De retour vers 17 H à bord, nous
appareillons immédiatement pour la première île sous le vent : Huahine
(prononcez Wahiné), la sauvage encore appelée l'île femme , à 80 miles de
Moorea.
Album photos Tahiti