Vers les Vanuatu
Notre séjour en Nouvelle Calédonie s’achève. Ce n’est pas sans émotion que nous décidons de quitter ce territoire français des antipodes. Partout, dans les îles de la Loyauté, ou sur Grande Terre, du nord au sud, nous avons reçu un merveilleux accueil, les kanaks, les caldoches et les z’oreilles nous ont tous aidés à chaque fois que nous demandions quelque chose, quoi que ce soit. Une mention très exceptionnelle à Juliette et Alex qui nous ont prêté une voiture, ont hébergé Sol, puis J P et vont récidiver avec Sol et Philippe dans qq jours.
Vraiment, nous emportons un excellent souvenir de notre passage dans l’archipel.
Dimanche 22 juin :
Nous voulions partir vers 7 heures, c’est perdu, la capitainerie n’ouvre qu’à huit et nous devons récupérer la caution de la clef des sanitaires…
Dès 8 H 30 nous faisons le plein de fuel de d’essence et à 9 H nous sortons de
la marina de Port Moselle, puis de la Petite Rade de Nouméa.
Il fait grand beau temps, le ciel est aussi bleu que la mer, nous admirons sans nous lasser ce merveilleux lagon de Nouméa, ces îlots bordés de platiers et de plages blanches, l’îlot Maître, l’île aux Canards que nous débordons sur bâbord…
Nous mettons le cap sur le nord de la grande île Ouen, le chenal Woodin.
Vers midi nous atteignons celui-ci (22° 23’ 54 S – 166° 46’ 50 E), à 14 H nous passons l’entrée de la baie de Prony et son platier surmonté du phare de la pointe Méhoué. Un peu plus tard, nous doublons le phare du cap Ndoua et nous laissons le récif Ioro sur tribord. Enfin, nous arrivons devant la passe de Toemo, entre son récif îlot à l’est et le cap de la Reine Charlotte à l’ouest (22° 20’ 27 S – 167° 00’ 70 E).
Le passage requiert toute l’attention de l’équipage, les brisants agressifs semblent à portée de main sur chaque bord pendant un demi mille avant d’entrer dans le Port de Goro qui forme une petite baie d’un mille de large par deux milles de long. Nous cherchons un abri du vent de sud est et des fonds, nous passons le cap des Cannibales et poursuivons jusqu’au nord. Le vent rentre en suivant la côte et lève une petite houle qui risque de nous être désagréable. Finalement nous passons une amarre à la tonne de la pilotine de la vieille mine de manganèse, il est 15 H 30.
Position : 22° 17’ 947 S – 167° 00’ 876 E, 42,5 milles parcourus.
Nous sommes tout près du Warf d’accostage, quelques maisons se distinguent derrière les frondaisons luxuriantes. Très vite un jeune garçon vient voir le bateau. Nous lui faisons signe de la main, il nous répond puis disparaît. Il revient quelques instants plus tard et nous appelle en montrant un sac plastique, il approche et nous crie qu’il a des fruits pour nous. Nous mettons l’annexe à l’eau et ramons vers le ponton. Lorsque nous arrivons, ses deux frères de deux et seize ans l’ont rejoint. Il nous offre une grosse main de bananes, nous discutons un grand moment avec eux, leur laissons un petit cadeau et rentrons, la nuit arrive à grands pas…
Lundi 23 juin :
Dès le lever du jour nous sommes debout, nous larguons la tonne à 6 H 20 et partons en direction de la bouée verte du centre de la baie. A 7 H nous franchissons la large passe bien balisée de Goro dans les forts remous de la marée déjà montante (22° 19' 746 S – 167° 02’ 08 E). Nous laissons le phare de la passe sur bâbord, le banc de Vandegou sur tribord et prenons le cap à 60°, vent arrière de sud est de 15 nds. Le courant de marée nous oppose ses 3 nœuds bien au-delà de la dernière marque du banc de Coetlogon, dernières marques immergées par plus de dix mètres de la barrière de Grande Terre.
Le vent monte à 20, 25 nœuds en virant progressivement au sud, nous le suivons, génois tangoné et Soleja nous emmène à 7, 8 nœuds.
A 11 H 30, nous nous écartons de 15 à 20° de notre route et nous empannons la G V pour poursuivre grand largue, Soleja accélère d’un nœud et passe de temps à autre les 9,5 nds : c’est une belle nave, vive les alizés !
Il est 15 H 45, nous roulons le génois et affalons la G V devant le port de Tadine. Nous entrons et à 16 H nous sommes amarrés au même endroit, sur le même quai à demi détruit, nous avons sorti les chaînes pour ne pas rogner nos amarres sur le béton délabré. Maré reste aussi calme que lors de notre premier passage, une voiture passe de temps en temps sur la route du bord de mer, quelques passants cheminent tranquillement…
Position : 21° 32’ 864 S – 176° 52’ 637 E, 70 milles parcourus, Vitesse maxi : 10,9 et vent maxi 31,6 nds.
Mardi 24 juin :
Il est 5 H… Tadine, s’éveille… Que se passe t’il dans ce havre de paix si tranquille habituellement ?
Des bruits de voitures, le quai s’anime de plus en plus et nous incite à nous lever. Le Havannah, le cargo de ravitaillement venant de Nouméa se trouve déjà amarré au quai du ferry et les chariots élévateurs débarquent les marchandises à pleines palettes ou containers. L’effervescence augmente, il n’y a bientôt plus aucune place de stationnement libre, chacun vient chercher ce qu’il a commandé à la capitale, qui une télé, qui une brouette ou une débroussailleuse, d’autres expédient leur production de légumes par grands paniers tressés ou le produit de leur pêche dans de grandes glacières…
Nous observons tout ce remue-ménage et entamons la discussion sur le quai avec l’un ou avec l’autre, Un « z’oreille » de Marseille vient tailler la bavette un instant, il n’habite Maré que depuis février. Il nous explique son dépaysement …
Vers 9 H 30, nous décidons le larguer les amarres avant la fin du spectacle. Dès la sortie du port, nous envoyons la toile et partons vers le nord ouest de l’île Maré, au 345° par un petit sud de 10 à 12 nds.
11 H 30, nous passons le cap Machau par tribord et laissons l’île Dudune sur bâbord, le vent monte à plus de 15 nds, nous empannons et partons à 6,5 nds au 27°. Le Havannah passe au loin, filant vers Lifou à toute vitesse.
13 H 30, le vent passe les 20 nds et vient plus au sud est, nous prenons un ris en filant à 7, 8 nds, nous apercevons l’île Tiga sur bâbord. Maré , notre dernier morceau de France visité s’estompe sur l’horizon…
15 H 30, le sandow de la ligne de traîne s’étire brusquement de 50 cm et donne
de sérieux à-coups. Je bondis sur la traîne et tire, aucun doute, il y a quelque
chose au bout. Vite il faut ralentir, choquer en grand la G V et rouler le
génois. Tout l’équipage se met en action, Soleja poursuit sa route à plus de 5
nds. Je remonte la tresse, lentement, lorsque j’arrive au fil nylon, il faut des
gants sinon il nous glisse dans les doigts tellement la tension est forte.
Philippe prend le relais, mètre après mètre il remonte. C’est un maï-maï, je
l’ai vu sauter, aucun doute, une belle bête ! La voilà derrière la jupe, elle
saute de plus belle, nous éclabousse dans tous les sens. J’attrape le câble
d’acier du bas de ligne, il faut la gaffer maintenant sinon elle va nous
échapper. Nous la tenons par la gaffe et par la ligne dans la jupe. Dès quelle
se calme un peu nous lui passons un nœud coulant autour de la queue et
l’attachons. Ouf !!! Rude bataille !
Cette daurade coryphène mesure pas moins de 152 cm, oui, oui, oui ! Il me faudra une heure pour lever les filets et faire 14 rôtis de plus d’un Kg.
Après la tombée de la nuit, le ciel se couvre et le vent monte à 25 nds, à 8, 9 nds, nous allons trop vite, nous risquons d’arriver de nuit, nous prenons un ris et roulons 1/3 de génois.
Vers 23 H, le vent monte encore et nous roulons encore 1/3 de génois pour ne pas trop dépasser les 7 nds.
Mercredi 25 juin :
Le vent reste entre 25 et 30 nds et notre vitesse autour de 7 nds. La nuit se passe dans une lueur blanchâtre, la lune éclaire la mer au travers des nuages.
Dès que nous approchons de l’île de Tana, nous remarquons les fumeroles qui s’élèvent des hauteurs. Le volcan crache régulièrement sa fumée noire.
Vers 9 heures nous tournons la pointe de Port Résolution au sud est de l’île. Oh, surprise, un, deux, cinq, dix voiliers sont déjà au mouillage. Vraiment, je ne m’attendais pas à ça !
Nous évitons soigneusement le platier débordant et pénétrons dans la rade en longeant la falaise sur tribord. Nous contournons les voiliers et mouillons presque en fond de rade par 5 m d’eau sur sable de bonne tenue.
La rade est bien abritée du sud est, nous apprécions le calme retrouvé.
Position : 19° 31’ 561 S – 169° 29’ 662 E, 167 milles parcourus.
Nous voilà au Vanuatu, tout est calme, pas un bruit, quelques enfants jouent sur le sable de la plage, une pirogue vient vers nous. Deux jeunes hommes à bord, ils nous proposent des fruits, bananes, un corossol…
Ils nous expliquent comment débarquer, comment aller au village sur la falaise, avec beaucoup de gentillesse…
Cette visite semble de bon augure pour notre séjour sur Tana.
L'après midi, nous partons en annexe pour débarquer au dessous du
Yacht club.
Chemin faisant, un « yachty » nous aborde, il nous explique que c'est Stanley
qui organise le transport pour aller à Lenakel faire les formalités d'entrée
dans le territoire. Petite explication : Lenakel, la ville se trouve de l'autre
côté de l'île, mais comme le mouillage n'est pas bon, nous avons préféré venir à
Port Résolution.
Nous escaladons le sentier qui monte et nous trouvons le yacht club, une belle
construction traditionnelle. La charpente en branche supporte une couverture de
feuilles de palme et de feuilles de pandanus, les murs extérieurs faits de
panneaux de feuilles tressées. Les larges ouvertures sont décorées de guirlandes
de coquillages et de coraux. Devant, face à la mer, trois bungalows du gîte
dominent la baie, une pelouse bien taillée entoure tout cet ensemble. Mais pas
âme qui vive ici !
Nous poursuivons vers le village par le chemin de terre à la recherche de notre
homme providentiel. Nous passons devant la petite construction de la maison de
l'exposition culturelle, où sont exposées quelques photos évoquant l'histoire de
l'île, la colonisation et le condominium franco anglais, puis l'indépendance.
Une statue de deux mètres sculptée dans un tronc de fougère arborescente attend
d'être dressée devant la bâtisse. Nous poursuivons et rencontrons Johnson qui
parle français, c'est le frère de Stanley qui lui est anglophone. Dans le
village on parle le bishlama, la langue nationale plus la langue de l'île et une
partie de la population est anglophone et l'autre partie francophone. Avec
Johnson, nous convenons de notre agenda pour les trois jours que nous comptons
passer ici : demain jeudi nous partons dès 8 H en 4 X 4 faire nos formalités
d'entrée aux Vanuatu, Vendredi, nous allons visiter le volcan en éruption puis
assister au spectacle de danse qui a lieu chaque semaine.
Nous traversons le terrain de foot au centre du village, faisons un petit tour
pour nous imprégner de l'atmosphère puis nous rentrons nous reposer.
Jeudi 26 juin :
A 8 H nous sommes devant le yacht club comme convenu, nous retrouvons un
équipage allemand de trois personnes, bientôt rejoint par un équipage
néo-zélandais de cinq personnes, puis d'un autre de deux. Nous voilà un bon
nombre pour cette expédition !
Enfin, un 4 X 4 arrive, Stanley au volant nous demande de tous monter dans la
benne du véhicule. Heureusement, de petits bancs ont été installés tout le tour,
nous nous tassons les uns contre les autres et nous voilà partis. Nous
traversons le village sans encombres, mais très vite arrivent les premières
ornières et il faut se cramponner solidement des deux mains pour ne pas être
éjectés dans les fougères. Bientôt, un autre 4 X 4 arrive en sens inverse, nous
stoppons, les chauffeurs demande à nous trois de changer de véhicule. Sans
comprendre pourquoi, les trois « frenchies » changent de monture. Celui-ci est
encore moins confortable, il possède une armature pour soutenir une bâche et
nous devons trouver une place pour passer la tête et ne pas se cogner. Nous
traversons des ponts constitués de deux fois trois troncs pour le passage des
roues. Le chauffeur, précautionneux ralentit à chaque obstacle, mais nous sommes
ballottés dans tous les sens. Nouvel arrêt, quatre femmes montent, elles avaient
toutes un bébé, elles vont à une visite au dispensaire. Nous grimpons de très
fortes pentes et il doit mettre la boîte courte et l'ascension reste laborieuse.
Nous redescendons des pentes non moins pentues et qui semblent glissantes, de
temps en temps, nous sentons déraper. La pluie arrive, notre chauffeur s'arrête
et déroule une bâche par-dessus l'armature, nous nous retrouvons quasi dans
l'obscurité et c'est la rigolade. Nous laissons les mamans au dispensaire et
poursuivons à trois dans la benne en se cramponnant de plus belle. Il nous faut
deux bonnes heures pour arriver à la ville de Lenakel. C'est la grosse
attraction, le téléphone mobile arrive sur l'île et une vente promotionnelle a
lieu dans le plus important des deux magasins : c'est la queue pour acheter,
mais beaucoup regardent. Ici, les maisons sont un peu plus denses, on s'arrête
sur la place du village. Pour nous dégourdir les jambes, nous descendons vers ce
que fut le port, une digue subsiste mais elle est tellement battue par les
vagues qu'il ne serait pas possible d'y accoster.
Un voilier a cependant mouillé non loin, il fait des bonds énormes et l'on se
demande jusqu'à quand son ancre va tenir ? Il fait l'attraction, de nombreux
badauds regardent, stupéfaits du spectacle. Nous reprenons notre taxi et
repartons en direction des administrations, la douane, puis l'immigration. On ne
pourra pas faire la quarantaine, l'agent est allé acheter son téléphone !!! Nous
devrons la faire à la capitale. De retour au centre ville, nous marchons un peu
puis décidons de prendre un repas avant de rentrer. Nous invitons notre
chauffeur à notre table pour partager notre plantureux repas : menu unique, une
assiette de riz en sauce avec taro et igname et viande de bouf en petits
morceaux. Nous marchons un peu avant d'entreprendre notre équipée du retour, la
bâche repliée au 2/3. La rentrée au bercail s'effectue de manière aussi sportive
qu'à l'aller et nous arrivons fourbus.
Vendredi 27 juin :
Visite des fumeroles et des sources d'eau chaude avec Rose, une jeune maman de
quatre enfants qui parle français et habite près de la plage. Avant de partir en
visite, Rose a mis trois bananes dans une source et lors de notre retour, elles
sont cuites et nous les mangeons. En fin d'après midi, nous partons pour le
volcan avec Johnson et notre taxi habituel. Arrivé au pied du volcan, nous
payons l'entrée et le chauffeur d'un autre véhicule annonce à Johnson qu'il ne
faut pas monter, le brouillard masque le cratère. Donc nous remettons la visite
à demain et nous rentrons au village. Une heure et demie d'attente et nous
repartons à 11 yachties dans la benne pour voir les danses de Sulfur bay, plus
d'une heure de shaker. Mais avec le mauvais temps, peu de groupes se sont
déplacés. Plusieurs groupes chantent et s'accompagnent à la guitare, à
l'extérieur quelques danseurs évoluent dans l'ombre. Au dessus du village, le
volcan gronde et éclaire tout le ciel de rouges incandescents. Le retour en taxi
brousse dans la nuit nous masse vigoureusement les fessiers et nous arrivons
bien meurtris.
Samedi 28 juin :
Ce matin, nous avons tout le temps de faire une grande promenade dans le
village, nous devons retrouver un groupe de yachties vers midi pour prendre un
repas en commun dans le restaurant communautaire. Léa nous prépare une grande
variété de légumes et un poulet au curry, c'est un vrai régal. 18 heures, nous
repartons pour le volcan
Yasur, 361 m d'altitude, ce soir, il fait beau, c'est
le bon jour. Evidemment, la benne est archi-pleine et nous avons droit à un
nouveau massage d'une heure. Il nous faut marcher un quart d'heure pour
atteindre le sommet du cratère, puis encore cinq minutes sur le bord pour
atteindre le meilleur point de vue. A peine sur la lèvre du cratère, un
grondement de tonnerre nous accueille et le volcan crache un premier jet de
laves incandescentes.Nous sommes tellement surpris par la proximité du phénomène
que de réflexe, nous reculons de quelques pas.
Le festival se poursuit, toutes les cinq à six minutes, le volcan gronde et
crache ses entrailles rougeoyantes dans le ciel de la nuit. Heureusement le vent
nous arrive dans le dos, les fumées et les poussières partent de l'autre côté et
nous assistons tranquillement à ce grandiose feu d'artifice. Merci Vulcain !
Nous redescendons à la lueur de nos frontales jusqu'au taxi, le retour se fait
dans le silence, presque le recueillement, nous sommes imprégnés de notre vision
apocalyptique.
Dimanche 29 juin :
A 7 H nous remontons l'ancre, nous faisons le tour des voiliers encore endormis,
au passage le couple d'australien de Destinity nous salue de leur cockpit. Nous
sortons de la passe et envoyons la G V, puis nous déroulons le génois et prenons
le cap au 325°. Le volcan nous salue à son tour d'un énorme grondement suivi
d'une non moins importante éruption de poussière. Le nuage s'étend
progressivement et couvre la totalité de l'île. Puis, une seconde détonation se
fait entendre, une troisième, une quatrième alors que nous nous éloignons des
falaises. 9 H 30, nous doublons le cap Eniangiang et prenons le cap au 318°, le
sud est de 12 à 15 nds nous pousse à 6 nouds. Nous voyons déjà Erromango sur
tribord, alors que nous laissons au loin la petite île Aniva.
Dans la remontée de la côte sud, nous apercevons un cata faisant la même route,
à la même vitesse que nous. A 15 H 30, nous virons Ountovin Point, puis Umatuo
point et nous nous dirigeons vers le fond de Dillon's Bay. Deux voiliers sont
déjà mouillés et le cata nous devance de quelques minutes. Nous trouvons
facilement notre coin de plage pour lâcher notre ancre.
Position : 18° 49' 24 S - 169° 00' 77 E, 53 milles parcourus.
Nous descendons l'annexe et remontons l'embouchure de la petite rivière. Très
vite nous rencontrons Donald, il parle français, il veut bien nous conduire dans
la montagne voir le kaori, cet arbre géant. C'est à plus de 9 Km et il nous
donne rendez vous à 8 H, demain matin. Nous le laissons, il prépare une sono
pour la messe du soir avec le pasteur, cela se déroule dans la cour de l'école
préélémentaire.
Lundi 30 juin :
A 8 H nous sommes devant l'école, un enfant va chercher Donald. Il revient avec
George qui part chercher Thomas pour nous servir de guide. Thomas nous annonce
11 Km pour atteindre le kauri, ce qui fait 2 H 30 de montée. Nous partons sur le
champ d'un bon pas.
Le chemin grimpe tout de suite très raide, nous rencontrons
une classe herborisant avec son maître d'école. Le parcours, très varié s'avère
difficile et très pénible. Notre guide marche d'un pas de commando et nous
peinons à le suivre. Il nous demande de le suivre alors qu'il s'écarte du
sentier, là devant nous, en pleine forêt s'élève, majestueux de ses cinquante
mètres, le roi Kauri ! Vraiment cela vaut bien le déplacement !
Au cours de la descente, Thomas s'arrête en forêt et nous cueille une noix de
coco qu'il nous prépare, nous apprécions beaucoup, autant l'attention que le
breuvage. De retour, Donald nous attend, il doit nous organiser la visite de la
grotte. Nous devons revenir vers 15 H 30, juste le temps de rentrer manger
quelque chose et nous reposer un peu. C'est à nouveau Thomas qui nous guide, les
américains du cata sont du voyage avec nous, nous prenons les deux annexes, pour
rejoindre la baie suivante.
Ces deux grottes, l'une souterraine et la seconde à flanc de falaise
renfermement les ossements d'anciens chefs de tribus cannibales. Dans la grotte
souterraine, nous voyons les ossements de membres soigneusement rangés par
petits tas et épars sur le sol, des ossements divers. Dans l'autre, que l'on
atteint en
escaladant la falaise en se cramponnant aux racines des banians, des
crânes sont alignés sur deux rangées. La lumière du soleil couchant illumine
très joliment la falaise au travers des frondaisons.
Le cargo ravitailleur n'est pas venu depuis trois mois et ils n'ont plus rien au
village. J'ai donc donné dix litres d'essence à Georges, il doit partir nous
pêcher des langoustes ce soir. Huit heures, neuf heures, toujours pas de
Georges, à 9 H 30, il revient avec Thomas, ils n'ont qu'une langouste et une
crevette plate plus un gros perroquet bleu. Ils sont confus, ils n'ont pas
remplis leur contrat, le temps mauvais les a empêchés de chasser correctement et
ils sont épuisés. Je les remercie cependant.
Mardi 1er juillet :
Les réveils sonnent à 4 H ce matin, nous avons décidé de partir tôt pour ne pas
naviguer de nuit, nous avons 80 milles pour cette étape. Peu de vent, nous
partons voile et moteur à 6 nds. Dans la matinée, le vent rentre et Soleja
accélère, à la mi journée, avec un sud est à 15, 20 nouds au largue, nous filons
entre 7 et 9 nds dans une belle houle, au cap 325°.
A 15H30, nous virons la pointe Pango qui ferme la baie de Port Vila, nous
prenons le cap 46°, puis l'alignement au 78° pour pénétrer dans le fond de la
baie. La V H F appelle : Soleja, Soleja pour Apsara, le message est répété deux
fois. Claire et son équipage, Agathe et Etienne sont arrivés depuis deux jours
et nous attendent. Ça sent l'apéro du soir. Nous venons planter notre pioche à
côté d'eux et ce sont les joies des retrouvailles. Nous présentons les membres
qui ne se connaissent pas encore et les questions fusent de toutes parts. Et
alors, comment ? Où ça ?... A ? Oui, oui.. Nous voilà Port Vila la capitale des
Vanuatu.
Position : 18° 49' 24 S - 169° 00' 77 E ? 53 milles parcourus.
Mercredi 2, jeudi 3 juillet :
Nous procédons au nettoyage du bateau et nous
partons à la découverte de la ville. Port Vila consiste en deux rues parallèles
dont une principale avec des magasins et quelques rues transversales, d'un bord
de mer qui se privatise de plus en plus, d'un marché aux fruits, légumes et
artisanat, d'une marina pouvant accueillir une vingtaine de bateaux à quai et
une quarantaine sur corps morts. Sur l'extérieur, on trouve une zone artisanale
et commerciale plus spécialisée.
Vendredi 4 juillet :
Durant la nuit, le vent a tourné et Soléja
s'est un peu trop rapproché d'Apsara, nous avons dû modifier le mouillage.
Alors que nous prenons notre petit dèj, des marins du port nous informent que
nous devons changer de mouillage, un gros cargo devant arriver dimanche matin.
En compagnie de l'équipage d'Apsara, nous partons faire le tour de l'île à bord
d'une voiture de location.
Nous avons rencontré une famille dans le nord, nous leur avons acheté une grande
quantité de légumes : choux chinois, poireaux, oignons et papayes . Plus loin,
nous nous arrêtons croyant trouver un marché avec des bananes, c'est en fait le
retour d'un mariage.
Dans un grand parc, sont rangés au sol des lots de
nourriture étiquetés. Deux hommes donnent le numéro et attribuent le lot à une
famille. En fait, ce sont les restes du repas de mariage non utilisés qui sont
distribués aux habitants de la commune : viande de bouf, taros, ignames,
bananes. L'attribution se fait en fonction du nombre de bouches de la famille.
Nous discutons avec la population et un orchestre local arrive sur un camion en
jouant et chantant. Derrière eux, une troupe de femme vêtue de vert chante et
danse également avec grand enthousiasme. Tout ce beau monde entre sur le
terrain, du camion descend un jeune homme très élégant en costume, c'est le
marié ! Le camion est déchargé de tous les cadeaux de la famille du marié :
quantité de nattes, télé, vaisselle et autres. Tout le monde entre dans une
bâtisse en chantant et dansant à tue-tête. Nous assistons un moment puis
repartons vers notre voiture.
A cent mètre devant nous, un autre camion s'est arrêté, un orchestre joue et
chante, un groupe de femmes vêtues de bleu commence à chanter et danser avec
autant d'enthousiasme que le premier. Au centre du groupe, la
mariée
est emmenée
par ses mère et soeurs vers son compagnon dans la joie et l'allégresse.
Ce mariage a vraiment marqué le temps fort de la journée.
De retour sur Soléja, nous voulons changer de mouillage, mais impossible de
démarrer le moteur. Lors de la manœuvre de cette nuit, la clé du démarreur
n'est pas revenue à sa position neutre et le moteur du démarreur n'a pas aimé du
tout, il en est mort d'émotion !!! Finalement, c'est Claire qui va
nous accompagner à la marina avec son annexe. Là, je pourrai faire réparer plus
facilement.
Samedi 5 juillet
Le mécano anglais confirme la panne, commande
un démarreur neuf en Australie et nous dit qu'il devrait arriver dans 3 ou 4
jours. C'est inespéré ! Donc, si tout va bien, Jeudi nous sommes parés pour
faire d'autres mouillages !
Finalement, mes équipiers, Solange et Philippe, partant le 11 juillet ne verront pas la nouvelle pièce
qui n'arrivera que dans la nuit de vendredi, pour être posée le dimanche matin
et je ne pourrai larguer les amarres que mardi 15 juillet.
Depuis le 10 juillet, arrivent des voiliers du rallye de l'ARC. Une organisation
qui permet aux navigateurs de faire le tour du monde
rapidement sans se poser de questions sur la météo ou l'arrivée dans un nouveau
pays ou un nouveau port, tout est prèt lorsqu'ils arrivent. Les formalités sont
faites, les places réservées en marina lorsqu'elles existent, bref du sur
mesure. Une douzaine de voiliers sont déjà là, ils doivent être 32 dans quelques
jours. Il est grand temps pour Soléja d'envoyer la toile.
Albums Photos :
Tana
Erromango
Efate
Mardi 15 juillet :
8 H 30, les mariniers de la marina viennent m'aider à extirper Soléja de son
trou, il est un peu coincé entre le voilier de Mike un vétéran américain
débonnaire que j'ai déjà rencontré l'an dernier à Raïatéa et un Jeanneau 57
pieds australien du rallye. Le vent de travers me déhale sur mon voisin et les
amarres sont nouées au corps morts sous l'eau. Je ne risque pas de partir à la
cloche de bois.
Me voilà libre, je vais saluer John et Shauna sur Destiny qui viennent de
Sydney, nous échangeons nos cartes de visite et espérons nous revoir.
Enfin, Soléja et moi prenons la direction de la sortie, le soleil étincelle. Le
vent monte tout de suite à 20 nds. Je prends le temps de ranger mes amarres et
mes défenses, je vérifie tout. J'envoie la G V avec un ris et le génois à demi
pour voir dans la mer hachée de la pointe. Le vent d'est annoncé à 35 nds, je
vais le vérifier très vite. Je modifie mon parcours, et je tire sur l'île EMAE
nous sommes au près à 60° du vent, au cap 13°. Je laisse la petite île Erétoka
sur bâbord et le s îles Lelefa et Nguna sur tribord. Dès que nous sommes moins
abrité, les vagues prennent le pont d'assaut, Soléja file ses 7,5, 8 nds et le
choc de l'eau se fait parfois violent, mais Soléja taille fièrement sa route
dans la mer formée en négociant chaque lame. Le beau temps n'a pas duré, le ciel
s'est rapidement couvert et les grains se succèdent, La mer anthracite reflète
le ciel de plomb.
Ces conditions vont nous accompagner jusqu'à Emae, 25 à 30 nds de vent, avec des
surventes à 35 et même 39 nds, Soléja progresse autour de 8 nds avec des pointes
à 9,5 nds. Lorsque nous passons sous le vent de l'île, au lieu de baisser, le
phénomène venturi le fait accélérer à plus de 35 nds au dessus du relief. Je
dois rapidement rouler le génois pour remonter sur le mouillage, puis affaler la
GV et terminer avec Yan face au vent et à la mer à 4,5 nds. Les 35 nds au près,
nous ont bien secoué et bien mouillé et le temps gris accompagné de grains, de
circonstance.
Mais j'étais content de repartir
15 H 45, l'ancre mouillée par 7 m de fond, je sui au calme dans Sulula bay.
Du pont, je vois très nettement les fonds, vite je chausse palmes, masque et
tuba. L'eau est si claire que je m'y suis baigné. Les veines de corail
parallèles, d'une grande variété alternent avec des veines de sables, des
poissons multicolores évoluent sans trop se préoccuper de ma présence. Je
dépasse mon ancre et un peu plus loin, à cinquante mètres, une belle « patate »
monte de 7 m de fond, le corail affleure à 80 cm de la surface. Elle est bien
lisse, elle a déjà bien été touchée, mais j'ai eu de la chance de ne pas avancer
un peu plus !!!
Le vent souffle toute la nuit et la chaîne rague dans le corail.
Position : 17° 02' 95 S - 168° 22' 35 E, 56 milles parcourus vent maxi 33 nds,
vitesse maxi 9,5 nds.
Là, la carte électronique n'est pas très bonne, elle nous positionne à ½ mille
sur l'île.
Mercredi 16 juillet :
Je n'ai pas envie de descendre à terre et décide de partir sur l'île EPI. Il est
9 H 30 lorsque je relève la Brake des fonds sableux et j'envoie la toile, 1 ris
et 1 /3 de génois pour sortir de la baie et contourner le reef. Le vent d'est
souffle entre 20 et 25 nds, je déroule le génois aux 2 /3 et Soléja
accélère à 7,5, 8 nds. Le soleil brille, les petits nuages d'alizé agrémentent
le bleu du ciel, c'est du bonheur.
La journée s'écoule tranquillement, au largue à 120° du vent, au cap 315° et
bonne allure. J'aurai presque envie de ne pas m'arrêter ce soir, mais de
poursuivre pour une longue traversée, pour des centaines de milles vers le
détroit de Torres .
A 15 H je suis installé dans Lamen bay, bien abrité de la mer et du vent.
Position : 16° 35' 63 S - 168° 09' 80 E, 35 milles parcourus, vent maxi 39 nds,
vitesse maxi 9,5 nds.
Je ne vois pas de village alentour, juste une école secondaire, cela ne m'incite
pas à descendre à terre et je n'ai pas le courage de descendre l'annexe, je
m'installe dans ma solitude.
Jeudi 17 juillet :
J'ai une courte navigation aujourd'hui, je remonte l'ancre vers 10 H et part,
vent arrière d'abord, puis au largue, à 120° du vent au cap 300°. Soléja passe
de 6 à 7,5, 8 nds sa vitesse de croisière. Le vent d'Est nous emmène
tranquillement. Mais avant d'entrer dans la baie de port Sandwich, sur l'île de
MALAKULA ou MALICOLO, le vent
faiblit, je dois solliciter Yan et rouler le génois.
Lorsque je m'apprête à affaler la GV, je vérifie la ligne de traîne. Humm ! On
dirait qu'elle tire, je la roule. On dirait qu'il y a quelque
chose ! Et oui, je remonte un beau maï-maï (dorade coryphène) d'1,2 m. Je vais
faire des envieux et un ou une heureuse. Au milieu de la baie, quatre jeunes
filles à bord d'une pirogue m'interpellent, elles s'amuse beaucoup et avancent
peu. Les questions fusent, - « Comment tu t'appelle ? D'où tu viens ?... et ce
poisson, c'est pour qui ?
Voilà ma coryphène a déjà trouvé preneur contre des pamplemousses qu'elles
doivent m'apporter au mouillage dans un moment.
A 14 H 30, je suis installé dans le fond de cette baie bien fermée, pas un
mouvement, la nuit sera douce. Les filles reviennent avec les pamplemousses, six
oeufs, trois cocos et une papaye, mais celle-ci est abîmée, je leur laisse. Nous
discutons jusqu'à la nuit et elles repartent satisfaites de l'échange. Le gros
poisson est très rare, il faut aller pêcher au large et leur pirogue ne le leur
permet pas.
Position : 16° 26' 325 S - 167° 47' 065 E, 25 milles parcourus. Vent maxi 25 nds,
vitesse maxi 9,4 nds.
Vendredi 18 juillet :
La baie s'anime, les pirogues partent chargées de familles entières, tous vont
travailler leur jardin et leur cocoteraie de l'autre côté de la baie. Tous ont
un petit mot en passant, bonjour, comment ça va ? D'où venez vous ? Certains
s'attardent un instant avant de poursuivre.
Ce matin je pars en direction Lamap, une petite ville enfin, ils appellent
ville, un village qui possède un magasin. En chemin, je rencontre plein de gens
intéressants, à chaque fois on discute un peu.
Au magasin, j'ai discuté un bon moment avec des hommes, ils m'ont annoncé que
c'était le jour du ramassage du copra, voilà pourquoi il y a tant
d'effervescence dans le village, trois 4 X 4 font des va et viens pour
transporter les sacs vers le hangar de stockage près de l'embarcadère.
Plus loin, un garçon viens en courant vers moi, puis me demande si je veux voir
son jardin. Je le suis et il me présente Raphaël qui m'invite à m'asseoir à ses
côtés. Il m'explique ce qu'il cultive, qu'un américain veut les aider à cultiver
du maïs avec de nouvelles méthodes, mais il n'a pas encore commencé. au bout
d'un instant, il appelle une de ses filles qui nous apporte de la citronnade à
boire. Nous sommes bien, à l'ombre d'un grand manguier et je vais prendre congé,
lorsqu'il me demande de partager son repas. Je ne puis refuser.
Il est 14 H lorsque je repars.
Cinq minute à peine et je me fais interpeller à nouveau. Eribert jeune
instituteur, veut me faire visiter son école. Il me demande si j'ai un peu de
temps et m'embarque dans la visite complète de « l'histoire française de Lamap
». Il me montre une série de bâtiments dont il ne reste plus que les murs et les
sols en béton. On dirait qu'ils viennent d'être construits. Ce sont en fait les
restes du lycée français d'avant l'indépendance, il l'a vu fonctionner jusqu'en
1985. Il me montre les salles de classe, les salles spécialisées, le réfectoire,
les dortoirs. Je sens que cela lui fait mal que tout soit abandonné.
De l'autre côté du chemin, l'hôpital a subi quasiment le même traitement, ne
sont utilisées que quelques salles sans matériel et sans aucun entretien. Le
gouvernement, anglophone a récupéré tout le matériel médical pour le transporter
dans la ville du nord, Norsup, qui elle est à dominante anglophone. Il faut dire
que le village de Lamap est en totalité francophone.
La guerre de langue a bien
lieu à Lamap !!!
La gendarmerie et ses dépendances ont subi le même sort. Seuls quelques
bâtiments sont encore utilisés, la mairie et l'ancienne poste, mais tout est un
peu délabré. Il me montre avec fierté le phare qui indiquait l'entrée du port,
les poteaux électriques, l'éclairage public et l'emplacement du groupe
électrogène. Plus groupe, plus d'électricité, ni éclairage.
En contre bas, près le rivage, Eribert me montre les restes d'une maison de
gardien, le toit est écroulé.
Après l'indépendance, les ressortissants français qui travaillaient ici ont été
expulsés.
Nous faisons le tour du groupe élémentaire, il me présente son directeur, tous
deux m'expliquent qu'ils envisagent la construction d'un collège. Deux classes
fonctionnent déjà dans les locaux de l'élémentaire et la commune a déjà commencé
les travaux.
Nous descendons dans la cocoteraie de la mission jusqu'au rivage. Il me présente
son grand père Augustino Abong, 78 ans bon pied bon oeil qui était gendarme
français et possède toujours son calot de service, son oncle sculpteur, chef
Meleun, Hernin Abong qui m'offre deux statuettes de pierre. Nous poursuivons, il
me montre les lieux de divertissement du personnel français en place, le terrain
de tennis dont il ne subsiste que la dalle et les piquets du grillage, le
restaurant. La France appelait Lamap le village français et le gouvernement
anglophone a voulu effacer cette image.
Nous repartons amers, Eribert tient à m'accompagner jusqu'au port. Sur le retour
nous rencontrons le groupe d'hommes avec qui j'ai parlé le matin, ils attendent
le véhicule de transport du copra. Eribert vient à bord et nous discutons
jusqu'à la nuit.
Cette journée a été très intense et émouvante pour Eribert comme pour moi.
Samedi 19 juillet
:
J’ai
vraiment passé une super bonne nuit dans cette baie tranquille, pas un seul
mouvement, pas un souffle de vent. (Ça rappellera
quelque chose aux ceusses qui ont fait la Grèce en 2005 avec nous.) Je passe
près du village d’en face en partant et une pirogue arrive, le jeune homme me
demande de venir à son village. Hélas, je ne peux pas mouiller ici, les têtes de
corail sont trop nombreuses, je suis aussi désolé que lui… Certainement une
belle histoire qui ne verra pas le jour…
Je remonte la baie au moteur et j’envoie la toile, l’Est souffle déjà à 15, 18
nds et nous propulse à 7,5 nds au près, à 60° du vent. La traversée se fait
rapidement, les 13 milles sont abattus en deux heures et je mouille vers midi
dans la petite baie de Craig Cove sur l’île AMBRYM.
Position : 16° 15’ 265 S – 167° 55'277 E, distance parcourue 13 M. Vitesse maxi
9,5 nds, vent maxi 23,5 nds. Dans l’après midi, je descends à terre, bon nombre
de personnes attendent, des 4 X 4 vont et viennent… Je m’adresse à un groupe
d’hommes et je leur demande la raison de ce rassemblement. Un bateau doit passer
pour ramasser la récolte de coprah de la semaine. On ne sait pas à quelle heure,
et s’il passera aujourd’hui. S’il n’est pas là vers 17 H, il ne viendra que
lundi, on ne travaille pas le dimanche… Je vais faire un tour dans le village,
j’aimerai rencontrer les fameux sculpteurs de
tambours.
Mauvaise pioche, ils habitent dans un village au centre nord, près du volcan. Je
ne peux pas y aller, il n’y a pas de mouillage. Pour visiter le volcan, (12 Km
de circonférence) il faut partir plusieurs jours, coucher en gîte et marcher une
journée. Je ne peux pas laisser Soléja, si longtemps seul dans la baie.
Par contre, une maman me propose, un régime de bananes vertes et des choux
chinois contre du riz et de petits cadeaux. Sur le chemin du retour, une
fillette veut me donner des papayes et des cocos, elle me les apportera au
bateau demain matin…
Dimanche
20 juillet :
Le dimanche tout est mort, les gens vont à l’office religieux et restent en
famille, aussi je décide de partir vers le nord de Mallicolo. Je prépare Soleja
et lorsque je vais remonter l’ancre, une pirogue arrive avec cinq enfants à bord
dont Marceline. Elle m’apporte deux cocos et deux papayes, échanges de cadeaux,
stylos et biscuits pour tout le monde. Il fait gris, le ciel est couvert et il
se peut que j’aie quelques grains. Vers 11 H, je mets le cap sur la baie de
Norsup à MALICOLO. Le vent d’est reste fidèle, 15 à 20 nds. Dès la sortie,
Soléja cavale à 7, 8 nds au largue avec la G V à un ris et 2/3 du génois. Vers
midi, il passe même à 20, 25 nds sous les grains. Le mouillage de Norsup s’avère
impraticable, par vent d’est, la houle tourne autour de la pointe et pénètre
jusqu’au fond.
Je décide de m’abriter derrière l’îlot Norsup. En entrant, j’ai remarqué une
belle langue de sable, d’ailleurs, un cata occupe déjà la place. Je me fais tout
petit et m’approche un peu plus de la plage. Le skippeur sympa vient avec son
annexe pour m’éviter les patates. C’est un français de Nouméa, mais je n’en
saurai pas d’avantage, il repart très vite sur son cata, il ne fait pas beau,
cela n’incite pas à s’épancher.
Sur l’îlot, une vingtaine de barques et pirogues sont rangées sur le sommet de
la plage, je pense que les gens de Norsup sont venus passer le dimanche sur
l’île.
Un peu plus tard, une femme et sa petite fille arrivent en pirogue, la femme
vient discuter et me demande si je veux quelque chose. Elle m’explique qu’en
fait, ils sont venus à la messe sur l’île et ils restent la journée et ils pique
niquent. Elle veut absolument m’apporter quelque chose, elle revient un instant
plus tard avec deux papayes et deux cocos. Nous plaisantons un moment.
Position : 16° 03’ 503 S – 167° 24’ 350 E, 30 milles parcourus, vitesse maxi 9,2, vent maxi 32 nds.
Les cartes électroniques sont approximatives à 0,5 mille et je suis mouillé sur l’île comme à Ambrym !!…
Lundi 21 juillet :
Le
temps reste gris, les nuages occupent tout le ciel, pas une place pour du bleu
ou un rayon de soleil, que faire ? Mettre les voiles ! A 10 H 30 j’envoie, l’Est
persiste avec 15, 20 nds et nous partons au vent de travers à 7, 8 nds. Vers
midi, le vent monte un peu comme à l’accoutumée, 20, 25 et Soléja accélère, 8,5
nds. Même si le temps reste gris, c’est tout de même une bonne nav.
Au passage de Dives pass, entre les
îles Abokisa et Tubua, notre course ralentit, le vent est coupé par l’île. Nous
passons la Pointe Chappuis et nous voilà dans le
canal de Luganville sur l'île d'ESPIRITU
SANTO. A mi chemin, je roule le génois et affale la G V. Le vent arrive dans
l’axe du chenal, les places abritées seront chères, les lieux de mouillage ne
sont pas nombreux, les fonds sont importants… La rive bâbord semble mieux
abritée, mais elle est à 2 milles de la ville, en annexe, ça fait loin. Le guide
indique un mouillage derrière l’embouchure de la rivière, voyons voir…
Une quinzaine de voiliers sont déjà là. Je serpente parmi eux, 15 m, 10 m, 5 m…
Là il n’y a plus que les catas, je remonte la dérive et j’avance, 4, 3… Je
mouille par 2,5 m de fond, je suis bien abrité derrière la langue formée par les
alluvions, je ne bouge quasiment pas. Les voiliers du rallye de l’ARC sont
partout, je retrouve les australiens avec leurs 2 Janneau 57 pieds, le canadien
et le français du Havre, Roger Langevin sur son trimaran.
Position : 15° 31’ 294 S – 167° 09’ 901, 35 milles parcourus, Vitesse maxi 10,4 nds, vent maxi 35,5 nds.
Mardi 22 et Mercredi 23 juillet :
En sortant, je passe par la plage
d’un hôtel et je demande comment aller en ville ? La personne que j’interpelle
se trouve être chauffeur de bus et me propose de me conduire. Les passants
lèvent la main pour arrêter le bus, donnent leur adresse et le chauffeur accepte
ou pas de les conduire. Le tarif est unique : 100 Va. Nous faisons un grand
détour pour poser deux collégiens à leur école, puis nous partons vers le centre
ville. Je vais rester deux journées à Luganville. Deuxième ville du Vanuatu,
l’unique rue s’étire le long de la rive du canal sur deux Km. On trouve un
marché quotidien aux fruits et légumes, un parc, les quelques
supérettes proposent toutes les mêmes produits de base et elles sont toutes
tenues par des asiatiques, une halle avec les produits artisanaux des îles… le
tour est vite fait.
Je passe à l’alliance française et
aux deux restaurants français du coin
pour discuter un peu… Le soir, en rentrant je suis attiré par la scène qui se
déroule dans la cour d’un collège. Tous les élèves sont rassemblés en un seul
rang devant le drapeau du Vanuatu, un adulte frappe le rythme. Je pense qu’à
la fin des cours, ils abaissent les couleurs comme dans certaines îles… Je
m’avance vers deux personnes devant le portail et les questionne. Il s’agit de
la préparation des élèves à la fête nationale du 30 juillet. « C’est comme notre
14 juillet, on fête l’anniversaire de l’indépendance, la fin du condominium
franco-britannique.
« Mais vous pouvez entrer si vous le voulez. » Je rentre et une dame m’explique à nouveau le pourquoi de cette manifestation, tout cela dans un parfait français. Une jeune femme asiatique arrive, elle ne parle qu’anglais, la discussion va rester limitée. Elle enseigne le japonais, elle est professeur volontaire pour deux ans à Luganville, elle vient d’un archipel du nord du Japon et se trouve très bien ici. Le lendemain je discute longuement avec une femme franco-vanuataise qui a ouvert un restaurant au centre ville.
Jeudi 24 juillet :
Le vent a viré à l’Est, il arrive dans l’axe du chenal, il rend le mouillage inconfortable à beaucoup de bateaux. Tous mes voisins sont partis, l’ARC s’en est allé vers l’Australie et la famille néo-zélandaise que j’ai rencontré plusieurs fois depuis Tanna vient de changer de rive. Je suis encore bien abrité, mais il va falloir partir aussi… Vers 8 H30, je relève mon ancre et remonte le canal face au vent. Avant de passer la pointe du Million Dollar Point (Nom donné depuis la fin de la dernière guerre; l’armée US a jeté à la mer tout le stock d’armes et de matériel qui avait été entreposé ici; on peut voir les vestiges dans deux mètres d’eau), j’envoie la toile. Le vent souffle à 15, 20 nds, sous le ciel gris nous filons à 7 nds avec un ris et les 2/3 du génois.
Je passe tour à tour les petites
îles Ase, Mavea, Taroa, Lataro, Lathu qui s’égrène tout au long de la côte Est
de la grande île Espiritu Santo. (Il ne faut pas oublier que c’est le portugais
Torres qui a découvert ces îles en premier). Enfin, je contourne l’île Thion
pour trouver mon mouillage du soir. Je pénètre avec précaution dans ce petit
lagon bordé de récifs, je me dirige à la couleur de l’eau pour voir les patates
de corail. Je dois contourner un dernier îlot et lâcher mon ancre dans 6 m d’eau
environ dans une belle tâche vert turquoise. Le lieu est exigu, on pourrait
mettre deux voiliers tout au plus dans cet abri, mais quel calme. Bien sûr, je
suis seul, le village se trouve à l’autre bout à plus d’un mille et demi. Au
jumelles, je n’aperçois que l’établissement scolaire et quelques maisons, peu de
vie alentour.
Il fait bon, le ciel s’est dégagé, l’eau m’appelle, je plonge…
Position : 15° 02’ 202 S – 167° 05’ 020 E. 37 milles parcourus, vitesse maxi 7,5 nds, vent maxi 28,5 nds.
Vendredi 25 juillet :
Ce matin le temps grisonne, je relève l'ancre vers 7 H ¼, je contourne
soigneusement l'îlot et remonte la baie, Yan à 1800 tours, le vent de face. Il a
tourné cette nuit à l'E N E à 10 nds, je vais être au près ! G V et génois
déroulé, je dois garder l'aide de Yan à 1300 tours pour remonter le vent très
changeant en vitesse, il passe de 5 à 15 nds, voir 25. J'essaie de garder le cap
sur le nord est de l'île Gaua où j'espère mouiller ce soir, mais je ne dépasse
guère les 5 nds, même si sous les coups de vent Soléja accélère à 7 nds, cela me
semble compromis.
Je manœuvre toute la journée, je réduis la toile, je remets, je prends un ris,
roule le génois à demi, dix minutes après, le vent tombe, je renvoie tout. out
cela pour des clopinettes, nous n'avançons pas vite. A l'approche de l'île, pour
profiter du vent, je change de route et passe par le sud. Pendant cinq milles ça
marche, mais ensuite, la mer de face et le peu de vent contraignent Yan à
ronronner à nouveau.
Il est 17 H et il me reste encore près de dix milles pour atteindre le
mouillage, ce n'est pas possible, je change de programme et je vais passer la
nuit en mer. Je change mon itinéraire et mets le cap sur Vanua Lava, l'île
suivante, à moins de trente milles. Treize heures pour faire trente milles, j'ai
le temps.
Le ciel s'éclaircit et le soleil se couche entre les deux îles, en embrasant
tout le ciel et les nuages qui traînent encore, les volcans se découpent à
contre jours sur fond de rouges et de roses. J'ai ma récompense du soir, un
spectacle fabuleux et vraiment inespéré.
Le vent tombe complètement, 3 nds et les étoiles arrivent les unes après les
autres. Elles finissent par illuminer entièrement la voûte céleste. Yan à 1200
tours, nous progressons à 3,5 nds sur le Nord Est pour s'écarter des côtes.
Voilà, la nuit se passe paisiblement à petite vitesse. Je branche le radar en
veille toutes les 20 mn et le réveil toutes les heures pour que je fasse un tour
d'horizon visuel, et je me couche.
Samedi 26 juillet :
Vers 1 H je vire de bord pour me rapprocher de Vanua Lava et arriver dès le
jour.
Dès 5 H 30, les premières lueurs blanchâtres de l'aube éclaircissent l'Est et me
font découvrir l'île Motta toute proche avec son dôme central et sa plaine
boisée périphérique, puis Vanua Lava et ses volcans qui laissent échapper leurs
fumeroles. Dès 6 heures, alors que je m'approche de l'entrée de la baie de Sola,
les couleurs pastel envahissent peu à peu l'horizon. Elles se renforcent au fur
et à mesure que Sieur Soleil s'élève et étalant sa palette de couleurs matinales
sur la moitié du ciel durant une quinzaines de minutes.
A nouveau, ce matin les Banks m'offrent une merveilleuse aurore, ce spectacle
grandiose me réjouit !
Vers 7 H, je mouille mon ancre Brake à 300 m de la plage et du débarcadère, dans
environ 10 m d'eau. Je ne peux pas approcher davantage, les têtes de corail
affleurent un peu partout.
Un seul voilier tire mollement sur sa chaîne dans la baie de Sola, Soléja.
Sur la plage de sable blond, des enfants jouent déjà, je prends le temps de
déjeuner tranquillement avant de descendre à terre.
Position : 13° 52' 416 S - 167°33' 281 E, 98 milles parcourus, vitesse maxi 7,8
nds, vent maxi 28 nds.
Vers 10 H je descends l'annexe et me voilà parti. Lorsque j'arrive près du
débarcadère, quatre ados m'attendent pour m'aider à sortir l'annexe et la
transporter sur le haut de la plage. Le débarcadère est tellement délabré que je
ne veux pas l'y laisser, elle serait crevée en quelques minutes. J'ai beaucoup
de chance, deux d'entre eux parlent un peu le français, ils m'expliquent que les
deux villages de la baie préparent la fête anniversaire de l'indépendance.
Chaque famille qui le peut monte un stand et vend quelque chose, repas,
pâtisseries, cocos. Je me dirige vers une grande pelouse bien tondue, deux
terrains de foot y sont dessinés, dont un petit en travers du grand. Sur le
pourtour du cet espace la population s'affaire au montage des stands, les
poteaux en branches fraîchement coupées soutiennent les feuilles de palmier ou
de pandanus qui forment les murs extérieurs. Au centre, près du terrain de foot,
un podium est installé, le D J de Sola fait les essais et réglages pendant qu'un
groupe d'homme observe et discute, bien installé sur des fauteuils de terrasse.
Je m'approche, salut et entame la conversation, un seul homme parle français, le
préposé à l'immigration, cela tombe bien. Un homme de sature plus importante qui
se trouve être un chef de village et avoir une autorité locale importante
m'invite à m'asseoir à leur côté et me désigne un siège. Il m'explique que pour
eux, la fête de l'indépendance, c'est comme pour nous le 14 juillet. Eux font la
fête du samedi au mercredi 30 juillet.
Cet après midi, deux matchs de foot doivent se dérouler, je demande à partir de
quelle heure et là, le chef me regarde avec un large sourire et me dit en
écartant les bras : je ne sait pas, ici, c'est l'heure « vanuataise », lorsque
les joueurs seront près.
Je
quitte cette aimable assemblée et me dirige vers un petit village en fond de
baie, celui-ci ne participe pas à l'organisation de la fête, lorsque je demande,
je sens une gène, mais nul ne peut me dire pourquoi, il s'agit probablement
d'une entente ou mésentente locale. un jeune homme vient à ma rencontre et va me
servir de guide pour le reste de la matinée, il m'emmène vers l'extrémité de la
pointe où un charmant gîte a été aménagé par un couple australien. Nous
regardons depuis le portail, nous ne pouvons pas entrer, les propriétaires sont
absents.
A mon retour sur la place, il est 14 H et la faim se fait sentir, je me dirige
vers un stand qui prépare de quoi se sustenter, on me sert un ris au bœuf et
sauce. Je me retrouve à table avec le chargé à l'immigration et un de ses amis.
Mais ils ne sont pas très à l'aise et font très vite. Un jeune homme de 10 ans
prends son repas en face de moi et entretient la conversation, il parle très
bien le français, son père est professeur de d'électricité et sa maman enseigne
notre langue, ils sont d'origine polynésienne.
Vers 15 H 30, les joueurs garçons et filles arrivent, ils se mettent plus ou
moins en rang sur le terrain et le chef prononce son discours depuis la tribune.
Ce discours n'en fini pas, les joueurs sont en plein soleil et marquent des
signes discrets d'impatience, certain mettent leur maillot sur la tête pour se
protéger.
Le match féminin commence enfin, elles jouent à six sur le petit terrain. Les
échanges de balle se font par de longs tirs imprécis et l'on ne va pas chercher
le ballon, il doit venir à soit.
Un peu plus tard, ce sont les jeunes gens qui sont sur la pelouse, ils jouent
sur le grand terrain, un peu plus vivement mais le manque d'entraînement se fait
sentir.
En rentrant à bord de Soléja, je vois que nous avons un voisin, un voilier
australien. Je passe les saluer et j'en profite pour leur demander s'ils ont des
documents sur les Salomon, je n'ai rien moi !
Dimanche 27 juillet :
C'est ici, à Sola que je dois faire mes formalités de sortie du territoire
vanuatais, mais je dois attendre lundi, le bureau de la douane et de
l'immigration sont fermés le samedi et dimanche.
Le temps est couvert, il pleut par intermittence, je reste à bord. En fin
d'après midi, mes voisins passent me voir, ils redescendent sur Vila et la
Nouvelle Calédonie et veulent savoir si je peux leur prêter des cartes. Je
cherche et je leur en porte tout un lot, comme ils doivent aller sur Ureparapara
comme moi le lendemain, ils pourront me les rendre là-bas.
Lundi 28 juillet :
Il fait grand beau aujourd'hui, je descends à terre vers 9 H pour aller à la
douane et à l'immigration. Tout se passe bien, assez rapidement. A l'immigration
le préposé parle français, c'est celui que j'ai rencontré samedi et à la douane,
il parle uniquement anglais, il prend soin de me rappeler que je dois quitter le
territoire dans les 24 H sans autre escale.
De retour à bord, je trouve mes cartes dans cockpit et je constate que les
australiens sont partis.
Je vais donc faire de même dans un instant.
Il est 10 H 30, Soléja et moi décollons, moteur donc, pour sortir de la baie, le
vent est aux abonnés absents ce matin.
J'envoie la toile vers 11 H et laisse Yan à 1300 tours pour aider les 10 nds au
près. Vers midi, tiens, quelque chose traîne derrière ma ligne, ce ne doit pas
être un poisson, le sandow ne tend pas. Je remonte le fil, mais oui, c'en est
bien un : un thazard d'un bon mètre. Je le pend dans la jupe arrière et le
laisse et relance la ligne.
14 H, le vent est monté un peu, 10 à 12 nds et nous marchons à 6 nds. Tiens, la
ligne tire à nouveau ! Je remonte, elle tire d'avantage, celui-ci doit être plus
gros ou ce n'est pas un thazard. Non, non c'est un barracuda d'un mètre vingt.
Attention de ne pas se faire mordre, il a des dents comme des poignard et il
reste très agressif jusqu'au dernier souffle. Je le pends dans la jupe sur
l'autre bord et je poursuis avec mes deux poissons pendus. Je sens que je vais
faire des heureux ce soir. .
J'arrive vers 16 H dans la grande rade de l'île Ureparapara, la plus nord des
Banks.
Dès que j'approche du fond de la rade, plusieurs pirogues viennent à ma
rencontre, les hommes rentrent des jardins, les pirogues sont chargées des
fruits et légumes de la récolte du jour. Les hommes regardent les poissons et
engagent la discussion, ici tout le monde parle anglais. Lorsque je leur dis que
je leur donne les deux poissons, ils ne veulent pas le croire, puis ils
m'offrent un régime de bananes, des pamplemousses des aubergines. Ils me
demandent d'aller visiter leur village.
Je mets l'annexe à l'eau et me voilà parti au village. Les cases sont
construites uniquement de branches et de feuilles de palmier ou de pandanus,
ici, aucun matériau en dur. Thomas me guide à travers les maisons de ce village
paisible. Il me présente sa femme Catherine qui est la seule personne à parler
français ici.
Le soleil s'est déjà couché et l'obscurité estompe les couleurs, il est temps
de regagner mon refuge.
Une pirogue approche, c'est Roberson, le chef du village, il vient me rencontrer
et va rester jusqu'à la nuit noire.
Position dans Dive's bay, Ureparapara : 13° 32' 482 S - 167° 20' 471 E, 28
milles parcourus.
Mardi 29 juillet :
Le vent à soufflé toute la nuit en faisant entrer la mer par côté, j'ai un peu
dansé et la chaîne a bien travaillé.
Dès 8 H 30, je relève ma « Brake ». Le temps est couvert avec un ciel très bas.
Le vent souffle déjà à 15 nds dans la rade, Je prends un grain violent tout de
suite avant de sortir, et il dure plus d'une heure celui là. J'attends pour
envoyer la toile, j'avance à 3, 4 nds au moteur face au vent. A la sortie, le
vent tourne avec moi autour de la pointe et je l'ai toujours de face. Enfin,
j'envoie, je suis au près à 50° du vent de 15, 20 nds au N N Ouest. Nous
progressons à 6 nds au cap 290°.
Peu à peu le ciel se dégage et laisse apparaître le soleil. Dans l'après midi,
le vent vient de plus en plus à l'ouest m'obligeant à abattre. Je ne suis plus
en route directe et je vais devoir tirer des bords. Je ne sais pas si je pourrai
être à mon mouillage avant la nuit. Dans les conditions actuelles j'ai le cap
sur le sud de Toga, la première île des Torres, mais elle ne possède pas d'abri
suffisamment sur et je dois aller au nord de Loh, l'île suivante. Je joue des
effets du vent autour de l'île pour gagner un peu plus, je tire des bords au ras
des cailloux et je gagne un peu, je gagne un peu.
Il est 17 H 30, le soleil vient de disparaître lorsque je mouille dans cette
baie ouverte au nord est. La réflexion de la lumière sous les nuages me permet
de distinguer les pâtés de corail. A peine installé, un nouveau grain nous tombe
dessus, puis le ciel se dégage à nouveau et je peux apprécier dans le calme
absolu la venue de l'obscurité sur la baie l'arrivée des premières étoiles.
Position : Loh, 13° 19 905 S - 166° 38' 500 E, 53 milles parcourus,
Mercredi 30 juillet :
La nuit a été très calme et reposante, le soleil est au rendez vous, tout va
pour le mieux.
Je prends mon temps ce matin, je pense faire un mouillage dans l'une des deux
îles du nord et elles ne sont éloignées que d'une dizaine de milles chacune.
Je pars au moteur vers 11 H, il n'y a pas de vent ce matin. A midi et demi, je
mouille dans Hayler bay sur l'île Tegua par 15 m de fond entre des patates de
corail (13° 14' 77 S - 166° 25' 76 E). Ceci ne me plait pas beaucoup, nous ne
sommes pas très bien abrités. 10 mn après, je relève l'ancre et je file sur Hiu,
la dernière île, mais son mouillage est encore plus ouvert et j'ai des doutes.
A 15 H, je passe près du mouillage de Picot bay sur Hiu, (13° 06' S - 166° 32
E), mais je ne m'arrête même pas et je mets le cap au 340° sur Ndende aux
Salomons à environ 160 milles.
album photos : Epi
|
Album photos : Santo
|
Album photos : Banks
|
Voilà, le chapitre des Vanuatu se termine, un autre s'ouvre.