Cap sur Wallis

Mercredi 22 août :
L'ancre se relève vers 8 H 30 et nous sortons de la passe sous grand voile à un ris vers 9 H 30. Nous laissons le volcan sur tribord et envoyons le génois. Le vent souffle S E à 15, 20 nouds et Soleja caracole déjà à plus de 7 nds par vent arrière. A 11 H nous voyons deux baleines à quelques centaines de mètres, nous distinguons très nettement les dos et les queues qui se détachent sur l'azur de l'horizon. 11 H 30 ZZZZZZZZZZZZZZZZ tout le moulinet se déroule malgré le frein serré à bloc, pour rien puisque encore une fois il s'en va sans plus de cérémonie.
16 H re-ZZZZZZZZZZZZZ,
cette fois je bloque le frein, c'est une belle bête tout de même, elle tire bien et je vais mettre près d'une heure pour la remonter. C'est un beau « waouh » de plus d'un mètre vingt. Nous pouvons renvoyer la toile et repartir vers Wallis.
Après 18 H le vent faiblit un peu et passe au S E donc au largue, j'envoie Yan à 1300 tours pour soutenir la moyenne et cela chargera les batteries. Il faut que l'on tienne les 7 nds pour arriver en milieu d'après midi à marée basse et pour mieux voir le platier de corail autour de la passe, celle-ci est également réputée difficile en dehors de l'étale de basse mer parce que déversante.


Jeudi 23 août :
La nuit se passe bien, le vent est repassé à l'arrière à 15 nds et nous avons tangoné à nouveau. Nous avons un très beau lever de soleil et le ciel nous apparaît complètement dégagé, d'un bleu intense. A 7 H Eole monte d'un cran et nous accélérons autour de 8, 9 et même des pointes à 10 nds : c'est bien ainsi, il nous reste 53 miles !
12 H 30 nous sommes à 10 miles de la passe que nous franchissons à 14 H sous un ciel brutalement assombri, la pluie ne va pas tarder. Les balises sont très difficiles à trouver dans la luminosité faiblissant sous le grain, elles sont très éloignées les unes des autres et paraissent toutes petites lorsqu'on les aperçoit enfin. Je dois naviguer au cap dans le lagon qui nous semble immense. 16 H 30 nous tournons devant le « wharf » de Mata Utu, la ville de Wallis. Impossible de mouiller dans ce secteur, la houle franchit la barrière pourtant éloignée de près de 2 miles et crée un clapot important. Je vais essayer de nous abriter derrière l'un des motu au milieu du lagon. 17 H nous trouvons enfin un petit coin et mouillons notre ancre, nous mouillons aussi, il pleut toujours.
Position : 13° 16' 70 S - 176° 09' 33 W, 225 miles parcourus.

Vendredi 24 août :
Nous ne sortons pas, il pleut quasiment toute la journée, il fait gris sombre, BRRR, c'est l'hiver, mais à 30° tout de même.

Samedi 25 août :
Fidelio arrive en fin de journée, sous la pluie et vient mouiller juste devant nous. Nous passerons la soirée ensemble.

Dimanche 26 août :
Il fait meilleur aujourd'hui, nous allons pouvoir nous promener sur le motu en face et peut être, pêcher à pied sur le platier. Sol va nous trouver des « télines » dans le banc de sable blond qui découvre à marée basse et Chantal va capturer bon nombre de belles étrilles qu'elle nous prépare dès le soir pour l'apéro.

Lundi 27 août :
Jour de sortie, donc jour de formalités ! Nous partons en compagnie de Jacques et Chantal à la recherche de la gendarmerie. Nous demandons à la première personne que nous rencontrons où se trouve cette administration. « Là ! » Nous répond-elle, « tu vois la côte ? C'est juste à gauche. »
Au pied de la côte nous trouvons la poste, puis en grimpant, un peu plus loin, la « gendarmerie nationale ». Nous sommes reçus à l'accueil par des gendarmes en « tenue outremer » : petit short bleu marine et tee-shirt bleu ciel,  derrière la banque, deux agents territoriaux compétents et souriants nous souhaitant la bienvenue à Wallis, nous demandent nos passeports. Les formalités sont effectuées en quelques minutes et nous restons Une demi heure à bavarder. Maintenant, à la douane, elle se trouve un peu plus loin sur la route principale de Mata Utu. Mêm type d'accueil, un agent s'occupe de nos livrets pendant que nous discutons de nos périples respectifs avec le directeur du département.
Ensuite, le rituel habituel, la banque : nous n'avons plus de francs pacifiques, puis le super marché.

Mardi 28 août :
Hier, nous avons vu une laverie, donc ce matin, c'est lessive obligatoire. Pendant que notre linge blanchit, nous poussons l'escapade jusqu'au sud de l'île. Le patron, (un « papalani », c'est-à-dire un blanc) nous propose aimablement de nous emmener jusqu'à la « marina » à une dizaine de Km, ce que nous acceptons immédiatement. La marina abrite une dizaine de canots à moteur, très vite nous sommes interpellés par le propriétaire des lieux qui nous annonce que ce lieu est tout à fait privé et que nous n'avons pas demandé d'autorisation pour entrer. Donc nous rebroussons chemin. Comme nous avions remercié notre chauffeur bénévole, nous poursuivons à pied vers l'extrême sud, pensant lever le pouce.  Nous marchons, marchons sous le soleil, très peu de véhicules empruntent cette voie et personne ne s'arrête. La route s'arrête sur une plage, nous sommes au terminus. Après un petit repos nous repartons en sens inverse, nous marchons une bonne heure avant qu'une voiture nous emmène. Nous voulons voir le « wharf » pétrolier de l'île pour savoir si l'on peut mouiller dans les environs.
Notre nouveau taxi nous montre les lieux puis nous conduit à la baie de Gahi, second lieu de mouillage possible. Gégé, notre chauffeur habite tout près, il nous dépose là. Trois voiliers sont au mouillage, le vent vient du large, mais à marée basse le bassin reste très calme et nous pouvons trouver une place pour Soleja : c'est décidé, demain matin, nous venons là !
Il est midi 30, nous mourons de soif. Là ! Un petit resto nous tend les bras de ses fauteuils de jardin, bien à l'ombre sur une terrasse ventilée, quel bonheur, un panaché extra frais !!! Il ne faut vraiment pas grand-chose pour nous satisfaire, n'est-ce pas ???
Notre soif étanchée, une petite faim vient poindre au creux de nos estomacs. Ca tombe bien, la jeune fille des lieux nous propose la carte, nous allons nous laisser aller. Après le café, le patron, un papalani installé avec une wallisienne vient discuter un peu. 35 ans, d'origine corse, de la région de Sartène, il s'est installé à Wallis. Comme il va faire des courses à Mata Utu, il nous propose de nous emmener, n'est pas super ???
Nous passons récupérer notre lessive. Le patron nous propose de nous raccompagner jusqu'au wharf. Nous ne savons pas refuser de telles propositions. Vers 16 H nous sommes de retour à bord de Soleja, fourbus.

Mercredi 29 août :
A mi matinée, nous levons l'ancre et partons vers la baie de Gahi. La marée basse découvres les platiers et les couleurs du lagon sont tout simplement merveilleuses. Nous suivons le balisage et bientôt nous voilà mouillés en baie de Gahi. Quel calme, rien ne bouge.
Position : 13° 20' 23 S - 176° 11' 15 W.

Jeudi 30 août :
Fidelio vient nous rejoindre et jette son ancre à deux pas devant Soleja. Evidemment nous allons passer pas mal de temps ensemble et le soir, nous prenons le repas alternativement à bord de Soleja et  à bord de Fidelio. D'origine lyonnaise, Jacques cuisine tel un cordon bleu.

Vendredi 31 août :
Ce matin nous partons visiter la côte nord et ses belles plages de sable blanc. Sitôt sur la route, nous levons le pouce à la première voiture. Un couple de personnes âgées nous ramasse, nous demande où l'on va.  Eux vont faire des courses à Mata Utu, mais au bout de trois minutes, ils nous annoncent qu'ils veulent bien nous déposer tout près de notre destination. Ceci rallonge leur route d'au moins 10 Km : c'est l'accueil à la wallisienne ! Les gens s'arrêtent vous demandent votre destination et vous y emmènent.
Ce couple va nous laisser près d'une église, ici, il y en a dans chaque hameau et elles sont monumentales. Toutes sont noires construites en pierres de lave avec les joints peints en blanc. La plus part s'apparentent à des forteresses et l'une d'elles tente d'imiter, grossièrement la tour de Pise.
Nous poursuivons vers la côte nord, un journaliste de RFO nous y conduit. Quel calme règne ici, il n'y a personne, nous trouvons des pêcheurs à l'épervier et nous bavardons un instant avec l'un d'eux. Deux de ses enfants travaillent en métropole, lui y est allé une seule fois. -«  Il y a trop de monde, il faut faire attention tout le temps, pour traverser. »
C'est un village de « falés », avec quelques maisons en dur qui se déroule tout au long du rivage de la plage. (Falé : maison traditionnelle faite de 6 à 10 piliers quelques fois sans murs extérieurs et recouverte de feuilles de pandanus). Chaque maison possède son petit falé de jour en bordure de l'eau, pour se rafraîchir et avoir plus d'air.
Nous allons marcher près d'une heure et nous rencontrerons seulement 2 voitures, puis nous repartons vers l'aéroport. Celui-ci est absolument désert, tout est fermé, il n'y a pas d'avion en ce moment.
Au retour, Jacques et Chantal nous annoncent qu'ils ont décidé de partir. Ils vont passer la fin de semaine au du motu Faïoa pour être plus près de la passe. Si l'on les accompagne, ils nous préparent une épaule d'agneau roulée sauce financière pour demain soir... Comment refuser une pareille invitation ???

Samedi 1er septembre :
A marée basse nous levons l'ancre pour le motu Faïoa. Quelle merveille de traverser le lagon sous un beau soleil et à basse mer ! Le platier se colore de vert tendre, tandis que les veines d'eau plus profonde se noient dans le marine.
Nous sommes contraints de rester à bonne distance du rivage, les patates de coraux abondent dans le secteur et les fonds remontent vite. Le lieu vaut le déplacement, une plage de sable fin borde le motu côté lagon tandis que l'autre face, rocheuse donne directement sur la barrière et l'océan. Nous allons passer une très bonne fin de semaine à nous promener autour du motu, à nager avec palmes et tuba autour des cheminées de coraux.
Position : 13° 22' 79 S - 178°10' 58 W ;

Lundi 3 septembre :
Fidélio s'en va en direction de Futuna et nous, dans l'après midi, nous retournons en baie de Gahi. Nous sommes trois voiliers, les trois qui étions là toute la semaine.

Mardi 4 septembre :
Dans la matinée, nous voyons arriver « Bidule » skippé en solo par Bernard. Il arrive directement de Suvarow où nous l'avions déjà rencontré. Il a barré tout le temps, il n'a pas pu réparer son pilote automatique. Par contre, lui a pu contacter
Michel Soula, la grande oreille de Wallis. Prof de math, jeune retraité, Michel est à l'écoute de tout ce qui se dit sur les ondes marines du secteur. Il écoute en permanence les canaux 9 et 16 de la VHF, il écoute aussi la BLU et converse aussi avec grand nombre de navigateurs non seulement autour de Wallis, mais dans tout le Pacifique par la BLU.
Michel arrive sur la grève, je me précipite en même temps que Bernard, nous sommes tous deux très heureux de rencontrer Michel. Très vite il nous propose de nous emmener à Mata Utu, lui va faire des courses. Non seulement, Michel écoute, conseille, mais en plus il véhicule les navigateurs, qui à la gendarmerie ou la douane, qui recharger les bouteilles de gaz, qui encore à l'aéroport. Michel est véritablement notre providence à Wallis, il nous facilite
grandement la vie.
Un grand REMERCIEMENT MICHEL ! Au nom de tous les « voileux » !!! Je te décerne la médaille du grand NEPTUNE !
Soleja est un Neptune 135, le + grand de la gamme.

Mercredi 5, jeudi 6, vendredi 7 septembre :
Nous allons poursuivre nos visites, profiter au maximum du lagon et rencontrer des wallisiens et wallisiennes, autochtones ou papalanis. Tous nous montrent un grand dévouement pour nous être utile, que ce soit pour des renseignements ou pour nos déplacements, tous se mettent en 4 pour nous satisfaire.
Le soir, pour marquer le départ de Sol, nous avons décidé d'aller au resto de la baie : « Nulle Part Ailleurs ». Bernard va être des nôtres pour déguster les  langoustes wallisiennes. A la fin du repas nous faisons connaissance d'un couple de papalani : Isabelle et Christian, nous discutons un grand moment et avant de nous séparer, ils nous invitent pour l'apéro du lendemain.

Samedi 8 septembre :
Ce jour est à marquer d'une pierre blanche : Solange me quitte une nouvelle fois !!!
Trois mois déjà que nous naviguons en tandem. Comme le temps passe vite braves gens lorsque tout baigne !!!
Devinez qui vient nous chercher sur la grève pour nous véhiculer à l'aéroport ???  MICHEL bien sur !
Ceux qui ont trouvé gagnent un séjour de durée indéterminée à bord de Soleja ! Etant donnée votre perspicacité, il va falloir organiser un planning serré.
Bernard nous accompagne, il veut voir l'aéroport de Wallis et saluer Solange avant son départ. Aujourd'hui, l'aéroport fourmille, on se croirait dans le métro aux heures de pointe. C'est l'arrivée d'équipes des jeux du Pacifique des Samoa, toutes les personnalités de Wallis sont présentes : Préfet, chefs de village, familles. Une arrivée est toujours un événement, mais encore plus aujourd'hui : l'arrivée des athlètes et ., le départ de SOL.
Nous rencontrons plusieurs que nous avons connus durant ces 15 jours. Le départ est prévu à 17 H mai il faut enregistrer à 15 H. Il nous reste donc une bonne heure à attendre.
Vers 16 H sol embarque., Byyyyyyyyyeeeeeeeeeeee!!! BBBByyyyyyyyyyyeeeeeeee !!!!!!!!!!!!!!! Soooolllll !!!!
Michel nous a attendu, il nous rentre à Gahi.
Sur le rivage, nous rencontrons Catherine, (médecin du dispensaire) et Jean Claude (anesthésiste à l'hôpital). Ils sont arrivés la semaine dernière en pleine nuit avec leur voilier, à 4 H du matin, Catherine prenait son service à 8 H !!! Nous faisons connaissance et ., ils nous invitent à prendre l'apéro., ce sera pour demain, ce soir nous sommes déjà pris., « sorry ».
Nous avons juste le temps de passer à nos bords respectifs et Christian nous appelle à la VHF ! Nous voilà repartis pour les nouvelles aventures de la soirée. Nous faisons connaissance de Gégé et son épouse, de Rehan qui possède un voilier dans le lagon, de Toufik, Yvan,.
Soirée mémorable s'il en est, nous sommes de retour vers 3 H 30.

Dimanche 9 septembre :
Je passe une bonne partie de la journée en compagnie de Bernard, nous sommes à bord de Soleja lorsque Christian et Isabelle nous appellent de la berge, je saute dans l'annexe pour aller les chercher. Nous discutons  de la vie à Wallis et beaucoup de voile, eux même ont un voilier en charter aux Seychelles, ils veulent partir à la Réunion après Wallis . Vers 16 H, c'est Gabriel et Claude qui nous « VHFent ». Soleja devient pour quelques heures le dernier cockpit où l'on cause jusqu'à la nuit à Wallis. Nous sommes 6 à bord, heureusement j'ai un stock de bières au frais.
Nous passons une très agréable soirée chez Catherine et Jean Claude, dans leur villa sur le promontoire dominant la baie de Gahi. Depuis leur terrasse, ils ont la vue sur le lagon et la baie de Gahi, ils voient leur voilier et ses voisins : Bidule et Soleja. Nous discutons beaucoup voile et Bretagne, tout comme Bernard ils sont bretons et ont acheté une maison sur l'entrée du port d'Audierne, juste avant de s'expatrier.

Lundi 10 septembre :
Ce matin, Claude vient me chercher, je dois absolument faire recharger mes 2 bouteilles de butane, elles sont vides toutes les 2. Claude m'a proposé de me conduire, cela ne prend pas longtemps. Le Directeur du central pétrolier set absolument charmant, il m'accueille dans son bureau et discutons un instant pendant que le remplissage s'effectue.
Comme je viens de la part de MICHEL, il ne me fera pas payer les recharges, j'en reste pantois. Que dire sinon remercier. Ensuite Claude me conduit à Internet, puis faire mes dernières courses. L'après midi, j'ai la visite du fils de Jean Claude et Claude et de son amie, ils me font visiter leur voilier et montent à bord de  Soleja pour le visiter. Ils veulent partir en Nelle Calédonie pour travailler et s'installer, lui est moniteur de voile et elle travaille dans la restauration et l'hôtellerie.
Mes dernières journées à Wallis auront été bien chargées, demain je pars vers Futuna, en solo.

 

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